Avec son premier long-métrage de fiction, Le Coeur des hommes, Marc Esposito avait remporté un joli – et assez mérité – succès public.
Depuis, il semble tenter, en vain, de retrouver cette recette miracle qui avait su toucher les spectateurs. Il recycle sans cesse les mêmes histoires, les mêmes ressorts dramatiques usés, les mêmes poncifs sur la psychologie masculine – ou féminine – le tout plongé dans un bain de bons sentiments un peu trop sucré à notre goût.

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Mon pote, son nouveau film, ne déroge pas à la règle. Il y est encore question d’une histoire de camaraderie virile, cette fois-ci entre Victor (Edouard Baer) et Bruno (Benoît Magimel).
Le premier est propriétaire d’une revue spécialisée dans les chroniques automobiles – parce qu’un homme, un vrai, ça aime les voitures. Le second végète en prison suite, également à une histoire de voitures… volées – parce qu’un homme, un vrai, ça fait des conneries.
Ils n’auraient jamais dû se croiser, mais voilà, Victor avait accepté de venir parler de son travail dans le centre pénitentiaire où Bruno est détenu, et il a tenu parole –parce qu’un homme, un vrai, ça tient ses promesses.
Du coup, le prisonnier réussit à glisser un petit mot dans la poche du journaliste, dans lequel il le supplie de lui donner sa chance et de l’embaucher dans son journal. C’est le rêve de sa vie – parce qu’un homme, un vrai, ça a des ambitions.
Ca tombe bien, il y a justement un poste de maquettiste à pourvoir au sein de la rédaction. Victor n’hésite pas une seconde et engage le taulard, qui ne connaît absolument rien au métier, dans sa petite entreprise – un homme, un vrai, ça prend des risques.

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Curieusement, tout le monde accueille à bras ouverts, sans aucune appréhension, sans aucun doute quant à son intégration – un homme, un vrai, ça en impose.
A aucun moment Victor ne songe à se séparer de son petit protégé – un homme, un vrai, ça ne doute pas – même quand ce dernier est pris d’un accès de violence dans un bar, face à un sale con, c’est vrai – un homme, un vrai, faut pas le chercher…
Mieux, Victor nourrit une profonde affection pour Nono – un homme, un vrai, ça a un petit surnom. La preuve, il l’invite même à partager de la bouffe thaï sur le toit de l’immeuble – un homme, un vrai, ça mange épicé. Il deviennent carrément pote sur un circuit de F1 – un homme, un vrai, ça aime l’asphalte brulant et les odeurs d’essence.

Tout se passe pour le mieux jusqu’à ce que deux évènements viennent se télescoper : d’une part le beau-frère de Bruno lui propose un “coup facile”, pour un gain de 100 000 € – un homme, un vrai, ça doit aussi gagner du pèze. D’autre part, Victor, qui dépense sans compter et doit de l’argent au fisc – un homme, un vrai, ça ne paie pas d’impôts – voit les huissiers le menacer de saisie s’il ne rembourse pas la bagatelle de 50 000 € au Trésor Public.
Parce qu’un homme, un vrai, ça aide ses amis qui sont dans la panade, Nono replongera-t-il dans le banditisme ? Suspense insoutenable…

Mon pote, c’est cette intrigue anémique, c’est Edouard Baer et Benoît Magimel se balançant des grandes claques dans le dos pendant plus d’une heure et demie, c’est du politiquement correct et des bons sentiments en veux-tu-en voilà.

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Un panneau, après le générique de début, nous indique que le film s’inspire d’une histoire vraie. Ah? Merci de nous le préciser, parce que franchement, rien ne semble très crédible dans cette histoire.
On a du mal à croire à Benoît Magimel en taulard au grand coeur. On a du mal à croire à cette embauche idyllique, cette belle success-story doublée d’un magnifique roman d’amitié.
Pourtant, le cinéaste sait de quoi il parle puisque cette histoire, c’est la sienne.
Quand il était rédacteur en chef chez “Première”, dans les années 1980, il a fait confiance à un détenu, Jean-Luc Levesque, qu’il a pris sous son aile en tant que maquettiste. Puis il l’a emmené avec lui quand il a fondé “Studio Magazine”, où Levesque est devenu directeur artistique.
Le problème, c’est que tout est trop scénarisé, trop idéalisé et trop formaté. Les dialogues, par exemple, sont un peu trop téléphonés. Les situations sont un peu trop prévisibles. Et comme dans ses précédents films, le cinéaste accumule les clichés sur l’amitié, la vie de couple, la psychologie masculine, etc…
Du coup, l’émotion est un peu tuée dans l’oeuf. On n’est pas touché comme on le devrait par les personnages et leur belle complicité. Dommage…

