En 2003, Dennis Lehane connaissait un beau succès en libraire avec « Shutter Island » (1), un thriller assez étrange.
Personnages tourmentés, atmosphère oppressante, tension permanente et surtout, rebondissements efficaces… : le roman avait de quoi donner un très bon film noir, et a suscité pas mal de convoitise chez les producteurs hollywoodiens…
Ce sont finalement les studios Paramount qui ont décroché le gros lot. Après plusieurs tentatives avortées, ils ont confié le travail à Martin Scorsese, qui nous propose aujourd’hui sa version de Shutter Island, assez fidèle à l’intrigue imaginée par Lehane, et surtout à l’esprit du texte original.
Le récit débute comme un vieux polar des années 1950 : Le marshal Teddy Daniels (Leonardo DiCaprio) et son coéquipier Chuck Aule (Mark Ruffalo) sont envoyés sur Shutter Island, une île qui abrite un asile psychiatrique de haute sécurité, réservé à des psychopathes violents et aux auteurs de crime atroces, afin d’enquêter sur la disparition mystérieuse d’une des patientes, Rachel Solando.
Celle-ci s’est littéralement volatilisée de sa cellule, pourtant fermée à clé et bien gardée et a laissé pour seul indice une note énigmatique.
Rapidement, les deux détectives se heurtent au personnel de l’hôpital, dont le médecin-chef, le Dr. Cawley (Ben Kingsley), qui semble cacher d’obscurs secrets. L’enquête s’annonce donc compliquée…
Mais elle est de toute façon très secondaire pour Daniels, qui s’est servi de ce prétexte pour entrer dans les lieux et régler ses comptes avec un autre des détenus de l’établissement, Franck Laeddis, qui a assassiné sa femme Dolorès deux ans auparavant…
L’intrigue oscille entre l’énigme policière à proprement parler – qu’est-il arrivé à Rachel Solando ? – et le drame psychologique très noir, qui tient dans le passé douloureux de Daniels, marqué par la mort de sa femme, mais aussi par les horreurs qu’il a vues à la guerre, lors de la libération du camp de Dachau.
Mais plus le récit progresse, plus il se teinte de fantastique. Alors qu’à l’extérieur de l’asile, une tempête fait rage, le mental du détective est lui aussi soumis à rude épreuve. Il fait des cauchemars horribles, entremêlant passé et présent. Il est confronté à des événements étranges et surtout, à des apparitions fantomatiques de plus en plus fréquentes.
Manifestations surnaturelles ? Ancrage du récit dans un univers parallèle – aux portes de l’Enfer, par exemple ? Ou alors, de façon plus rationnelle, hallucinations dues au stress auquel il est soumis, de plus en plus intense à mesure que se referme sur lui la machination diabolique dont il semble être l’objet ?
Le film joue de ce trouble constant entre fantastique et réalité, comme dans les œuvres qui ont influencé aussi bien Lehane que Scorsese, tous deux cinéphiles avertis : Shock Corridor de Samuel Fuller, Laura d’Otto Preminger, La griffe du passé de Jacques Tourneur,…
Quelle que soit la façon d’appréhender cette histoire, l’important est qu’elle chemine vers la révélation d’une vérité bien plus complexe que prévue, et un dénouement renversant.
Evidemment, ceux qui ont lu le roman de Dennis Lehane connaissent déjà les multiples « twists » de l’intrigue, et ne bénéficieront donc pas de l’effet de surprise. Mais ils pourront alors mieux se focaliser sur la mise en scène de Martin Scorsese, qui s’est ingénié à laisser un peu partout des indices visuels aidant à anticiper la résolution de l’énigme…
Cela commence dès la première scène du film : Le marshal Daniels, atteint de mal de mer dans l’embarcation qui l’emmène à Shutter island, contemple son reflet dans un miroir. Un reflet pas bien en forme… De fait, à partir de ce moment, le personnage – et le spectateur dans son sillage – pénètre de l’autre côté du miroir (2), dans un univers profondément malade.
