– Lose, de Michael DeForge –

Lose est un recueil de comics que Michael DeForge a commencé à écrire suite à sa tentative de suicide.

Il y traite tout un tas de sujets divers et variés tous plus entrainants et enjoués les uns que les autres : un petit garçon un peu à part persécuté par les grands de son école, un père de famille divorcé toujours amoureux de son ex-femme et totalement rejeté par ses enfants, le cas étrange des membres de la famille royale canadienne dont tout trait (tant physique que de caractère) est soigneusement gommé pour paraître aussi lisse que le veux la bienséance, la propagation de cette terrible maladie affublant le même visage à chaque être vivant et conduisant fatalement à l’uniformisation de la population, humaine comme animale…
Des heures de franche rigolade en prévision, hein ?

Pourtant, malgré les thèmes abordés – allant du peu joyeux au carrément morbide –, ce livre se révèlera bien plus attrayant que ce que l’on pouvait craindre.

Tout d’abord grâce à l’approche choisie : l’auteur ne s’attaque jamais à l’affaire de manière frontale (évitant ainsi tout aspect moralisateur) ni en se focalisant sur sa petite personne (contournant le piège de l’autobiographie nombriliste). A ceci, il préfère une approche oscillant entre l’humour, l’absurde, l’étrange, ou le naïf, totalement à contrepied, se débarrassant des atours lourds et ennuyeux du sujet sans jamais le départir de sa gravité, et au contraire, appuyant parfois encore plus sur ses aspects négatifs et horribles, dérangeants et révulsants !

Un choix que l’on ressent également au travers des dessins, allant allégrement piocher dans le registre enfantin, mettant des personnages tout en rondeur, en bonhommie, certains même à la limite du kawaï… pour mieux les détourner, les exposer à l’horreur, et parfois même les salir, les souiller, ou les écorcher !

Entre le livre engagé porteur de messages et dénonciateur des travers de notre société, ou le fanzine d’adolescent sans autre prétention que de défouler ou choquer, Lose saura nous faire réfléchir autant que rire ou trembler… n’est-ca pas déjà un sacré gage de qualité ?!

Lose, de Michael DeForge (ed. Atrabile).