Titre puéril, grosses peluches balourdes pour héros,… A première vue, on pourrait penser que Max & les Maximonstres est uniquement destiné aux spectateurs les plus jeunes. Mais, sous la direction de Spike Jonze, le génial réalisateur de Dans la peau de John Malkovich, cette adaptation d’un classique de la littérature enfantine (1) devient un film plus profond qu’il n’en a l’air, touchant un public plus large grâce aux différents niveaux de lecture offerts.

L’histoire raconte les aventures de Max, un petit garçon turbulent qui, après avoir été puni par sa mère, se retrouve cantonné à sa chambre. Il s’en évade, réellement ou par la pensée, au choix, pour gagner un univers parallèle. A bord d’un minuscule voilier, il accoste sur une île peuplée d’une dizaine de grandes créatures, mix entre des animaux et des monstres gentils : les Maximonstres. Ceux-ci sont comme de grands enfants qui accumulent les actions inconséquentes et les chamailleries, en attendant qu’un leader vienne les guider et donner un sens à leurs existences. Max, qui débarque vêtu d’un costume de loup, est vite désigné comme le nouveau suzerain. Au début, comme tous les gamins de son âge, il est ravi de pouvoir régner sur un univers bien à lui, qu’il rêve de pouvoir façonner à sa guise. Il promet félicité et harmonie à ses nouveaux sujets. Mais très vite, il se rend compte qu’il n’est pas si facile d’exercer le pouvoir, que le fait d’être un chef, un leader, un parent, même, implique des responsabilités, et que les relations avec les autres ne sont jamais simples à gérer…

Les plus jeunes apprécieront sûrement de voir de grandes bestioles pelucheuses, créées par le studio de Jim Henson, l’inventeur des Muppets, passer le plus clair de leur temps à faire les fous, sauter partout et se régaler de leurs bêtises, même si l’univers gris, assez froid du film, est assez loin des mondes colorés de Disney…

Les enfants un peu plus grands, voire les adolescents, seront sensibles à la morale de ce conte initiatique, qui entend leur (ré)apprendre la responsabilité et la placidité. Et leur faire comprendre que la liberté individuelle est une belle chose, mais qu’il y a aussi des règles à respecter pour vivre en société. Tout est dans le titre original « Where the wild things are » (où sont les choses sauvages) : il s’agit de dompter les instincts bestiaux primitifs qu’il y a en nous, d’apaiser ses démons intérieurs ou de les isoler dans un recoin de notre âme…

Les adultes, enfin, admireront la mise en scène élégante de Spike Jonze, l’esthétique particulière de l’œuvre, aux accents mélancoliques et oniriques, et la bande originale, signée par Karen O du groupe The Yeah Yeah Yeahs.
Ils seront émus par les angoisses de ce petit garçon qui se sent délaissé par sa famille. Dans le film de Spike Jonze, la sœur de Max, a quitté l’enfance pour l’adolescence, et passe logiquement plus de temps avec des jeunes de son âge qu’avec son jeune frère. Le père est décédé ou a abandonné le domicile familial. La mère, elle, essaie de lui accorder le plus d’attention possible, mais elle essaie aussi de refaire sa vie, ce que Max a du mal à admettre. Pris de panique par l’idée qu’on l’abandonne, le garçon craque, devient incontrôlable, jusqu’à ce qu’il comprenne à quel point les relations humaines sont complexes, via ce voyage initiatique qui a la texture et la densité d’un rêve. L’œuvre séduit d’ailleurs par son aspect psychanalytique fort. Chaque événement de l’histoire fait écho à une des situations du début du film, et les caractères des Maximonstres sont plus ou moins calqués sur ceux des proches de Max.

Chacun devrait donc trouver son compte en regardant Max & les Maximonstres. Un avertissement, cependant : il n’est pas du tout certain que les plus jeunes soient les plus enthousiastes face à ce qui est, de l’aveu même du cinéaste, moins un film pour enfants qu’un film sur l’enfance…
Pour autant, Spike Jonze a mené ce projet à bien en le rendant accessible à un large public, réussissant là où les studios Disney ont échoué à plusieurs reprises (2). Et il en a surtout fait une œuvre très personnelle, intelligente, profonde et poétique, qui ne dépare nullement avec le reste de sa filmographie. Alors tant pis pour les plus petits et tant mieux pour les cinéphiles…

(1) : « Max & les Maximonstres » de Maurice Sendak – éd. L’école des loisirs
(2) : Disney a tenté, dès 1983, de tirer un film d’animation de cette histoire, sous la houlette de John Lasseter, avant que ce dernier ne parte fonder Pixar. Quelques images sont visibles ici.
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Max & les Maximonstres Max & les Maximonstres
Where the wild things are

Réalisateur : Spike Jonze
Avec : Max Records, Catherine Keener, Charlotte Gainsbourg (voix), James Gandolfini (voix) 
Origine : Etats-Unis
Genre : Max au pays des merveilles
Durée : 1h42
Date de sortie France : 16/12/2009

Note pour ce film : ˜˜˜˜

contrepoint critique chez : 
                                      L’encyclopédie du cinéma fantastique

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