Si comme moi vous avez découvert Fantômas, gamins, en suivant sur votre vieux poste TV les pérégrinations du pauvre De Funès sans cesse ridiculisé par cet homme au masque bleu flashouille… oubliez tout !
Dans cette adaptation bédégraphique, les auteurs jurent fidélité aux pères de Fantômas, et donnent vie en ces pages à un personnage aussi violent et terrifiant que l’avaient imaginé Souvestre et Allain à l’époque.
Un personnage énigmatique et fantomatique, et parfois même, par certains aspects, aux limites du surnaturel : ne le voit-on pas ici changer d’apparence, prendre le contrôle du corps d’autrui, ou encore survivre à la guillotine ?
Tours de passe-passe, pouvoirs magiques, ou fruits d’inventions issues tout droit de son cerveau aussi intelligent que machiavélique, c’est ce qu’essayera de découvrir le commissaire Juve, policier courageux et pugnace, qui consacrera tout son temps et son esprit à la traque du dangereux criminel.
Un retour aux sources qui rend hommage aux romans originels, mais aussi à l’époque en laquelle ils virent le jour.
Non seulement dans le texte – de par les expressions des personnages ou l’argot parisien caractéristique du début du siècle dernier – mais aussi et surtout dans l’aspect visuel extrêmement maîtrisé.
Julie Rocheleau apporte un soin tout particulier aux décors, vêtements, accessoires, et nombreux autres détails créant une ambiance si chère à l’époque, et illustre le tout avec un style et une colorisation qui ne sont parfois pas sans rappeler les fameuses affiches de Toulouse Lautrec.
Hommage au temps jadis, donc, mais jamais sans modernité, ne serait-ce que dans les postures offertes à Fantômas : fières et arrogantes, proches de celles que l’on peut voir dans les comics de super-héros, et qui placent directement notre brigand dans la peau du premier super-vilain de l’Histoire !
Deux premiers tomes grandioses qui (re)donnent vie à un personnage aussi charismatique et fascinant qu’effroyable et effrayant, et promettent un triptyque captivant et d’une rare qualité.
La colère de Fantômas, d’Olivier Bocquet & Julie Rocheleau (ed. Dargaud).