Il n’y a pas si longtemps, le sieur Boustoune m’offrait l’occasion de squatter son espace d’expression pour vous parler du (remarquable) film de Joann Sfar, Gainsbourg – selon mon propre angle de vue : celui d’un fan du 9ème art qui s’égare parfois dans les salles obscures.
Si je reviens aujourd’hui, ce n’est pas pour défendre un nouveau film réalisé par un de mes auteurs phares, même si je reprendrai volontiers ce poste-ci quand sortiront au cinéma les adaptations du « Isaac Le Pirate » de Christophe Blain ou du « Aya de Youpogon » de Clément Oubrerie !
Non, la raison de mon retour est l’envie de vous parler d’un comics book sur lequel je m’éclate comme un p’tit fou en ce moment… Un p’tit fou un peu geek, j’en conviens, mais un p’tit fou tout de même !
Pourquoi geek ? Car ce comics traite du thème très série-B-esque des zombies.
Dans « Walking Dead » (1)(c’est son titre), Robert Kirkman (c’est son auteur) s’amuse à tirer toutes les ficelles du genre, du fameux coup-de-pelle-dans-la-tête-si-efficace-pour-achever-le-mort-vivant-coriace au gentil-qui-se-fait-mordre-et-qu’il-faut-tuer-de-sang-froid-avant-sa-transformation, en passant par le-monstre-enfermé-dans-la-cave-qu’on-ne-se-résigne-pas-à-tuer-parce-que-c’était-mon-fils-bordel ! Toutes les ficelles, donc, mais pas que.
Non, là où il aurait pu s’arrêter au jouissif mais rabâché carnage d’êtres en putréfaction, Kirkman pousse le plaisir plus en avant en ne nous montrant pas uniquement comment se débarrasser de ces abominations, mais aussi comment survivre dans ce monde infesté et dévasté.
L’auteur ne se penche pas vraiment sur l’origine du désastre (qu’on ne connaîtra d’ailleurs jamais), mais plutôt sûr ses conséquences.
On suivra alors tout au long de cette série-fleuve un petit groupe de survivants qui devra trouver de quoi se nourrir et où se loger en toute sécurité, être constamment sur ses gardes et apprivoiser un environnement hostile, faire face à ses peurs, ses besoins et ses responsabilités, établir de nouvelles lois au sein de leur communauté, désigner un chef ou établir une hiérarchie, éviter le despotisme, les excès, le crime, ou tout simplement la folie humaine… qui se révélera parfois bien pire qu’une horde de zombies !
A ce stade de ma bafouille, je vous vois déjà vous demander : c’est bien beau tout ça, mais pourquoi il vient nous parler de ses p’tits mickeys sur un site dédié au cinéma ?
Ce à quoi je vous répondrai : mais putain, parce que cette série c’est quasi du cinéma ! Ou tout du moins, un bel hommage aux films de genre, des vieux classiques et cultissimes Romero au plus récent et novateur 28 Jours plus tard, en passant même par le western spaghetti…
Aucun ciné-geek digne de ce nom ne pourrait s’empêcher de voir un magnifique plan-séquence dans cette double page sans texte où le découpage de l’action coule comme un fabuleux travelling avant – zoom arrière à la Jaws, de se remémorer la flippante scène du bus du remake de Zombie quand nos héros se retrouveront encerclés dans leur camping-car, de comparer cet échange de regard plein d’intensité dessiné en plan serré à celui décoché par Clint Eastwood à Lee Van Cleef dans Le Bon, la Brute, et le Truand, de se sentir aussi mal à l’aise en découvrant cette illustration pleine page d’une Atlanta en feu que devant ce plan large où Cillian Murphy erre dans un Londres abandonné et dévasté…
A plus d’une reprise, on se dit que cette BD pourrait être un story-board de film.
A plus d’une reprise, on se prend à espérer que cette BD soit adaptée en film…
Mais malheureusement, cet univers est trop vaste, son histoire trop détaillée, et ses personnages trop complexes pour être contenus dans un simple film : pour exploiter au mieux ce matériau, il faudrait au moins une trilogie, voire une série.
Et bien, justement : v’là-t-y pas que la chaîne câblée américaine AMC vient de confier à Franck Darabont (réalisateur de La ligne verte ou encore Les évadés) l’adaptation, la production et la réalisation d’une série télévisée tirée de « Walking Dead » (2) !
Reste maintenant à savoir qui seront les acteurs en charge de dézinguer du mort-vivant, et surtout si le petit Franck saura reproduire à l’écran le suspens passionnant et la tension énorme éprouvés à la lecture de cette BD.
Alors, elle était si hors-sujet que ça, mon intervention ?
(1) : »Walking dead » de Robert Kirkman, Tony Moore & Charlie Adlard – 11 volumes (en VF), série en cours – coll. Presse-Comics – éd. Delcourt
(2) : Le tournage de l’épisode pilote est prévue à partir de mai 2010. La date de programmation américaine n’est pas encore connue.
Note de Boustoune (administrateur d’Angle[s] de vue) :
Non, elle n’était pas du tout hors-sujet, cette petite chronique, et je la publie sans aucune réserve. Et je vais faire encore mieux : respecter l’accord que nous avions passé lorsque tu as accepté de venir collaborer au site, de façon épisodique.
Tu avais exigé un espace vert rappelant ton ancien blog “chez PaKa” pour pouvoir y glisser quelques doux billets. C’est chose faite!
Nos lecteurs pourront découvrir derrière l’onglet Rubrique-à-brac, un espace où les chroniqueurs de ce site parlent de choses et d’autres – littérature, BD, Musique, concerts, expos, théâtre,… – au gré des humeurs et des coups de coeur – ou des coups de gueule…
Héhé !
Attention mon bon Boustoune, étant du signe Capricorne ascendant Morpion, j’ai un peu tendance à m’incruster : on me propose de rester dormir après une soirée arrosée, et moi, bah, je m’installe direct !
Alors là, si tu me dégages un p’tit coin de chez toi, que tu m’le repeinds pour qu’il soit tout beau tout vert, et qu’en plus que tu lui donnes un nom de BD et y places une banière Donjon ; tu risques de m’y voir un peu souvent !
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