Lorsque l’on connait l’univers complétement barré du génial Fabcaro, ce qui saute immédiatement aux yeux lorsqu’on ouvre son dernier livre, c’est le changement radical de ton qu’il insuffle à son dessin. S’éloignant de son style humoristico-loufoque léger et fou-fou, Fabcaro opte ici pour une approche autrement plus sérieuse, non sans rappeler des artistes tels que Bastien Vivès ou Ruppert & Mulot.
Sûrement pour coller au mieux au ton de ce nouveau scénario, bien plus grave et engagé que ses productions précédentes, mélangeant habilement road movie et critique sociale, nous embarquant sur les pas de ce pauvre homme mis au ban de notre société et forcé de fuir – abandonnant famille, travail, et amis – pour avoir outrageusement oublié sa carte de fidélité du supermarché dans son autre pantalon.
De là, les évènements s’enchainent, tous plus violents les uns que les autres : l’homme menace le vigile à l’aide d’un poireau, poussant ce dernier à effectuer une roulade arrière, puis se lance dans une cavale effrénée en auto-stop afin de rejoindre la Lozère, contrée hostile et coupée du monde où il tentera d’échapper aux forces de police lancées à ses trousses….et par la même, à la terrible peine de karaoké encourue pour non-présentation de carte de fidélité du supermarché.
Vous l’aurez compris, Fabcaro nous livre ici un livre fort et puissant, un brûlot sans concession dénonçant avec courage les pires travers de notre système tout en explorant des sujets aussi divers et vastes que la peur suscitée par les auteurs de BD chez les gens normaux, l’arrogance des personnes qui débattent en joignant leur pouce et leur index pour donner du poids à leur propos, l’infâme complot judaïque dissimulé derrière chaque carte de fidélité de supermarché que l’on refuse de présenter, ou encore l’exothermie des liaisons macromoléculaires par polymérisation thermodurcissable en milieu cryoprotecteur.
Après son fabuleux carnet de voyage au pays des lamas écrit en direct de son canapé (clic), jetez-vous sur la nouvelle arnaque de Fabcaro, aussi bien construite que sans queue ni tête, aussi fine et intelligente qu’absurde et complètement débile, aussi succulente que putain d’hilarante !
Zaï zaï zaï zaï, de Fabcaro (ed. 6 Pieds Sous Terre).
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Sympa, mais il y avait encore mieux à faire je pense. Du coup je reste un peu sur ma faim.
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