Davy Mourier est atteint du syndrome de Peter Pan. Grandir l’effraie, du coup il fuit l’âge adulte depuis 21 ans.
Davy Mourier a peur de la mort. Peur de sa mort à lui, peur la mort de ses proches.
Davy Mourier a peur de la vie, aussi, ça peut paraître contradictoire.
Davy Mourier a peur des gens. Ou tout du moins, il ne les aime pas. Enfin, pas spécialement.
Davy Mourier a peur de la solitude, aussi, ça peut paraître contradictoire.
Davy Mourier a peur de l’engagement, peur de la routine qui en découle, peur des responsabilités qui vont avec.
Du coup, Davy Mourier n’a pas de copine.
Du coup, Davy Mourier a peur d’être homo.
…
Mais dites-moi, Davy Mourier, il devrait pas consulter ?
Bah si, justement, Davy Mourier, il consulte.
Et ses séances de psy’, Davy Mourier les raconte à tous via son blog (oui, Davy Mourier est un peu exhibo’, aussi), et ce, sous forme de petits strips de 3 cases mettant en scène son psy’ et lui-même, systématiquement dans la même posture (lui sur son divan, le doc’ derrière son bureau), dans le même décor (le cabinet et son impressionnante bibliothèque), et dégommant allègrement tous les thèmes classiques de la psychologie et les nombreux gimmicks des psy’ à grand coup d’humour à la con… mais bien plus réfléchi qu’il ne pourrait y paraître !
Mais si ces p’tites cases nous font bien marrer, et que l’idée de les compiler en album nous ravit, ce qui donne tout l’intérêt à ce recueil, c’est surtout ce qui vient autour de ces strips classiques. Car si Davy Mourier nous relate ses consultations, il nous explique aussi d’où lui viennent ses angoisses et ses peurs, quels furent les blessures et les traumas accumulés au long de son enfance puis de son adolescence, et comment petit à petit ceux-ci ont attaqué sa fragile psyché. Et pour ce faire, l’auteur nous confie son petit carnet intime, aux pages remplies de trophées d’un autre temps (ici une image Panini des Cités d’Or, là un emballage de Milky Way), de photos d’enfance et de polaroïds plus actuels, de petits bouts de pensées collés sur des Post-It, de lettres dépressives à celle qui l’a quitté, de poèmes plein d’espoir à celle qui reviendra, de p’tits dessins griffonnés au stylo Bic en bord de marge, de feuilles entières noircies de coups de crayon rageurs…
Un carnet où l’humour est certes moins présent, mais où l’on retrouve une réelle sincérité grâce à laquelle Davy Mourier se livre nu, sans artifices et sans pudeur.
Au final, même si l’on pourrait tout d’abord croire à un simple recueil de strips, ce bouquin se révèle loin d’être un classique album de BD. 41€ pour une poignée de psychotropes est un objet bien à part, drôle de par son humour cash et sans concession, touchant de par son propos intime et profond, et hautement original de par son contenu un peu fourre-tout et sa forme étonnante ; les éditions Ankama nous offrant une nouvelle fois une réalisation parfaite, rendant au mieux l’aspect « cahier de notre enfance », avec sa couverture glacée, ses couleurs flashy, et, top du top : sa reliure en spirale !
[ Edit : Rendons à César ce qui appartient à César, et précisons que pour cette réalisation parfaite, les éditions Ankama se sont associés à Adalie ; éditeur suivant Davy Mourier depuis ses débuts et ayant déjà publié ses 2 premiers albums… 1000 excuses pour l’oubli ;o) ]
41€ pour une poignée de psychotropes, de Davy Mourier (ed. Ankama / Adalie)
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Bonne critique pour une BD qui le vaut bien ! C’est un vrai plaisir de découvrir ce que l’on ne voit pas face à la caméra, un vrai coup de coeur pour moi !
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