Si vous songez à vous marier prochainement, vous feriez mieux d’oublier le cinéma cette semaine!
Parce que franchement, des films comme Pourquoi tu pleures? ou Blue Valentine sont de nature à remettre sérieusement en cause vos beaux projets d’union matrimoniale et vous faire perdre foi en l’amour et la vie à deux.
Bonjour tristesse !
Bon, déjà, un mariage, c’est une cérémonie, et une cérémonie, ça se prépare… Ce qui n’est pas sans occasionner un certain stress pour les futurs mariés et pour leur entourage. Et plus le stress grandit, plus des tensions peuvent apparaître entre le couple et leurs amis, leurs parents, voire entre les tourtereaux eux-mêmes…
Comme s’ils avaient besoin de ça!
Car, à côté de toute cette agitation, les fiancés doivent aussi gérer leurs propres émotions, leurs doutes, leurs angoisses face à cet engagement mutuel. Ils doivent accepter le côté “officiel” de leur union, et “sacré” pour ceux qui font un mariage religieux, se dire que cette fois, c’est du sérieux. Du trop sérieux, même… Ils peuvent ainsi avoir vraiment le sentiment de “se passer la corde au cou”, comme dit l’expression…
Autant dire que, généralement, plus le jour fatidique approche, plus les futurs mariés voient leur tension monter…
Un mariage, c’est du bonheur, peut-être, mais c’est aussi beaucoup de stress!
Prenez Arnaud (Benjamin Biolay), le héros malheureux de Pourquoi tu pleures? Il doit se marier dans trois jours avec la belle Anna (Valérie Donzelli) et se retrouve plongé en pleine tourmente, englué dans ses doutes et ceux de sa promise, pris dans un rythme effréné et dans l’hystérie ambiante…
Après une nuit d’enterrement de vie de garçon bien arrosée, mouvementée et trop courte, il est réveillé par l’agent immobilier venu faire visiter son appartement, qu’il doit abandonner pour s’installer, après la noce, dans la maison que le couple a faite construire.
Puis il doit filer à l’aéroport accueillir des membres de sa belle-famille, venus d’Israël pour assister au mariage…
Puis il doit retrouver son témoin et meilleur pote pour régler quelques détails autour de la cérémonie…
Mais avant cela, il doit passer déjeuner chez sa soeur (Emmanuelle Devos), sur les nerfs avec tous ces préparatifs, et bien décidée à boucler le plan de table dans les plus brefs délais. Et téléphoner à sa mère (Nicole Garcia) pour discuter de l’invitation au mariage de tantes dont il ne connaissait même pas l’existence.
Il doit aussi faire acte de présence chez ses beaux-parents et donner l’accolade à une cohorte de cousins de sa fiancé, qui ne lui parlent qu’en hébreu – langue qu’il ne maîtrise évidemment pas…
Et pour couronner le tout, Anna a disparu, pour réfléchir à tout ça et dissiper ses doutes quant à ce mariage!
Sympa, non?
Alors, forcément, ce grand garçon nonchalant qui s’était promis, jadis, après la séparation de ses parents, de ne jamais se marier et qui cumule depuis des aventures sans lendemains, se met lui aussi à réfléchir sur le bien-fondé de cette union, sur les responsabilités et les sacrifices qu’elle induit. Aïe, ça sent le capital-liberté qui va s’amenuiser, tout ça…
Alors que faire? Tout arrêter ou se lancer dans une vie maritale qui a des allures de piège fatal?
Franchement, vu toute la clique qui s‘agite autour de lui, on comprend qu’Arnaud ait envie de tout plaquer et de partir loin, très loin, ou d’aller se blottir dans les bras de Léa (Sarah Adler), la gentille chanteuse de cabaret pour laquelle il a eu un coup de coeur…
Ah! Il faut voir Emmanuelle Devos lui balancer des regards furibards ou flipper devant les projets éléphantesques de la belle-famille pour la noce… Ou Nicole Garcia lui filer des baffes tonitruantes en le suppliant de ne jamais l’abandonner (“J’ai le droit, je suis ta mère!”).
Et que dire de la belle-famille, qui veut systématiquement lui faire bénéficier de sa propension aux “câlins gratuits” et le gaver de pâtisseries orientales, ou des potes envahissants qui déboulent chez lui à l’improviste?
Et bien sûr, il y a la fiancée elle-même, sacrément dérangée : elle passe son temps à penser et repenser la décoration de leur future demeure et se comporte comme une gamine de huit ans dès qu’elle croise des gamins au parc…
Ils sont agaçants, tous ces personnages au bord de la crise de nerfs. C’est voulu, et on devrait normalement rire de toute l’agitation qu’il occasionnent et de l’impact sur le pauvre Arnaud. Le hic, c’est que cela ne fonctionne que par intermittences, et on subit un peu contraint et forcé toute cette hystérie, attendant vainement que la mécanique s’emballe.
