– Weegee, de Max de Radiguès & Wauter Mannaert –

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Avouons-le : au premier feuilletage, cet album m’a quelque peu déçu.
Non pas que le dessin, soit moche, hein – loin de là – seulement, le grand fan de Max de Radiguès qui sommeille en moi ne pouvait cautionner que ce livre fût dessiné par un autre !
Néanmoins, le même fan-de-Max-de-Radiguès-qui-sommeille-en-moi ne pouvait décemment pas non plus laisser passer une œuvre du talentueux garçon.

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C’est donc un poil frileux que je me suis embarqué dans cette lecture… et c’est finalement totalement réjoui que j’en suis ressorti !

Réjoui d’une part par le sujet – la biographie d’un grand photographe de presse américain aux méthodes peu orthodoxes – mais réjoui également par le dessin !
Car oui, si le trait fragile et sensible de Radiguès saura toujours me toucher au long des chroniques adolescentes douces-amères dont il a le secret, peut-être eût-il été peu adapté à l’ambiance émanant de ce livre-ci : le photographe – spécialiste des scènes de crimes – arpentant les rues des quartiers peu reluisants du New York des années 30, en quête constante d’un drame bien croustillant… et plus celui-ci sera sanglant, plus il vaudra de l’or auprès des journaux toujours avides de faits morbides !

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Le trait de Wauter Mannaert, lâché et spontané, agrémenté d’une bichromie insistant idéalement sur les ombres, les recoins obscurs et les ciels noirs, se révèle donc parfait pour retranscrire les longues nuits où Weegee, tel un charognard, guette le moindre cadavre abandonné sur le trottoir, l’oreille attentivement scotchée à un poste de radio réglé sur la fréquence de la police.
Et si la scène de crime n’est pas assez spectaculaire, le photographe n’hésitera pas à y ajouter sa touche personnelle, que ce soit en trafiquant ses photos… aussi bien qu’en s’improvisant metteur en scène de ces tableaux funéraires, redisposant avec soin les corps sans vie sous leur meilleur angle !

Ainsi, les deux auteurs nous dressent un portrait cru et sans fard, aussi touchant qu’intéressant, sur un bonhomme à la personnalité trouble mais profondément sincère et passionné au possible.
Un portrait doublé d’une belle série d’instantanés sur le New York du début du siècle dernier, ses rues, ses immeubles, ses voitures… ce New York cher aux Scorsese, De Niro et consorts !
Tirons également notre chapeau à l’éditeur qui parfait ce joli travail en agrémentant l’ouvrage de reproductions de photos d’époque, réalisées par Weegee lui-même.

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Weegee, de Max de Radiguès et Wauter Mannaert (ed. Sarbacane).

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