Noah n’est pas gros, loin de là, mais il n’est pas goalé de ouf’ non plus.
Noah n’est pas moche, non plus, mais ce n’est pas Apollon, avouons-le.
Et sans être ridicule ni totalement has been, Noah n’est pas vraiment à la pointe de la mode.
Ah, et puis Noah fait un peu de musique, aussi… il doit même postuler avec son pote Claude pour jouer dans un festival, mais bon, faudrait p’t’être qu’il se mette à vraiment bosser sa gratte avant d’être une rock star.
En fait, Noah… bah… c’est un peu vous, un peu moi… un peu nous… mais pas vraiment, non plus…
…Noah, c’est un peu monsieur tout-le-monde !
Alex, ça lui va… quand elle le rencontre, elle plébiscite ça, même, qu’il ne s’adonne pas au culte du corps.
Après, Alex, quand elle voit le beau Marley Johnson, à la télé, elle ne cache pas qu’elle en ferait bien son 4 heures, avec sa p’tite gueule d’amour et ses p’tites fesses galbées !
Et puis Alex, quand elle croise un beau-gosse avec la dernière coupe à la mode, elle se dit que ça irait p’t’être pas mal à Noah, quand-même.
Et ce p’tit jeans bien moulax qui fait un p’tit cul d’enfer, aussi… enfin, si Noah avait le p’tit cul ad hoc.
Parce que, bon, Noah, ce n’est pas Appolon, avouons-le.
Après, Noah, elle l’aime bien, hein ? Avec lui, « c’est chill »… mais faudrait pas qu’il en attende trop d’elle, non plus… ni qu’il s’affiche un peu trop en public comme son petit copain, hein ?
Alors, forcément, Noah, ça lui fout un peu les boules, ce discours un brin hypocrite qu’elle tient et cette manière un peu honteuse dont elle considère leur relation ! Alors, si c’est du beau gosse des magazines, qu’elle veut, il fera tout pour lui en donner… quitte à sacrifier ses amis, ses études, sa musique, ses maigres économies, et même sa santé.
Via les errances de Noah et sa quête obsessionnelle de la perfection – constamment exposé aux dictats de la mode et au sacro-saint culte de l’apparence véhiculés par n’importe quel média vantant les mérites de pilules amincissantes, de crèmes anti-rides, de ceintures pro-abdos, ou même d’un masque à apposer sur ton p’tit cul pour mieux le plumper – Julia Reynaud dresse finalement un portrait fidèle et acerbe d’une certaine jeunesse contemporaine… et ce qui pourrait aux premiers abords s’apparenter à une romance contrariée aux grandes lignes relativement classiques, se révèle au fil des pages comme un habile et nécessaire cri d’alarme face aux difficultés à être soi-même, à s’accepter tel que l’on est.
Le bel Alex, de Julia Reynaud (Ed. Casterman)