Ulrick, un quinquagénaire fatigué, sort de prison où il semble avoir passé de longues années. Il n’aspire aujourd’hui qu’à prendre un nouveau départ, trouver un travail honnête et, pourquoi pas, se trouver une gentille fille pour lui tenir compagnie. Mais ce n’est pas si simple…
Comment se réinsérer à cinquante ans, quand on n’a jamais vraiment travaillé et que l’on a passé l’essentiel de sa vie enfermé ? Sur qui s’appuyer pour prendre un nouveau départ?
Dès lors qu’il met les pieds hors du centre pénitentiaire, Ulrick se retrouve livré à lui-même. Il ne connaît personne d’autre que son ex-femme, qui le déteste et ne veut plus le voir, son fils, qui fait comme s’il était mort, et son ex-patron, un petit caïd local. Il se tourne donc naturellement vers lui pour l’aider à reprendre pied dans la “vraie vie”, trouver un job et un logement…
Mais évidemment, le mafieux exige, en retour, un petit service. Pour le principe, il exige qu’Ulrick se venge de celui qui l’a dénoncé et envoyé en prison… C’est le début du casse-tête pour Ulrick, qui aimerait être un “chic type” et n’a donc pas envie de retomber dans cet univers de violence et de sang…
L’histoire du criminel repenti rattrapé par son passé et contraint de s’engager malgré lui sur un dernier coup est une trame classique de polar bien noir et désespéré. Mais voilà, le cinéaste norvégien Hans Petter Molland et son acteur-fétiche Stellan Skarsgard ont eu envie de quelque chose de plus léger après deux collaborations précédentes ayant donné naissance à des films sombres et déprimants, Zero Kelvin et Aberdeen.
Par défi, les deux complices ont eu envie de prouver qu’ils pouvaient aussi briller dans le registre de la comédie et ont donc signé Un chic type, farce qui vient du froid…
Bien sûr, le fond reste assez sordide quand même. L’humour du film se pare de reflets anthracites au contact de la grisaille des décors – bar miteux, garage crasseux, bicoque défraîchie… – du climat glacial/humide de Norvège et d’un univers glauquissime aux horizons bouchés.
Ulrick quitte sa cellule pour vivre dans une piaule tout aussi exigüe et probablement bien moins propre. Et en prison, au moins, il n’avait pas à subir la compagnie de sa geôlière, pardon, de sa logeuse, une femme frustrée et aigrie, qui n’attendait qu’un peu de compagnie masculine et exige quotidiennement un peu de contact physique en échange du gite et du couvert…
Mais c’est justement cela qui est très drôle : les assauts de la dame, au physique d’haltérophile bulgare, sur le pauvre ex-taulard sont de grands moments d’horreur – anti-érotiques au possibles, et agitent du même coup nos zygomatiques.
Même effet avec les monologues philosophiques de l’employeur d’Ulrick – un garagiste colérique – ou la visite du mafieux chez un trafiquant d’armes frappadingue et flanqué d’un homme de nain main… pardon, d’un homme de main nain…
On pense souvent à l’univers d’Aki Kaurismäki. Mêmes personnages paumés et marginaux, mêmes lieux crasseux, mêmes messages sociaux sous-jacents… Mais Hans Petter Molland n’est pas aussi subtil, pas aussi habile techniquement que son génial homologue finlandais. Son film ne possède pas l’ampleur poético-comique des chefs d’oeuvres de Kaurismäki et se contente d’ambitions aussi modestes que celles de son héros : exister tranquillement, sans faire trop de vagues…
Un chic type n’est rien d’autre qu’une petite comédie sympathique offrant à Stellan Skarsgard l’occasion de briller dans un rôle à multiples facettes, tant dramatiques que comiques. Ce n’est déjà pas si mal, d’autant que le public français pourra se laisser séduire par cet humour nordique auquel il n’est pas habitué…
Pas convaincus ??? Attendez, je vais vous envoyer notre copine haltérophile bulgare pour vous convaincre. Vous ferez moins les malins…
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Un chic type
En Ganske Snill Mann
Réalisateur : Hans Petter Molland
Avec : Stellan Skarsgard, Bjorn Floberg, Gard B. Eidsvold, Jorunn Kjellsby, Jannike Kruse
Origine : Norvège
Genre : l’instant norvégien
Durée : 1h48
Date de sortie France : 02/02/2011
Note pour ce film : ●●●●○○
contrepoint critique chez : Studio Ciné Live
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