Il y a déjà le décor, cette île coupée du monde, bordée de falaises dangereuses, cernée par la brume et sous la menace d’une violente tempête. Une nature sauvage, menaçante, à laquelle il est difficile, voire impossible d’échapper…
Et les bâtiments eux-mêmes ne sont guère plus accueillants. Passe encore pour les deux ailes principales de l’asile, où se situent les confortables bureaux des médecins, et des cellules encore assez lumineuses. Mais le bâtiment où sont gardés les détenus les plus dangereux, lui, file carrément les jetons : escaliers étroits en colimaçon, éclairage rare, cellules sordides et crasseuses… Et que dire de ce phare qui cristallise tous les fantasmes, toutes les craintes, qui abriterait Dieu sait quelles sortes d’expériences barbares…
Il règne en ces lieux une ambiance malsaine, aussi folle que les pensionnaires des lieux, également assez flippants, avec leur caractère imprévisible et leur allure fantomatique.
Une folie contagieuse, qui gagne rapidement le jeu de Leonardo DiCaprio, fiévreux, hagard et tourmenté, et la réalisation de Martin Scorsese.
Faux raccords étranges, cadrages approximatifs, mouvements de caméra bizarres… Non, le cinéaste new-yorkais n’a pas subitement perdu son sens de l’esthétique cinématographique et de la mise en scène. Ces dérapages sont volontaires et contrôlés. Ils donnent un côté irréel, quasi-onirique, à l’ensemble de l’œuvre, participent au mystère et forcent le spectateur à réagir face à certains détails incongrus. Par exemple, un verre d’eau qui disparaît au moment où une patiente est en train de boire, pour réapparaître la seconde d’après ; la fumée qui donne l’impression de rentrer dans la cigarette…
Cinématogaffes (3) ? Sorcellerie ? Ou façon de troubler le spectateur, de le forcer à s’interroger sur la réalité de ce qu’il est en train de voir, tout comme le personnage principal ? On serait fortement tentés par la dernière option…
La mise en scène de Scorsese se pare également d’accents très hitchcockiens. Certaines scènes évoquent le très psychanalytique La Maison du Dr Edwardes, et la séquence dans le phare rappelle évidemment Sueurs froides. D’ailleurs les thèmes du double et de la dualité sont omniprésents. Il y a les effets de miroir, donc, ou cette façon étrange de cadrer Daniels et Aule, presque deux jumeaux, ou cette manière récurrente de jouer sur les clivages, les divisions…
Shutter island est un film d’oppositions, qui se traduit par l’affrontement de deux éléments : le feu et l’eau.
Le premier se retrouve dans le drame personnel de Teddy Daniels, dont la femme a péri dans un incendie criminel, mais aussi dans la brûlure provoquée par les balles dont sont victimes tous les soldats nazis à la libération de Dachau – traumatisme de guerre de Daniels -, dans les allumettes craquées par Laeddis ou par le marshal, dans les cigarettes fumées par les personnages, dans la voiture en feu pour faire diversion, etc… On peut également dire que le désir de vengeance et/ou la quête de vérité de Daniels le consument littéralement et ce n’est pas un hasard si, dans une des scènes-clé du film, les visages des protagonistes semblent entourés de flammes…
La seconde entoure évidemment l’île, mais se manifeste aussi par la tempête qui s’abat sur le pénitencier, par une fuite au-dessus du lit de Daniels, par la neige qui entoure le camp de Dachau…
Les deux éléments, antagonistes, ne cessent de se télescoper, symboliques de l’opposition entre le détective et les maîtres de l’île, mais aussi du conflit intérieur du personnage principal, aux motivations assez troubles, du clivage réalité/irréalité ou, puisque l’on est dans un asile psychiatrique, de l’opposition entre conscience et inconscient…
Chaque petit détail a son importance dans la mise en scène magistrale orchestrée par Scorsese. Mais cette surabondance de symboles et d’étrangetés formelles est à double tranchant. Certains spectateurs aguerris ou particulièrement perspicaces risquent de deviner un peu trop vite, et ce, sans avoir lu le livre, les tenants et les aboutissants de l’intrigue et trouveront la fin un peu longuette.
