* Pour ceux ayant manqué le début : critique du Tome 1.
Retour sur l’île de Tortuga… ou plus précisément sur Plage Noire.
C’est ici qu’après avoir défait Don Valverde et ses soldats lors d’un abordage aussi épique que mystique, Eric Gorsen – possédé par l’esprit du mythique Ankou – fera escale dans l’espoir de réunir un équipage de fiers corsaires et faire ainsi renaître la flibuste de ses cendres…
…Mais sa déception sera grande quand en guise de fiers corsaires, il découvrira en fait une bande de soiffards imbibés de rhum, préférant sans vergogne vivre des fruits de l’esclavage plutôt que de combattre les colons espagnols.
Pourtant, le valeureux pirate devra faire preuve de persuasion et de poigne pour s’imposer comme capitaine et remotiver les troupes au plus vite, car au large, l’infâme Don Valverde vogue déjà vers euxaux commandes d’un redoutable vaisseau de guerre, assoiffé de vengeance et de sang !
Un second album qui confirme et affirme les qualités du premier tome, tant au niveau scénaristique, que graphique.
Pour ce qui est de l’histoire, Sébastien Viozat évite la facilité et prend le large par rapport à un « Pirate des Caraïbes » à l’extravagance et l’humour trop présent, pour voguer plutôt versle « Pirates ! » de Polanski et son côté authentique et brut, voire même d’un Sergio Leone et ses héros au regard sombre prêts à tout pour se venger…
Visuellement, on retrouve un Antoine Brivet extrêmement à l’aise dans cet univers, nous gratifiant d’un trait affiné et plus précis encore, original et racé.Le lascar saura apporter un soin du détail et des perspectives hallucinant sur certaines cases aux décors grandioses, tout en étant capable dans les suivantes de tracer des visages super-expressifs en trois coups de crayons bien sentis.
Et si ses encrages denses et intenses soulignent idéalement la touche de noirceur du récit, ils seront joliment contrebalancés par une palette de couleurs tantôt flamboyantes sous le soleil des Caraïbes, tantôt aux nuances plus sombres les nuits où plane la magie Vaudou.
Un album clôturant habilement ce diptyque sur l’Ankou, mais maintenant que la flibuste s’est fièrement relevée, on embarquerait volontiers à la rencontre des autres corsaires écumant les eaux noires qui bordent Tortuga !
Tortuga, Tome 2, de Sébastien Viozat& Antoine Brivet (ed. Ankama).
Très bel article, merci à vous ! Le rapprochement avec PIRATES ! de Polanski me touche tout particulièrement.
Béh, de rien… merci à vous 2 pour une si belle aventure !
Content que la référence à « Pirates ! » ait fait mouche, car je l’ai revu dernièrement et en le regardant, j’ai souvent pensé à Tortuga !
Je l’ai revu également quand il est passé à la téloche il y a un ou deux mois… et j’ai été frappé de l’influence de certains passages de PIRATES ! sur TORTUGA… jusqu’à la cicatrice commune de Valverde et Don Alonzo, juste sous l’oeil droit, alors que je ne me souvenais plus de ce détail lorsque j’ai écrit le scénario de TORTUGA. 🙂