Comme toute personne ayant vécu son enfance ou adolescence dans les années 80, vous ne pourrez que ressentir une affection toute particulière face à Super Pixel Boy, l’album affichant d’emblée la couleur via sa couv’ qui sent bon la nostalgie, son titre à la typo’ directement inspirée de celle de Super Mario Land, son perso’ illustré à la « 8 bit style » incrusté sur un écran de Game Boy !
Affection qui se transformera en véritable A.E.S.D. (Amour Eternel Sans Divorce, voyons !) une fois ledit album ouvert ! En ses pages se déroule un fantastique feu d’artifice vidéoludique sous nos yeux ébahis : Tetris et ses fusées de plus en plus grosses en récompense des nombreuses heures passées sur nos chiottes à empiler consciencieusement des briques, Double Dragon où l’on pouvait jouer avec son pote aussi bien que lui foutre sur la gueule à coup de battes, Castelvania aussi dur et affreusement mal foutu qu’hypnotique et délicieusement flippant, les adaptations telles que Les Chevaliers du Zodiaque ou Les Tortue Ninjas qui nous vendaient du rêve dans leur jolie boite autant qu’elles nous décevaient une fois lancées, le mythique Legend of Zelda qui nous força à apprendre l’anglais parce t’avais pas le choix si tu voulais vivre cette fabuleuse aventure en terres d’Hyrule, ou, évidemment, le légendaire Super Mario Bros, premier du nom, qui dicta les règles pour tous les jeux de plates-formes qui lui succédèrent.
Ha… tous ces jeux tout pixélisés, au game-play hyper-rigide, à la difficulté de psychopathe et bien souvent sans sauvegarde… ces jeux qui nous rendraient fous aujourd’hui, et qui, pourtant, furent d’incroyables bijoux pour l’époque… et le fondement de toute une culture !
C’est d’ailleurs là toute la malice de cet album : loin de n’être qu’un catalogue de ce qu’on nous proposait alors sur les bornes arcades ou les mythiques Master System et NES, Super Pixel Boy enrobe ces simili-chroniques dans un vrai scénar’, drôle et touchant, où au travers du quotidien d’un p’tit bonhomme vivant l’aube de la geek culture, c’est toute une époque qui nous sera contée avec une tendre mélancolie. Au-delà du jeu vidéo, les références et clins d’œil rappelleront au gamin qui sommeille en nous quels animés nous regardions (via un décodeur Canal+ « pirate »), quelles musiques nous écoutions (aussi insoutenables que les fringues que nous portions), quels goûters nous mangions (les Twix n’égaleront jamais les Raiders)… et même quelles vannes nous faisions (« Supercopter, le cul par terre », un classique) !
Des références et clins d’œil qui fleurissent autant dans les bulles que dans les cases, Boris Mirroir et son style cartoony à la fois subtilement old school et furieusement moderne – s’amusant même à « 8-bitiser » son héros pour l’intégrer aux écrans cathodiques d’antan – s’avérant idéal pour ce retour vers le futur si réjouissant !
Y a pas à dire, que ce soit dans les jeux vidéo dont ils parlent, comme dans la manière dont ils en parlent : quand c’est fait avec amour, ça se sent !
Super Pixel Boy, de Loïc Clément & Boris Mirroir (Ed. Delcourt)
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