Elle constitue, hélas, le point faible de l’œuvre.
Scorsese s’empêtre en effet dans un dénouement bêtement démonstratif, surlignant inutilement tout ce qui avait été finement effleuré par petites touches successives et de subtils indices visuels.
Dommage qu’il n’ait pas su – ou pas voulu – conserver une partie de mystère et d’ambiguïté à ce final trop appuyé. Le film aurait alors frôlé l’excellence.
Cela dit, cette dernière partie un peu plus faiblarde ne doit pas faire oublier tout ce qu’il y a eu avant, dont quelques scènes absolument magnifiques.
Citons notamment l’arrivée sur l’île, assez irréelle, avec ce bateau qui semble fendre la brume. Ou toute la partie située dans la zone des prisonniers dangereux, moment de tension intense.
Mais ce sont avant tout les passages oniriques – flashbacks et cauchemars – qui marqueront les esprits. Comme ces scènes dans le camp de concentration, poignantes, funèbres. Ou cette séquence somptueuse où la caméra tourne autour de Daniels et son épouse sous une pluie de cendres, jusqu’à ce que la jeune femme se consume intégralement, ne devenant plus qu’un tas de cendres incandescentes dans les bras du marshal fou de chagrin. Magnifique…
Et puis, l’intrigue ne sert pas uniquement de terrain de jeu audiovisuel à Scorsese. Elle donne aussi au cinéaste l’occasion de revisiter quelques grands thèmes de son œuvre : la quête de sa propre identité, la vengeance, la culpabilité et la rédemption, le combat du bien et du mal, le poids du passé, le sacrifice christique…
Foisonnant, riche, complexe, le film offre plusieurs pistes d’analyse et supportera probablement plusieurs visions, même une fois l’énigme policière éventée.
Shutter island est, c’est suffisamment rare pour être souligné – une adaptation littéraire réussie, qui tient la gageure de respecter le matériau original tout en le complexifiant par une mise en scène magistrale et l’exploration de thématiques qui s’inscrivent tout naturellement dans l’œuvre de Martin Scorsese.
Que le spectateur ait lu ou non le roman initial importe finalement assez peu, la construction de l’atmosphère du film étant au moins aussi importante que l’intrigue à proprement parler.
Il est juste regrettable que l’on quitte Shutter island avec une pointe de déception, ce final trop appuyé, nivellement par le bas du genre « la solution de l’énigme pour les nuls ». Le pire, c’est que, même avec cette explication clé en main, il n’est pas certain que les esprits les moins affûtés comprennent quoi que ce soit aux intentions du réalisateur…
(2) : Cette notion de traversée du miroir peut paraître audacieuse, mais elle trouve une résonnance dans un autre film de Scorsese, Alice n’habite plus ici, qui évoquait vaguement le personnage créé par Lewis Carroll dans son « Alice au pays des merveilles ». Et dans un film d’Ingmar Bergman, A travers le miroir, qui partage avec Shutter island la présence de Max Von Sydow au générique, et dont le scénario présente quelques arguments similaires – une île, une folie…
(3) : du nom d’un ouvrage de Bill Givens dédié aux anachronismes cinématographiques et aux erreurs de montage…
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Réalisateur : Martin Scorsese
Avec : Leonardo DiCaprio, Mark Ruffalo, Ben Kingsley, Max Von Sydow, Michelle Williams, Emily Mortimer
Origine : Etats-Unis
Genre : thriller noir psychanalytique
Durée : 2h17
Date de sortie France : 24/02/2010
Note pour ce film : ●●●●●○
contrepoint critique chez : Critikat
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L’argument selon lequel la mise en scène ne serait que la traduction de la folie du personnage principal me semble un peu facile. Dès lors, tout est excusé et on retrouve un peu l’argument de la vraie-fausse mère tueuse d’enfants dans la cave à propos des expériences faites sur des fous.
