– Notes (Tome 10), de Boulet –

Notes 10

Est-il encore nécessaire de présenter môÔôssieur Boulet ?

Figure illustre parmi les pionniers du blog BD, il en devient rapidement le maître absolu, souvent imité mais jamais égalé, acclamé par ses lecteurs comme par ses pairs, ses notes diffusées en lignes deviennent bientôt plus célèbres que ses véritables récits distribués en librairie.

Un succès qui transformera tout naturellement cette incroyable cyber-matière première en de beaux albums papier, véritables best sellers qui enchanteront les vieux afficionados du maître comme ses jeunes néophytes !

Alors, encore une fois : est-il nécessaire de présenter le môssieur, et, en particulier, ce dixième tome d’une série déjà largement connue et reconnue ?

Eh bien, oui !
En effet, avec ce recueil compilant des notes diffusées lors de la dernière « saison » du blog (2013-2015) et des pages inédites finalisées l’automne dernier, nous nous plongeons dans le travail le plus récent de Boulet, et pouvons admirer la fabuleuse évolution de son art.

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Quel chemin parcouru depuis ce jour où, poussé par son amie Mélaka, le jeune et timide auteur de Tchô magazine donnait vie au désormais mythique Bouletcorp.

On y découvrait alors un jeune homme incertain, un peu dépassé par le truc, qui s’essayait à de nouveaux styles tout en posant petit à petit les jalons de sa propre mythologie.
On y retrouve aujourd’hui un artiste confirmé, carrément maître des lieux, qui s’amuse avec sa palette incroyable de styles et les nombreux gimmicks de sa propre mythologie.

Dans ce nouvel opus, nous embarquons alors dans ce monde sans cesse plus vaste où personne ne s’étonne plus que l’on puisse y manger un kébab tout en chevauchant un T-Rex, ou que l’on s’y transforme en guerrier super-sayan pour fermer violemment son clapet à un mélomane relou’ !
Un monde que l’on connait par cœur, où l’on se sent un peu comme à la maison, mais où on se laisse pourtant surprendre comme des bleus au détour d’une case, le lascar ne s’endormant jamais sur ses lauriers, et plutôt que de ressasser en boucle les mêmes thèmes et marottes, les usant jusqu’à la corde, parvient encore à les faire mûrir, les bonifier, les réinventer, les sublimer…!

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Une évolution que l’on constate également sur le plan technique : avec ces innombrables pages abattues, on retrouve là un bédéaste au sommet de son art, doué d’une réelle maîtrise du média, du mode de langage propre à cette narration. Ses découpages, ses cadrages, la précision de son trait, tout est incroyablement soigné, et pourtant, on sent derrière une réelle fluidité, une spontanéité, une liberté… une virtuosité presque évidente, finalement.

A l’instar d’un Trondheim et son aigle grincheux, Boulet s’est modelé petit à petit son propre avatar, nourri de cette mélancolique nostalgie et de cette soif de modernité, de cette vision extraordinaire du quotidien et pas banale de l’extraordinaire, d’une acuité hallucinante sur le monde qui l’entoure et d’une bonne dose de mauvaise foi, et d’un humour aussi personnel qu’universel qui fait mouche à chaque fois…
…un avatar que l’on retrouve pour la dixième fois avec un plaisir sans cesse plus grand, et que l’on abandonne avec une seule envie : le retrouver au plus vite !

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Notes, Tome 10, de Boulet (ed. Delcourt – Shampooing).

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