Le premier tome de B.O.T.S posait les bases d’un monde post-apocalyptique dans lequel l’humanité avait totalement disparu, et nous présentait un drôle duo : War-hol, un robot de guerre badass programmé pour la bagarre, et son acolyte Rip-R, un robot mécano’ pas bien épais et un peu ronchon mais au bagoo et à la malice inversement proportionnels à sa carrure ! Un duo dans la pure veine des buddy movies de notre jeunesse, formé par deux zigotos aussi peu assortis que compatibles, liés malgré leur volonté par un impératif commun, et qui finiront par devenir potes au long de l’aventure… sauf que là, l’impératif qui les lie, c’est bébé humain tout juste sorti du ventre du balaise War-hol !
Un petit être tout mignon qui fera naître en eux un instinct protecteur – maternel ? – hors du commun, les fera affronter leurs congénères – désireux de ne surtout pas voir revenir d’humains sur « leur » Terre – et les conduira tout droit à la case prison.
A la fin d’un second tome jouant la carte du huis clos piochant allègrement dans Orange Is The New Black et autres classiques du monde carcéral, nos deux héros s’échappent grâce à une aide aussi inattendue que suspecte… pour finalement se retrouver de nouveau au trou, prisonniers d’une bande d’humanodroïdes allumés de la diode persuadés que leur bébé est « l’élu », celui capable de ressusciter l’Homme !
Et de là, on repart pour un tour de grand huit à base d’évasions, d’explorations, de gunfights, de coups de tatanes en acier trempé… et même de survival versus une horde de « zombots » en décomposition ! Le tout truffé de jeux de mots « cybertifiant » habilement notre vocabulaire de tous les jours et de références piochées aussi bien dans les classiques de Kubrick et Romero que dans les séries télé’ qu’on bingewatche allègrement aujourd’hui ! Des références hyper-nombreuses que l’on retrouve, d’ailleurs, aussi bien dans les bulles que dans les cases : rarement on aura vu une si belle osmose entre scénariste et dessinateur, tant l’univers est cohérent aussi bien sur le texte que sur le dessin !
Mais attention, si les références sont nombreuses, jamais on ne tombera dans le simple recyclage de bas étage : les auteurs les digèrent pour mieux les intégrer à leur propre univers, original et tellement bien maitrisé ! Au scénario, Ducoudray nous captive et nous tient en haleine grâce à un découpage astucieux en chapitres, distillant au compte-gouttes les révélations sur le désastre qui a décimé l’humanité, les origines de ce bébé providentiel, et bien sûr, son rôle quant au grand dénouement final ! Un scénario qui sera de plus appuyé par des dialogues savoureux, où humour et réparties cinglantes font systématiquement mouche, et par le dessin de Steve Baker, idéal sur un tel récit : au-delà de son trait qui évolue en fonction des diverses ambiances et thématiques, ou de son subtil travail sur les couleurs, comment ne pas s’extasier sur ses centaines de robots se révélant tous aussi originaux les uns que les autres, avec une touche à la fois si singulière et pourtant emplie de nostalgie, nous rappelant toujours un peu ces célèbres robots ayant enchanté notre jeunesse, d’Astro au Géant de Fer en passant par ceux de Miyazaki ! Et, coup de maître, il parvient à rendre ces êtres de fer, par définition rigides et atones, bien plus souples et expressifs que l’humain de base, capables de courir bondir, rouler, se battre sans pareil… et de te lancer un regard vecteur de tellement d’émotion(s) !
Un troisième tome qui vient donc clore en beauté cette série et redonne ses lettres de noblesse au « Divertissement » : en lisant B.O.T.S, on s’amuse comme des petits foufous, certes, mais au-delà, on apprécie la qualité intrinsèque de ce ces albums, l’amour du travail bien fait, avec une maîtrise incroyable, et surtout, une grande passion et un plaisir des plus communicatifs ! Bravo !
* B.O.T.S (3 tomes), de Ducoudray & Baker (ed. Ankama).