La mise en scène de Katia Lewkowicz est hésitante (un peu normal pour un premier film…) malgré quelques beaux moments, comme la chanson que Léa adresse à Arnaud, et le travail sur le son est bâclé, si bien que certains passages sont difficilement audibles (ou alors, c’est votre serviteur qui devient sourd…).
Restent des acteurs qui assurent le métier et font ce qu’il peuvent avec leurs insupportables personnages…
Non, désolé, on éprouve de la sympathie pour la cinéaste, mais on ne file pas le grand amour avec son film…
Bon, si après tout ça, vous voulez quand même convoler en justes noces, un oeil sur Blue Valentine vous fera peut-être définitivement renoncer.
En effet, le film de Derek Cianfrance tourne autour de la déliquescence d’un couple après sept ans de mariage.
Dean (Ryan Gosling) et Cindy (Michelle Williams) se sont follement aimés, mais aujourd’hui, ils passent leur temps à se disputer, usés par la routine du quotidien.
Ils décident de se donner une dernière chance, le temps d’une nuit romantique dans un motel, sans leur petite fille, Frankie (Faith Wladyka). Cela leur rappelle leur rencontre, les raisons pour lesquelles ils se sont aimés, la construction de leur cocon familial.
A l’écran, cela donne d’incessants va-et-vient entre passé et présent, qui montrent non sans cruauté le fossé qui sépare leurs attentes d’alors, leurs rêves, leur confiance en l’avenir et un quotidien morose, fait d’échecs et de médiocrité.
Quand Dean a séduit Cindy, il la faisait rire, la surprenait constamment, se comportait en parfait gentleman en lui prodiguant de petites attentions… Aujourd’hui, ce n’est plus vraiment cela. Il se contente d’être disponible pour sa fille.
Cindy était plus câline, plus passionnelle. Aujourd’hui, elle rechigne à passer une soirée en tête-à-tête avec son mari, n’est plus aussi prodigue en geste affectueux.
Cindy rêvait de finir ses études et de devenir médecin, mais elle n’occupe qu’un frustrant poste d’aide-soignante. Sans doute a-t-elle beaucoup sacrifié pour sa famille…
Dean n’avait pas de diplôme, mais avait le potentiel pour faire de grandes choses selon son épouse. Hélas, elle l’a vu peu à peu s’enfermer dans un travail purement alimentaire et diluer ses anciennes ambitions dans l’alcool, dès la première heure du jour…
Tous deux rêvaient de voyage, de conquêtes, d’aventures, mais n’ont finalement jamais quitté leur ville natale, englués dans une routine tue-l’amour.
Peuvent-ils encore surmonter ces déceptions? Leur amour a-t-il encore une petite chance de se réveiller et leur permettre de relancer leur couple?
Réponse au terme de près de deux heures de film, dans une ambiance cafardeuse grise/bleutée, pleine de mélancolie et d’amertume…
Oui, il faut avoir le moral pour affronter un tel film. Mais si vous êtes suffisamment armés pour l’encaisser, le film de Derek Cianfrance saura peut-être vous séduire de par sa mise en scène précise et tranchante comme la lame d’un chirurgien qui pratiquerait l’autopsie de cet amour brisé. Et surtout, vous pourrez voir jouer deux des meilleurs acteurs hollywoodiens actuellement en exercice : Michelle Williams et Ryan Gosling.
Ils sont tous les deux particulièrement convaincants dans des rôles pas si simples que cela à jouer, puisqu’ils évoquent – évidemment – l’ombre du John Cassavetes de Faces ou de Love streams…
Voilà, c’est dit… Maintenant, si vous désirez encore passer devant le maire, bon courage et bonne chance…
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Pourquoi tu pleures?
Pourquoi tu pleures?
Réalisatrice : Katia Lewkowicz
Avec : Benjamin Biolay, Emmanuelle Devos, Nicole Garcia, Valérie Donzelli, Sarah Adler, Eric Lartigau
Origine : France
Genre : y a un(e) noce…
Durée : 1h39
Date de sortie France : 15/06/2011
Note pour ce film : ●●●○○○
contrepoint critique chez : Excessif
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Blue Valentine
Blue Valentine
Réalisateur : Derek Cianfrance
Avec : Michelle Williams, Ryan Gosling, Mike Vogel, John Doman, Faith Wladyka, Ben Shenkman
Origine : Etats-Unis
Genre : autopsie d’un amour mort
Durée : 1h54
Date de sortie France : 15/06/2011
Note pour ce film : ●●●●○○
contrepoint critique chez : Le Figaro
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