Les DoggyBags se suivent et ne se ressemblent pas…
Enfin, bon, si un peu quand-même, ne serait-ce que sur le principe – les 3 récits, les « le saviez-vous », les fausses pubs, le poster à détacher – et la maquette, bien sûr, qu’il serait dommage de changer tant elle est terrible, avouons-le !
Mais à part ce putain de bel écrin, ce qu’il renferme, lui, sait apporter sa dose de nouveautés à chaque nouvel opus. Ne s’enfermant pas le sempiternel schéma horrifique reprenant en boucle les 3 mêmes thèmes hyper–rabâchés, Run ratisse large pour nous proposer un éventail de thèmes toujours plus large, allant du classique vampire aux non moins classiques zombies en passant par des sujets bien plus rares tels que les us et coutumes de la mafia russe, une malchance aussi dangereuse que tenace, ou les kidnappings débouchant sur des trafic d’organes !
Pour ce nouvel – et douzième – numéro, Run nous rejoue le coup de l’album à ambiance unique et, après la violente virée en Amérique du Sud ou la sexy suceuse de sang, choisit le Japon et ses légendes pour fil rouge.
La première des trois histoires se baladera du côté des Ring et autre Dark Water – avec jeunes filles aux cheveux de jais et fantômes tapis dans les recoins – tout en jouant la carte de la petite écolière en uniforme si chère à ces salary men aux costumes aussi propres que leurs fantasmes sont crados !
Sauf que là, ladite écolière n’aura rien d’excitant, se révélant soumise à un fantôme plutôt qu’à un vieux pervers, et plus encline à dégainer un couteau bien tranchant que sa p’tite culotte Hello Kitty !
Et quelle bonne idée d’en avoir confié la partie graphique à Sourya : lui qui avait déjà largement fait ses preuves niveau étudiantes japonaises sur la trilogie Rouge, il ne lui manquait plus qu’à assombrir son nuancier de quelques tons. Ci fait… et bien fait !
Invité de marque pour la suite, le second récit étant entièrement confié au grand Atsushi Kaneko, auteur complet dont la réputation n’est plus à faire tant chez nous qu’au Japon. Son esprit dérangé et son trait épais et tranchant se complaisent aisément sur ce polar hard-boiled peuplé de yakuzas, d’autant plus que son style puisant tant dans le manga que dans le comics indé’ illustrera idéalement le décalage ressenti par ce tueur à gages frenchy complétement paumé, parachuté dans ce pays lointain à la culture si différente de la nôtre, hyper-codifiée… et totalement hermétique à ses yeux !
Et puis, et puis, et puis… Guillaume Singelin !
Pour clore en beauté ce volume nippon, Run San rappelle son jeune padawan découvert lors du DoggyBags premier du nom, devenu depuis Grand Maître des Pinceaux !
Le jeune prodige s’attaque au mythe du samouraï et nous livre alors des pages de toutes beauté et d’une puissance hallucinante, empruntant une palette non sans rappeler celle des estampes japonaises : l’alliance parfaite de la tradition et d’une modernité folle… un feu d’artifice pour nos yeux ébahis !
Et si vous n’étiez pas encore convaincus, petits gourmands, sachez que votre vilain défaut – et donc votre insatiable appétit – sera amplement comblé par ce numéro spécial, moult bonus venant habilement s’y greffer ; qu’il s’agisse d’une quatrième BD de 6 pages aux allures de manga old-school, d’une courte nouvelle d’épouvante, ou de quelques dossiers – superbement illustrés – apportant mille précisions morbides, anecdotes lugubres et info’ macabres en lien avec le thèmes traités dans le cadre des histoires principales…
Putain, encore une sacrée claque que ce nouveau DoggyBags !
DoggyBags #12, dirigé par Run, avec Singelin, Kaneko, Bordier & Sourya (ed. Ankama – Label 619).