* Pour ceux ayant manqué le début : chronique du premier tome, ici.
Amateur d’aventures et de défis fou-fous, Kevin Cannon accepta le pari insensé de s’accaparer le principe des 24 heures de la BD (réaliser une histoire de 24 pages en 24 heures) et de s’y plier chaque mois durant un an ! Le résultat fut Far Arden, petit mais épais bouquin (près de 300 pages !) aussi génial que loufoque.
Fort de sa réussite, le bonhomme ne se laissa pas démonter, et s’attaqua dans la foulée à un second tome encore plus gargantuesque que le premier !
Ce coup-ci, ce ne sont pas moins de 500 pages que nous livre Cannon, reprenant tous les ingrédients ayant contribué au succès de Far Arden… et y ajoutant ce petit je-ne-sais-quoi qui relève encore davantage cette recette déjà bien alléchante !
Un je-ne-sais-quoi qui se trouverait peut-être dans le dessin, toujours aussi lisible et dynamique que dans le premier opus, tout en se révélant également plus riche et plus profond. A la manière d’un Trondheim qui se lança dans Lapinot et les carottes de Patagonie pour parfaire son style, Kevin Cannon acquiert au long de ces 2 pavés un trait de plus en plus fin, plus travaillé et plus détaillé ; permettant un véritable travail sur les nuages, les ombres et les fumées, la vitesse et le mouvement, et rendant l’expérience encore plus immersive et réjouissante.
On est littéralement happé par cet ouragan de rebondissements, de retournement de situations, de surprises et de révélations, qui pourraient presque passer pour un joyeux bordel partant en tous sens, si tout ne finissait pas par se recouper miraculeusement dans un final des plus cohérents et maîtrisés.
Alors, si vous étiez tombés sous le charme d’Army Shanks, rembarquez sans hésiter aux côtés du courageux et bondissant loup de mer : vous rencontrerez toute une brochette de nouveaux personnages haut-en-couleurs, et vivrez d’époustouflantes aventures sur fond de piraterie et de conquête spatiale, qui vous conduiront des contrées hostiles de l’Arctique… aux sols arides et pourtant ô combien convoités de notre bonne vieille lune !
Cratère XV, de Kevin Cannon (ed. Çà & Là).