Les flashbacks ont bien marqué mon esprit, mais alors pas du tout positivement je dois dire. Non vraiment, rien que ces scènes de Dachau, c’est d’une lourdeur qui fait plus que froler le ridicule, je trouve. D’autant que la scène revient souvent, que sa fille est ajoutée aux cadavres. C’est vraiment trop…
Je reste sceptique sur Shutter Island, mais j’ai consience — et ça me désole bien — d’être passé à côté de quelque chose.
Ah et la fin garde effectivement beaucoup de mystère pour le public, si j’en crois les requêtes Google du moment… 😉 http://twitpic.com/15xgqz
Je comprends que tu puisses trouver la mise en scène un peu lourde, mais elle n’en est pas moins totalement maîtrisée.
Le cinéaste a fait des choix narratifs conforme à ses deux ambitions : rendre hommage aux vieux films des années 1950, dont les effets étaient eux aussi appuyés et paraissent parfois ringards aux spectateurs d’aujourd’hui, et restituer non pas la démence d’un personnage, mais de faire un film fou sur la folie, saturé d’images et de sons.
Le fait qu’il insiste lourdement sur le camp de concentration et la mort de l’officier nazi ne m’a pas perturbé plus que cela.
Cela fait écho à l’enquête de Daniels, qui le conduit à penser que les mystères de l’île pourraient être liés à des expérimentations menées par des ex-nazis. Et cela permet aussi à Scorsese de traiter son propre sujet, celui qu’il a greffé au roman de Lehane : qu’est-ce qu’un monstre? Quelle est la part de responsabilité d’un individu impliqué malgré lui dans des atrocités? La réplique finale, qui n’était pas, si ma mémoire est bonne, dans le bouquin, est la clé du film…
Je pense que le film gagne à être revu, pour bien apprécier les sabotages que Scorsese a effectués sur sa propre mise en scène et réinterpréter l’ensemble d’un point de vue beaucoup plus psychanalytique. Surtout dans ton cas, où, si j’ai bien compris, tu t’es laissé happer par l’intrigue et n’a pas pressenti le rebondissement final (quelle chance!). Connaissant déjà le dénouement, tu peux commencer à t’intéresser aux détails, qui laissent entrevoir la richesse de l’oeuvre.
Pour moi, Scorsese a un peu mis de côté l’intrigue pour se focaliser sur la forme de son film, plus audacieuse qu’elle n’y paraît. Après, on adhère ou pas. Question de goût ou de point de vue… Mais il y a indéniablement un gros travail derrière cette adaptation.
Donc, personnellement, je fais la distinction entre les flashbacks, qui servent à accentuer la confusion du spectateur et à montrer peu à peu la fragilité du personnage principal, même si, je te le concède, la répétition des scènes à Dachau était sans doute inutile, et la fin du film, qui pour le coup est lourdement explicative.
Alors s’il y en a qui n’ont toujours rien compris, c’est à désespérer… Et ça n’augure rien de bon pour de futurs thrillers tortueux façon Hollywood…
Salut Boustoune,
Je n’avais pas pu aller jusqu’au bout de la lecture du roman de Lehane, que j’avais trouvé déstabilisant et malsain (un peu comme chez Elroy ou Peace, quand le lecteur est perdu sans pouvoir s’identifier à un des protagonistes). Mais j’irai voir le film.
A noter un article passionnant récemment dans le Monde qui détaillait le travail d’acteur de Di Caprio et sa relation avec Scorsese (et Jack Nicholson dans les Affranchis !). Un des plus grands acteurs de cinéma et à mon avis ce n’est que le début.
K.
@ K de Moscou : Merci pour ta contribution. L’article dont tu parles doit être celui disponible ici
Sinon, le film est assez fidèle au bouquin. Donc, le côté « malsain » est aussi très présent… A toi de voir…
Bonsoir .
