En vous baladant à Paname ou peut-être même dans votre ville, que vous soyez de France, de Navarre, de n’importe où en Europe ou même de bien plus loin (voire même de l’espace, on y reviendra), sûrement avez-vous déjà aperçu posée sur un mur une (plus ou moins) petite mosaïque représentant un alien échappé du jeu old school Space Invaders… ou représentant une des particularités de ladite ville dans l’esprit graphique dudit jeu old school !
Apparues discrètement à la fin des années 90s, ces mosaïques ont petit à petit gagné en notoriété au fur et mesure que l’invasion se répandait et suscitait, d’abord, la curiosité, et bien vite, un intérêt grandissant. Intérêt qui devint pour certains une passion – voir une obsession – lorsque leur créateur (toujours anonyme à ce jour !) lança une appli’ permettant de les « flasher » avec son portable, et ainsi enrichir sa galerie… et monter au classement mondial des Chasseurs d’Invader !
Pour Nicolas Kéramidas, fan de geek culture, de street art et se définissant comme un « collectionneur de tout », mettre le doigt dans cet engrenage relevait de la folie… folie dans laquelle il sombra avec joie !
Totalement addict dès son premier shoot, NKO (son blase de quand il pétait les scores au flipper après le lycée) choppe ses pinceaux et oublie quelques instants son trait souple et léché pour noircir les feuilles de manière totalement frénétique, et ainsi mieux nous expliquer son engouement sans limite pour le phénomène Invader, son ampleur (plus de 4000 pièces réparties dans 83 pays et 170 villes, plus une en orbite dans la Station Spatiale Internationale !), sa communauté (300 000 chasseurs, parmi lesquels on trouve même des « réactiveurs » ramenant à la vie les pièces dégradées, supprimées ou volées), mais également les conséquences du phénomène sur sa propre vie : l’incompréhension de sa famille ou des ses amis non-initiés le prenant pour un fou furieux (et un brin relou), les nouveaux amis, eux, passionnés et devenus véritables frères d’armes, les « flashtours » organisés tout spécialement dans le but d’aller flasher, les villes découvertes – et même redécouvertes – grâce à ces fameux flashtours et la façon toute particulière de sillonner lesdites villes qu’ils imposent, les plannings de dédicaces s’articulant – ou non – en fonction des lieux dans lesquels il peut – ou non – trouver de nouveaux Invaders à flasher… et puis, juste, la petite joie tout simple mais si intense qui monte en lui chaque fois que retentit le petit « tu tululu » célébrant un nouveau trophée dans sa galerie !
Entre encyclopédie, carnet de voyage et autobio’, un livre hallucinant qui transpire la passion : celle d’Invader, génie fou poussant toujours plus loin son concept aussi intelligent que ludique ; celle de NKO, collectionneur fou s’adonnant corps et âme tant à la chasse qu’au partage… et celle du lecteur, conquis, pauvre fou inconscient qui fonce télécharger l’appli’ dès la dernière page tournée !
Chasseur d’Invader, de Nicolas Kéramidas (Ed. Casterman)