Après nous avoir enjoués avec ses histoires de suicides, de persécutions, de mutilations, et autres immondes mutations (ici), Michael Deforge nous balance une deuxième salve d’histoires tout aussi entrainantes et gaies dans son nouveau recueil intitulé En toute simplicité.
Des dents et des ongles arrachés, des tétons triturés et torturés, des animaux écorchés et éviscérés, tant d’images qui pourraient (devraient ?) nous révulser… si elles n’étaient l’œuvre de ce talentueux artiste !
Toujours armé de son style s’inspirant tant de gentils strips old school, que de naïfs mangas kawaïs ou de comics underground bien trashs, ses dessins à la base tout ronds et innocents, se retrouvent submergés d’une surabondance de traits, au point d’en devenir presque étouffants. Et quand les couleurs s’invitent, elles se parents de teintes si criardes et flashy qu’elles en agressent nos rétines éprouvées. Ajoutez à ceci une surcouche de substances organiques suintantes, dégoulinantes, ou purulentes qui s’étalent et se répandent allègrement sur les perso’, et vous commencerez à cerner l’univers dérangé et dérangeant du bonhomme.
Pourtant, nous sommes comme hypnotisés – envoutés par un voyeurisme malsain, peut-être –, incapables de détacher nos yeux de ces pages ou l’auteur déverse (crache ?) avec un subtil mélange d’humour, de cynisme, et d’amertume, ses obsessions les plus intimes et les plus profondes.
Et si ces histoires se révèlent pour la plupart sans queue ni tête, peut-être est-ce finalement parce qu’elles se rapprochent terriblement de ces rêves étranges qu’on ne peut interpréter, qu’on peine même à raconter… et dont on a tant de mal à se défaire, et ce, longtemps encore après le réveil.
Tout comme ce livre vous hantera encore bien longtemps après que vous l’ayez refermé !
En toute simplicité, de Michael Deforge (ed. Atrabile).