Ce film m’a beacoup intrigué , et je n’arrive pas à me retirer de la tête que Leonardo a vraiment été marshall et qu’il est devenu fou a cause des saloperies que le personnel de l’île lui a donner .
Sur cette fin assez suggérée ( à mon goût ) , qu’est ce qu’il en a vraiment été ? Manipulation ou simple véritée ?
Merci de vos réponses 😉
Bonsoir,
Le film – et le roman – jouent sur l’ambiance étouffante et génératrice de paranoïa règnant dans l’asile. Tout est fait pour que le spectateur/lecteur ne comprenne pas ce qui se passe jusqu’à l’explication finale, qui moi me semble assez claire (trop même) mais qu’apparemment beaucoup n’ont pas comprise.
Pas sûr que le personnage ait réellement été marshall. Mais peu importe… Ce qui est clair, en revanche, c’est qu’il s’appelle Andrew Laeddis , qu’il a tué sa femme par balle après que prise d’un coup de folie dépressive, elle ait noyé leurs trois enfants dans le lac près de leur maison… Ceci l’a rendu fou et il a été interné sur Shutter Island. Là, pour supporter la réalité, il s’est inventé une réalité alternative où il est (toujours) marshall mais s’appelle maintenant Edward Daniels (anagramme de son nom) et est sur l’île pour enquêter sur la disparition mystérieuse de Rachel Solando (anagramme de Dolorès Chanal, la femme qu’il a assassiné). La disparition de la femme est imposible et pour cause, elle n’existe pas ou plus. Laeddis est externalisé et représenté par un personnage hideux, monstrueux, détestable.
Le film, c’est la lutte entre la conscience et l’inconscient. Le cerveau de Laeddis/Daniels tente à la fois de construire et de détruire l’illusion. C’et pour cela que le film se déroule en pleine tourmente : il y a tempête sous un crâne et la fiction prend l’eau de toute part…
Le patient 67 s’enferme tellement dans cette logique alternative et cette quête absurde d’une vérité impossible qu’il devient dangereux pour les autres et pour lui-même.
Les médecins acceptent alors de tenter une expérience grandeur nature, un jeu de rôle poussé à son paroxysme. Une ultime tentative de guérison avant la lobotomie. Ils laissent Laeddis aller au bout de son fantasme. Son psychiatre lui sert même de partenaire. L’enquête, l’amène à découvrir la vérité sur lui-même : il est Laeddis, il a perdu ses trois enfants, il a tué sa femme…
Mais à la fin, il semble repartir dans son délire parano et on l’emmène se faire lobotomiser…
Là, deux interprétations sont possibles :
1) il a ressombré dans la folie et son cas est sans espoir…
2) il est guéri, mais fait semblant de retomber dans la folie pour pouvoir être lobotomisé. Comme il dit, il préfère mourir en homme que vivre en tant que monstre. Il veut oublier le passé et le traitement de choc est le meilleur moyen d’y parvenir… (c’est vers cette seconde analyse que je penche)
Maintenant, la thèse du complot de médecins est soutenue mordicus par de nombreux spectateur, qui ont essayé de recoller les morceaux du puzzle sous cet angle. Pas sûr que ça tienne la route, mais bon…
Je vous renvoie sur le site de mes amis de Une semaine un chapitre qui se sont apparemment creusé la cervelle pour expliquer le film…
Mais pour moi, il est clair dès le début que le personnage de Leonardo di Caprio est fou et que l’enquête, émallée de détails étranges, d’onirisme, de symboles, n’est qu’un leurre…
Si des choses ne sont pas claires, une deuxième vision s’impose peut-être… Surtout que la psychanalyse n’est pas chose aisée…
Cordialement
Bonjour,
Je me suis beaucoup intéréssé à ce film et ses critiques car pour moi c’est vraiment Le chef d’oeuvre!
J’ai beaucoup entendu dire aussi que le héro était rééllement un marshal!
