« Encore du Donjon ?! », me direz-vous, « non, mais non, mais attends…! », vous répondrai-je.
Et juste après, je partirai sur un long dithyrambe vantant une énième fois les innombrables qualités de cette folle et tentaculaire série, et userai de moult superlatifs pour faire part une nouvelle fois de la sempiternelle joie que déclenche en moi la lecture de chaque nouveau tome…
Et bien, non : je sais être raisonnable et me contenir, que diable !
Et plus que ça, je sais même être lucide et admettre qu’une ou deux fois sur 52 (oui, 52 !), un opus soit un (tout petit) poil moins bon. Ce qui fut le cas pour le dernier Monsters, que j’attendais pourtant avec une folle impatience, tant l’incursion de Gatignol en Terra Amatta semblait totalement sublime.
D’ailleurs, sur ce point, je n’ai rien à redire, bien au contraire : graphiquement, cet album est juste fou-fou ! Et ce, dès la première page où l’on voit ce majestueux château se dressant sur un pic rocheux, son sombre reflet ondulant dans les eaux noires du lac s’étendant à ses pieds… un petit tableau à elle toute seule, cette case ! On appréciera également – et tout particulièrement – l’interprétation que le dessinateur nous offre de Papsukal, et plus généralement, son travail sur les décors et leurs détails, son sens du découpage recherché et original, et, malgré le fait qu’il soit connu pour son incroyable maîtrise du noir et blanc (et de toute la palette de gris qui va entre les deux), sa parfaite osmose avec Walter dont découle une colorisation offrant une ambiance toute particulière à ce tome !
Non, vraiment, si je dois exprimer quelque retenue quant à mon enthousiasme sur ce tome, ce ne serait pas sur la forme, mais bien sur le fond : s’il est appréciable qu’un album tout entier soit dédié à un personnage aussi ambigu et intrigant que Papsukal, que l’on y retrouve un personnage apparu dans les premiers tomes bien des années plus tard, que l’on y croise tant d’autres fantômes du passé, que l’on y traverse tant de lieux d’antan comme de nouvelles contrées, que l’on y apprenne tant de choses sur la magie et ses différentes écoles, que… que… que…
…peut-être est-ce là, le problème de ce tome en fait : que bien trop de choses s’y déroulent en bien trop de lieux avec bien trop de personnages délivrant bien trop d’informations sur bien trop d’époques ! Et en résulte le sentiment d’un tome un brin trop dense, légèrement fouillis et confus.
Ceci-dit, peut-on vraiment reprocher à des auteurs d’être trop généreux…?
Ou alors, est-ce juste que – subjugués par l’association Gatignol & Walter – nous aurions aimé que ce scénario s’étale sur un plus grand nombre de pages…? Assurément !
Un héritage trompeur (Donjon Monsters, Tome 17), de Gatignol, Sfar & Trondheim… et Walter ! (Ed. Delcourt)