Des centaines de planètes à explorer, des combats épiques à mener, des richesses incroyables à récolter… un univers entier à façonner et des possibilités infinies : c’est le Bolchoï Arena !
Bien plus qu’un jeu en réalité virtuelle, le Bolchoï Arena se révèle comme une véritable dimension parallèle dans laquelle votre avatar – et vos biens – évolue au gré de vos envies, mais également de vos capacités et de vos aptitudes, de vos choix et de votre implication. Et justement Marje, étudiante en astronomie, n’a que très peu de temps pour s’impliquer dans un tel « divertissement », la rédaction de son mémoire sur Saturne et son satellite Titan occupant la majeure partie de ses journées… et même de ses nuits. Un jour, pourtant, elle finira par céder à son amie Dana – très ancrée dans le Bolchoï Arena – et rejoindra le programme afin de pouvoir admirer « en vrai » les astres qu’elle étudie sans répit depuis de longues années.
Or, alors que nous évoquions précédemment l’évolution d’un avatar en fonction de son implication et de ses aptitudes, en ce qui concerne Marje, au vu de son implication proportionnelle à l’enchantement qui s’offre à ses yeux et des aptitudes hors du commun qu’elle présente d’entrée de jeu, son évolution sera fulgurante ! Au point de décourager son petit copain et ses professeurs, dépités de la voir délaisser sa vie réelle pour le Bolchoï, mais aussi et surtout d’intéresser très fortement ceux qui s’enrichissent grâce à leurs activités à l’intérieur du programme, prêts à tout pour en faire leur alliée… ou s’en débarrasser définitivement !
Que voilà un scénario’ original et dense, non ? Futuriste juste ce qu’il faut pour rendre crédible la technologie nécessaire au développement du Bolchoï Arena, tout en en restant assez proche de notre société actuelle histoire de mieux l’égratigner en ne grossissant que très peu le trait par rapport à notre quotidien, nos modes de vie, nos relations…
…nos relations humaines, bien sûr, mais également notre relation à la technologie ; sans cesse plus poussée, plus immersive, et finalement nous rendant sans cesse plus dépendants là où elle nous promet toujours plus de liberté.
Cependant, avec un scénariste tel que Boulet aux commandes, vous vous douterez bien que cette série ne se transformera pas en critique sociale moralisatrice et rébarbative, et que s’il invente un monde aux frontières si vastes, c’est aussi pour se faire plaisir ! Outre le côté sociétal, Bolchoï Arena est avant tout une grande série d’aventure(s) : aventure humaine, tout d’abord, grâce à des personnages soigneusement écrits – avec leurs forces, leurs faiblesses et leurs doutes – aux personnalités fortes et attachantes ; et bien évidemment, aventure spatiale, avec explorations de planètes lointaines et fabuleuses, et combats de vaisseaux surarmés voltigeant entre les étoiles ! Et pour illustrer un tel programme, quel bon choix que d’avoir fait appel à Aseyn : sur les scènes d’action, il nous régale avec un découpage dynamique n’ayant rien à envier aux mangas et aux comics, un soin du détail et une précision qui donnent corps à des vaisseaux impressionnants et des décors époustouflants, mais surtout, le bonhomme ayant officié sur les des récits comme Les Autres Gens, il sait également se montrer très à l’aise sur les scènes plus intimes grâce à un très fin, sensible et élégant – voire même sensuel, parfois – appuyé par une palettes aux teintes pastels qui dénotent agréablement des codes classiques de la SF.
Boulet et Aseyn nous invitent dans un monde complexe et étonnant où les références de notre enfance télescopent nos lendemains, une sorte de « nostalgie du futur » où leurs diverses influences s’entrelacent si naturellement que cet audacieux mélange entre jeu vidéo, space opéra, thriller économique et chronique sociale nous parait finalement aussi cohérent que captivant !
Bolchoï Arena, de Boulet & Aseyn (Ed. Delcourt)