« Cette proéminence sur mon dos… acné ou cancer ?
Ces démangeaisons permanentes… simple eczéma ou dangereuse maladie cutanée ?
Et cet appartement où l’on vit, n’est-il pas un véritable nid à virus ? »
Sam est un hypocondriaque dans les règles de l’art : persuadé d’être la cible de toutes ces putains de maladies qui trainent autour de nous, il passe le plus clair de son temps à inspecter chaque centimètre de son corps pour parer au mieux toute éventuelle infection !
Une psychose qui s’avérera de plus en plus envahissante, et qui poussera finalement sa compagne Rachel – littéralement étouffée par ses phobies – à mettre un terme à leur relation.
Le pauvre Sam qui pensait pourtant s’être préparé à tout, ne l’avait vraiment pas vu venir, celle-là !
C’est donc blessé au plus profond de lui-même et totalement désemparé qu’il devra affronter cette terrible épreuve…
…l’amour serait-il finalement la pire des maladies ?
Après avoir « couché avec la mère et tué le père » dans Rorschach, Terreur Graphique se livre à une nouvelle psychanalyse bédégraphique en couchant sur le papier les conséquences ravageuses de la rupture dans cet album intime et oppressant.
Un album génialement réalisé, à la narration déstructurée illustrant parfaitement la brisure de l’homme, sa vie qui vole en éclat sous le poids et le choc de la séparation.
Un graphisme qui joue à fond sur la symbolique (l’énorme araignée insidieuse, le tas de vers grouillants, la contamination bactérienne…) pour personnifier cette pernicieuse maladie qui s’insinue toujours plus dans son quotidien.
Des proportions, des perspectives, et des perceptions qui se déforment à mesure que l’hypocondrie devient folie pure et dure.
Une touche de couleur qui, plutôt que d’apporter de la lumière, se résume la plupart du temps en une bichromie appuyant encore plus les ombres qui dévorent les personnages.
Un cadrage hyper-serré se focalisant sur des détails, des parties de corps, duquel résultent des cases réduites et étriquées apportant une impression d’étouffement, de claustrophobie, et accentuant le côté anxiogène du récit.
Un livre intime et personnel où l’auteur nous dévoile ses angoisses les plus profondes avec une telle maestria qu’il nous agrippe et nous embarque violemment dans sa propre descente aux enfers…
…angoissant, prenant, dérangeant, poignant : Terreur Graphique n’aura jamais aussi bien porté son nom !
Hypocondrie(s), de Terreur Graphique (ed. Six Pieds Sous Terre).
Terreur Graphique… que de bons souvenirs ! Ravie de lire qu’une nouvelle publication va passer sous mes yeux…
Ah ça, y a pas à dire : c’est un grand, ce bonhomme !
Cette maladie d’amour, tout de même relativement rare chez les hommes, et qui les expose à des déconvenues inutiles, leur est inoculée par leur mère.