N’a-t-on pas tous eu dans notre famille un papy, un tonton, ou même un lointain cousin s’étant essayé de loin ou de près au noble art de la peinture ?
Le résultat de ses amateurs – selon leur degré (ou absence) de talent – aura su vous étonner, vous toucher, vous faire sourire, ou même vous faire doucement rigoler ; mais quoi qu’il en soit, jamais vous n’avez ne serait-ce qu’oser imaginer leur travail suspendu sur les nobles cimaises du Louvre…
…et bien croyez-le ou non, mais les Benion, eux, l’ont fait !
Et ils sont bel et bien décidés à aller jusqu’au bout de leur délire !
C’est ainsi que le pauvre Fabien, gardien au prestigieux musée parisien, se retrouve avec beau-papa et ses fils sur le dos – gentils mais un brin rustauds, pour ne pas dire connauds – revenant continuellement à la charge pour que l’immonde tableau de leur aïeul soit exposé parmi les œuvres des grands maîtres.
Le pire, c’est que leur proposition, aussi folle puisse-t-elle paraître, ne se révèlera finalement pas si inenvisageable !
Entre alors en jeu un étrange bonhomme – membre d’une toute aussi étrange confrérie, la République du Louvre – prêt à tout mettre en branle pour accéder à sa requête.
En effet, ses acolytes et lui-même développant un lien étroit, personnel, et presqu’organique avec le musée, ces joyeux drilles ne peuvent être qu’intéressés et concernés par les diverses histoires improbables impliquant ce lieu qui leur est cher… et quoi de plus improbable que de suspendre la croute de papy Benion entre la Joconde et le Radeau de la Méduse !?
Avec son inégalable façon de « raconter les gens », Davodeau donne vie à des personnages drôles, absurdes, parfois même à la limite du ridicule, mais toujours extrêmement attachants et profondément humains… avec tout ce qu’il y a à prendre et à jeter dans l’Humain !
Et grâce à cette incroyable galerie de personnages – de Fabien aux frères Benion en passant par ces innombrables badauds qui se photographient auprès des œuvres les plus célèbres – c’est un portrait tout autre qu’il dresse, majestueux et pourtant en toute simplicité : celui du Louvre, lui-même.
Plus qu’un hommage, ce livre est une véritable, touchante, sincère, maline, originale, drôle…
…bref : une magnifique déclaration d’amour, dans les règles de l’Art !
Le chien qui louche, d’Etienne Davodeau (ed. Futuropolis / Louvre Editions).
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