Entre les très bons Orignal, 520 km, Un été en apnée, ou encore l’Age dur, on connait le talent de Max de Radiguès pour écrire (et dessiner !) de belles chroniques adolescentes.
Hé bien ce que lui propose aujourd’hui d’illustrer Vincent Cuvellier se situe juste un cran plus loin : le jeune adulte… ou l’adulescent comme le qualifieraient ceux qui raffolent à mettre tout le monde dans des petites cases.
Pour cela, le duo d’auteurs nous embarquent dans un road trip « à la cool », où un p’tit gars hérite d’un stock de cierges de feu son vieil oncle, et se retrouve sur les routes de France en compagnie de sa jolie p’tite nénette et de son relou de frangin afin de se faire un peu de thune tout en refourguant leur étrange legs à la moindre chapelle, église, abbaye, ou autres couvent et monastère croisés sur leur chemin (de croix).
De là, le scénariste s’amuse à dérouler – et égratigner gentiment – tous les clichés du genre, ses petits « djeun’s » arborant fièrement dread locks et fringues difformes, et se déplaçant en combi’ Volkswagen de festivals rock champêtres en soirées où l’on s’adonne tranquillou aux drogues douces, à l’alcool sans modération, et à la baise sans lendemains…
Et j’insiste sur le « égratigner gentiment », car jamais aucune once de mesquinerie ne pointera son nez au fil du bouquin, laissant plutôt place à l’humour, bien sûr, mais également à une douce mélancolie, comme si le bonhomme jetait avec nostalgie un coup d’œil dans le rétro’ de sa propre vie. D’où la bonne idée d’en confier le dessin à Radiguès, qui, de son trait fragile et sensible – pile à la croisée de la ligne claire et du comics indé’ – s’avère être le candidat idéal pour retranscrire le regard tendre et plein de compassion de Cuvellier.
A la manière d’un Klapisch à ses débuts, les auteurs nous livrent donc un récit centré sur une poignée de personnages justes et attachants pour nous parler plus largement d’une génération, ou du moins, de la fin d’une époque : le passage de l’adolescence à « la vraie vie des grands », avec moins de futilités, plus de responsabilités, et pas mal de questions existentielles, voire spirituelles… mais sans jamais se prendre la tête, hein ?!
La cire moderne, de Vincent Cuvellier & Max de Radiguès (ed. Casterman).
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