Au risque d’en décevoir plus d’un le héro du film est bien interné à l’hôpital en voici pour preuve un extrait des explications données par le réalisateur lui même:
http://masoireedvd.over-blog.com/article-shutter-island-53037517.html
Je pense que c’est bien ce qui faut comprendre avec les détails.
En tout cas Scorsese est un grand réalisateur, quel sens du détails, car ne vous y trompez pas à mon avis les quelques anomalies visuelles (tel qu’un verre vide, un verre plein, un pansements qui bouge etc…) ne sont pas des défauts, rien est laissé au hazard c’est pour amenner notre contribution au film, pour nous embarquer, nous spectateur, dans le cerveau de ce Marshall bien particulier…
Shutter island est un chef d’oeuvre.
Merci pour ce bon article.
Juste pour répondre à Pascal, le héros était bien autrefois un Marshal avant de s’être fait interné deux ans auparavant sur Shutter Island. Ses deux psychiatres évoquent la chose dans la scène présente dans le phare et lorsqu’il revoit ce qui c’est réellement passé, il entre dans sa maison en évoquant une arrestation je crois qu’il aurait effectué. Merci pour ton lien est super interessant aussi
moi et désolée pour le commentaire j ais rien compris ,,il est malade ou ils veulent le tomber malade??
@ Mohamed :
Pour résumer, disons que les deux options sont possibles.
Soit tu considères que le personnage de DiCaprio est fou, paranoïaque et à ce moment-là tout le film correspond à sa vision déformée de la réalité, un fantasme qu’il se construit pour refuser d’accepter le drame qu’il a vécu (sa femme a noyé leurs enfants).
Soit tu considères que les médecins de l’île pratiquent réellement des expériences sur les patients et essaient de le faire passer pour fou.
Personnellement, je trouve la première interprétation plus cohérente, mais tout le monde n’est pas de cet avis…
Tu as le choix !
A ariden , (je post un peu ntard dsl)oui en effet j’avais bien compris qu’il avait bien été marchal quand même avant et je crois qu’il le dise aussi dans le lien que j’ai mis je ne sais plus il me semble que oui
A mohamed boustone
Je sais pas siv ous avez suivi mon lien ‘sur masoireedvd.over-blog.com) à la fin du texte il y a les explications de Martin Scoreses) et donc en resumé, c’est un ancien marsahll qui est devenu fou car sa femme (elle même déséquilibrée) a tué leurs enfants (pour plus de détails lisez l’article c’est le meilleur que j’ai trouvé sur le sujet)
Bonne lecture et bonne année à tous!
@ Pascal : Oui, j’avais été voir ton lien. D’ailleurs, je te remercie de l’avoir publié ici.
Je suis d’accord ton point de vue, puisque c’est celui que je défends depuis le début, et que c’est le plus logique.
Après, il y a encore beaucoup de spectateurs qui continuent à soutenir mordicus que le marshal est victime d’un complot destiné à le faire passer pour fou. Et que toute la confusion qui l’entoure vient de drogues qu’on lui aurait administrées. Là, je suis nettement moins convaincu, cela ne colle pas avec tout le reste. Mais après tout, si des gens sont contents avec cette version tirée par les cheveux, ne leur gâchons pas leur plaisir…
Bonjour à tous,
Je ne peux nier que je sort rarement du cinéma avec tant de questionnements intarissables qu’à la sortie de la séance de Shutter Island.
Comme @Boustoune l’a très bien fait remarqué le film présente une fin très ouverte (je n’ai pas lu le livre et ne sais pas si il en est de même).
J’ai opté pour ta deuxième proposition qui pour moi est celle qui rend le film d’autant plus mystérieux : Dicaprio n’est pas fou, on le considère comme fou, toute l’histoire des cigarettes contaminées par des substances déclenchant ces allucinations, la rencontre dans la grotte est alors plausible. Cependand, à quoi bon se sacrifié? a mon avis il se sacrifie en acceptant cette lobotomie par peur qu’on le prenne pour un fou définitivement.
