[Compétition Officielle]

Enea affproDe quoi ça parle ?

D’Enea (Pietro Castelitto) et ses proches. Ses parents, son frère cadet, qui a quelques problèmes à l’école, son meilleur ami, Valentino, pilote d’avion, et Eva une jolie fille qu’Enea imagine bien être la femme de sa vie.
Et, en parallèle, d’un trafic de drogue qui tourne mal et de règlements de comptes entre truands.

Pourquoi on est énearvés?

Après avoir vu le nouveau film de Pietro Castelitto, on en vient à la conclusion que :

1) Il faut absolument que les cinéastes italiens arrêtent de verser dans le mélodrame populaire. Le genre est déjà risqué par essence. Il est facile de tomber dans le pathos, l’emphase. Alors, si on y ajoute une foule de personnages caricaturaux, héritiers de la comedia dell’arte, et joué par des acteurs qui ont spontanément tendance à forcer le trait, et des chansons populaires avec le son à fond les ballons, on bascule vite vers une œuvre très indigeste. Basta cosi!

2) Il faut en finir aussi avec les histoires de truands et de destinées violentes, ultra-prévisibles et trop classiques. Au rythme où tombent les truands dans les films italiens chaque année, on se demande comment l’espèce peut ne pas être en voie d’extinction… Basta!

3) Si vraiment c’est une tradition locale, alors mieux vaut assumer et suivre sagement les sentiers balisés que d’essayer de faire quelque chose de décalé. Cela peut s’avérer contre-productif…

4) Surtout, il ne faut jamais, non jamais, essayer de rendre originale une banale histoire de truands en mixant thriller et mélodrame à l’italienne.  VIETATO.

Avec un titre pareil, on pouvait s’attendre à une sorte de variation moderne autour de l’Enéide. Mais non, la seule idée, c’est de réaliser un film de gangsters sans trop montrer les gangsters, avec juste un ou deux éclats de violence qui viennent briser le ronronnement de cette tragi-comédie familiale. Ces scènes-là sont plutôt bien fichues, mais globalement, le mélange de genres ne fonctionne pas du tout. On peine à saisir les enjeux ou à s’attacher aux personnages. On s’ennuie ferme et la mise en scène ne parvient jamais à nous faire décoller, à l’inverse des personnages dans la scène finale, parfaitement grotesque.

Contrepoints critiques

”Un peu ce qui ne va pas dans le cinema italien : ça part dans tous les sens tout en balbutiant son petit Sorrentino illustré, avec un zeste de pseudo poésie. Longuet, désincarné et assez vain”
(Michael Ghennam – @TheLostMIG sur X)

Enea, è di quei film che tra qualche anno diventeranno di culto. Lo sbriciolamento di ogni forma narrativa e stilistica certa e riconoscibile è servita.”
(“Enea fait partie de ces films qui, dans quelques années deviendront cultes. L’effondrement de toute forme narrative reconnaissable et identifiable est servie.”)
(Davide Turrini – ll fatto quotidiano)

REVIEW OVERVIEW
Note :
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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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