Fait Divers :
Un cinquième corps de femme vient d’être repêché dans l’étang du Bois Mesdames.
Comme pour les crimes précédents, la victime a été dépecée selon un rite bien particulier, et un masque de plâtre a été retrouvé sur le lieu du drame.
Un nouveau trophée au funeste tableau de chasse de celui que l’on surnomme déjà le Tueur du Bois Mesdames ?
Un tueur en série, ça effraie les badauds autant que ça les excite, alors forcément, un tel fait divers est une occasion rêvée pour les journalistes racoleurs qui s’empressent d’en faire leurs gros titres.
L’un d’eux en a même tiré un livre.
Cinq ans plus tard, ce même journaliste retourne en ces bois maudits afin de prendre des photos, et surprend un homme penché sur le cadavre d’une femme. Grâce à la force et la rage de l’animal apeuré et acculé, le photographe parvient à maitriser le meurtrier et découvre en son sac une réplique du fameux masque de plâtre.
Plutôt que de prévenir la police, il choisit alors d’assouvir sa curiosité en retenant prisonnier et questionnant celui qui pourrait être le tristement célèbre Tueur du Bois-Mesdames.
Mais bien vite, nous constaterons que l’intérêt du journaliste pour le tueur se révèlera être une véritable obsession ; obsession elle-même nourrie d’une réelle admiration, malsaine et morbide…
L’album se construit donc comme un huis-clos – un peu dans l’esprit de La jeune fille et la mort, de Polanski – où le bourreau se retrouve en position de victime, retenu et torturé par une personne censée représenter le bien… mais dont les actes nous pousseront de plus en plus à douter quant à l’état de sa raison !
En ressort une ambiance lourde et dérangeante, parfaitement illustrée par le crayon à papier au rendu brut et rugueux de Cédrik le Bihan, et ses cadrages soignés et travaillés, créant à la fois une certaine intimité entre les deux personnages, et évitant la monotonie et l’aspect austère qui pourraient découler d’un tel genre en BD.
Le Tueur du Bois Mesdames, de Cédrik Le Bihan & Sébastien Viozat (ed. Même Pas Mal).
Tout est dit, il n’y a rien à ajouter si ce n’est que de constater qu’il fallait oser le noir et blanc et le moins que l’on puisse dire le pari est réussi!!!!!!!!!!!!!!!!!!
En tant qu’adepte du N&B, pas de soucis pour moi à ce niveau-là, au contraire.
Ce qui me faisait peur, c’était surtout le format : il n’est pas toujours facile d’embarquer le lecteur en si peu de pages… et pourtant, là, c’est bien tourné, comme une rencontre, brève et intense, et ça marche carrément !