Bref des tas de question me revienne après un 3ème visionnage en dvd.
Bonsoir, j’ai regardé ce film hier soir et je suis toujours là à me questionner…………
Dès que je penche pour une interprétation, des contre arguments viennent me faire douter et réciproquement.
Je ne m’y connais pas très bien en critique de films, mais je me pose une question: Est-ce que les réalisateurs de films ou auteurs de livres arrivent à garder le secret de ce qu’ils pensent comme alternative de l’oeuvre ou bien font-ils exprès de laisser un choix d’interprétation sans eux mêmes se prononcer?
Comment trouver leurs avis? ( Je n’ai pas encore lu les liens proposés, mais je vais le faire).
Je pense que je regarderai de nouveau le film, mais on dirait bien que tout est mis en oeuvre pour laisser place aux deux alternatives: manipulation ou folie?
En tous cas plusieurs questions reviennent me laissant pencher vers l’hypothèse de la manipulation:
– » Pourquoi ces médecins mettraient -ils en place un aussi grand jeu de rôle pour le soit disant bien être de patients, alors qu’ils n’ont aucun scrupule à enfermer au bloc C une dizaine d’homme NUS dans une même cellule? »
– Pourquoi prendraient-ils la peine de faire sortir Leonardo de l’île sur le ferry? L’auraient-ils endormi et dans ce cas il se serait réveillé déjà tout habillé sur le bateau?
– Cette patiente qu’il interroge, qui a sa raison et qui lui dire de FUIR?
– Georges noyles qui lui dit justement qu’il n’enquête sur rien et qu’il est tel un rat dans un labirynte? Et qui tente de lui faire comprendre d’arrêter d’halluciner sur sa femme parce qu’elle est morte! N’essaies t-il pas de lui montrer qu’ils l’ont piégé et qu’ils veulent lui aussi l’enfermer? Car ce georges semble être très lucide; il est dit skysophrène par mais par qui? Ces docteurs qui paraissent peu crédibles dans leur souhait de guérison? Ce Noyles n’a t-il pas été déjà fait interné?
Mais d’autres questions viennent pour remettre en cause l’alternative de la manipulation mais sont tout de suite étudier pour les annuler:
– Ne serait-ce que sur ce même Georges Noyles: pourquoi Leonardo se retrouve seul avec lui, c’est vrai c’est bizarre, chuck n’est pas avec lui, est-ce justement l’objectif, que Noyles fasse comprendre au Marchal qu’il est en pleine hallucination? Quand il lui dit qu’il n’enquête sur rien, dans les deux alternatives cette phrase est vraie!
Finalement les informations qu’on a de lui viennent du Marchal, sont-elles donc vraies?
– Pourquoi il y a effectivement des chaussures d’hommes dans la chambre de Rachel ?
Soit parce que se sont celles de Leonardo (le patient 67 dont l’équipe psychiatre a déliberement laissé pour que Léonardo se questionne sur lui même).
Soit parce que ce sont eux qui les ont mise pour le Marchel se persuade que se sont les siennes.
