– L’enfer, de Nicolas Badout (d’après Henri-Georges Clouzot) –

En 1964, Henri-Georges Clouzot entreprend le tournage de L’enfer, un film idéalement nommé tant son tournage fut – en effet – un véritable enfer.  

Armé d’une aspiration sans mesure, le réalisateur se révèle prêt à tout pour mettre en scène cette histoire de jalousie maladive tournant à l’obsession et transformant un homme en véritable tortionnaire pour sa pauvre femme. Malheureusement, ce « prêt à tout » tournera au « jusqu’auboutisme », son désir de perfection faisant exploser le budget – les techniques les plus novatrices s’avérant nécessaires pour produire des effets visuels encore jamais vus à l’écran -, poussant les acteurs à bout – l’acteur principal allant même jusqu’à quitter le plateau en ambulance -, et laissant finalement cette œuvre inachevée… suite à l’infarctus de Clouzot signant définitivement la fin de l’aventure.

Suite à un minutieux travail de recherche et de documentation, Nicolas Badout, parvient à saisir l’intention originelle du visionnaire réalisateur, et grâce à l’éventail des possibilités qu’offre le Neuvième Art, achève enfin cette œuvre trop ambitieuse pour le Septième Art d’alors.

D’un trait épais, à la fois précis et tranchant, mais aux circonvolutions et aux accumulations presque étouffantes, plongeant dans un noir profond et oppressant, le bédéaste joue avec les proportions, les déformations, les effets kaléidoscopiques et colorimétriques, pour illustrer à la perfection la jalousie, le doute, le trouble, la peur, l’angoisse, l’obsession, la paranoïa, la névrose, la psychose, la démence, la folie… l’enfer.

L’enfer, de Nicolas Badout, d’après Henri-Georges Clouzot (Ed. Sarbacane)

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