D’ailleurs parlons cette Rachelle: c’est vrai, comment se serait-elle échappée? Et pourquoi avertiraient-ils les autorités? Justement parce qu’ils visent peut être ce Marchal et veulent donc tester leur nouvelle méthode d’embobinage et manipulation du cerveau? Peut être a t-elle vraiment disparue; elle s’est enfuit mais pas de sa chambre d’une autre manière puisqu’elle dit ne pas être une patiente à la base et qu’avec toutes ces intemperies ils la croient déjà morte. Il n’y a pas vraiment de preuves qu’elle a existé mais pas non plus d’indices démontrant qu’elle n’a jamais existé………
Bref je m’embrouille un peu car ces tard, mais l’incrédulité des docteurs pseudo psychiatres permet de toujours tout remettre en question. Comment faire confiance à ce genre de personnes n’hésitant pas à lobotomiser, droguer, expérimenter, détenir des hommes et des femmes dans des cellules miteuses, lugubres et insalubres, enchainés travaillant finalement à leur service ( nettoyage ) dans des tâches renfermées. Comment faire confiance à ces personnes vivant dans des appartements chauffés, consommant l’alcool ( contrairement à léonardo visant peut être à donner plus de lucidité au personnage), portant des habits propres et personnalisés contraiment au reste de l’équipe ( les hommes et femmes en blanc qui ne sont là que pour travailler – avant que la voiture ne prennent feu on les entend parler de leur salaire qu’ils considèrent bien payé)…… Et en même temps, comme faire confiance aux détenus/ patients qui sont peut petre réellement fou, devenus fous ou faisant semblant de l’être…
Il me semble que l’un des objectifs de ce film est justement le DOUTE et la perte des réalités visant peut être à dénoncer ce que les gens de pouvoir aiment: manipuler et endormir les populations: quand je me questionne sur le nouvel ordre mondial, ai-je raison de me poser la question ou bien suis-je tombé dans un piège?
La théorie de la manipulation dans ce film est remise en cause par les hallucinations du Marchal: il hallucine donc il est fou.
La théorie de la folie est remise en cause par les cachets qu’il prend assurément (dans les deux cas).
Certains se retrouvent peut être donc à choisir entre le fait d’accepter que les gens de pouvoir savent manipuler ou bien s’ils nous restent à leur faire confiance quand ils veulent nous inculquer des valeurs…
Re, j’allais oublier, y a t-il des critiques/ analyses qui existent et qui reprennent points par points de manière chronologique tout le film et se mettant du côté de ces deux interprétations?
Bonjour Mynn,
Merci de ton long commentaire.
A ma connaissance, il n’y a pas de critique opposant les deux théories de manière chronologique, tout simplement parce que la thèse de la folie d’Edward Daniels est communément acceptée comme étant la seule valable.
Je n’ai pas revu le film, mais apparemment, l’approche du film est totalement différente au second ou au troisième visionnage et tend à appuyer l’hypothèse de la folie.
Pour répondre à ta question initiale, Scorsese le précise lui-même dans une interview, dans laquelle il penche clairement pour cette hypothèse, mais sans trop rentrer dans les détails non plus. :
http://www.timeout.com/film/features/show-feature/9640/martin-scorsese-talks-shutter-island.html
Tu trouveras d’autres analyses détaillées appuyant la thèse de la folie ici :
http://unesemaine-unchapitre.com/index.php?post/Explication-Shutter-Island-analyse-des-pieces-du-puzzle-psychologique
http://sebmagic.over-blog.com/article-shutter-island-le-twist-final-54546711.html
http://cineredemption.canalblog.com/archives/2012/02/16/23491013.html
Cela dit, certains penchent encore pour la théorie du complot :
http://blogs.mediapart.fr/blog/philippe-corcuff/060410/je-doute-donc-je-suis-moderne-le-casse-tete-shutter-island
http://credo.over-blog.fr/article-shutter-island-une-interpretation-48697243.html
Après, je suis d’accord sur le thème central du doute. Mais il n’est pas le seul. Il y a aussi celui de la manipulation, la mise en scène. Scorsese s’adonne à un exercice de style autour de la mise en scène, de l’illusion cinématographique.Et cette manipulation suscite fatalement le doute dans l’esprit des spectateurs.
C’est aussi une oeuvre qui montre la limite entre la folie et la normalité. L’allusion au nazisme est là pour appuyer cette thématique, proposant un cas concret de personnes à priori normales basculant dans la folie meurtrière.
Par ailleurs, chacun a le droit de ressentir un film comme il le veut et d’avoir ses propres convictions. Un film qui laisse au spectateur la liberté de prolonger l’histoire, d’imaginer sa propre version est souvent plus fort qu’une oeuvre qui impose tout selon un cheminement ultra-classique. « Shutter island » fait débat et c’est là sa plus grande force.