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Cela dit, peut-être n’était-ce pas le but du cinéaste… Allez savoir ce qui lui est passé par la tête…
On a en effet du mal à saisir ce que Marc Esposito a voulu raconter avec ce film.
Pendant l’essentiel de son conte de fées sirupeux, il nous assène que tout le monde a droit à une seconde chance, que le travail, il n’y a que ça de vrai pour remettre les délinquants dans le droit chemin et patati et patata…
Pourquoi pas. Le message est humaniste et il est vrai que beaucoup d’ex-détenus peinent à se réinsérer du fait des préjugés des employeurs ou du regard suspicieux de leurs collègues.
Mais alors, pourquoi tout faire voler en éclats avec une fin pas franchement morale, qui remet en cause tout ce qui a été patiemment construit jusque-là ?
Bon, attention, on ne critique pas ce final qui relève un petit peu une oeuvre jusque-là sans grande saveur. C’est juste que le “message” du film, s’il y en a un, n’est pas très lisible.
On peut aussi voir le film comme une pure fantaisie, mais le côté sincère et authentique de cette belle histoire perd alors de sa superbe.

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Alors, complètement raté, ce nouveau film de Marc Esposito?
Non, n’exagérons pas non plus…
Même si Benoît Magimel n’est pas toujours très convaincant dans le rôle de Bruno, le duo complice et plein de charme qu’il forme avec Edouard Baer fonctionne bien.
Ce dernier, qui trouve ici l’équilibre entre son exubérance naturelle et une sobriété de jeu appréciable, est, lui, parfaitement à l’aise en patron de presse passionné.

D’ailleurs, c’est le second point fort de l’oeuvre : la description d’un univers professionnel sur le déclin – la presse écrite – mais où l’amour du travail bien fait et la satisfaction du lecteur constituent, pour les équipes rédactionnelles et les maquettistes, une motivation suffisante pour fabriquer, jour après jour, de nouveaux numéros de vos quotidiens, hebdomadaires ou mensuels préférés.
Un peu comme nous, quoi, même si nous n’avons pas à gérer les problèmes d’approvisionnement en papier – nous, c’est plutôt les pannes de serveur… grrrr.

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Donc, oui, nous reconnaissons à Mon pote quelques qualités. Nous sommes même prêts à admettre qu’il se laisse voir sans déplaisir, grâce à la belle complicité des acteurs et à la relative humilité de l’ensemble.
Mais est-ce pour autant une oeuvre digne d’intérêt? Hélas non…

Un grand film, un vrai, est capable de rendre crédible une histoire invraisemblable. or ici, nous avons affaire à une histoire vraie qui, à l’écran, semble totalement fictive…
Un grand film, un vrai, est porté par une mise en scène brillante, précise, visionnaire. Celle de Marc Esposito est sans relief, sans prise de risque, étonnamment assez fade pour un ancien critique cinématographique qui a été biberonné aux grands classiques.
Un grand film, un vrai, est de ceux qui marquent durablement les mémoires. Celui-ci ne laisse une trace dans nos esprits que quelques heures après la projection. Sitôt vu, sitôt oublié…
Mon pote n’est pas un grand film…

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Mon pote

Réalisateur : Marc Esposito
Avec : Edouard Baer, Benoît Magimel, Diane Bonnot, Atmen Kélif, Léonie Simaga, Anthony Levesque
Origine : France
Genre : Amitié virile et grosses bagnoles
Durée : 1h45
Date de sortie France : 01/12/2010
Note pour ce film :

contrepoint critique chez :  Abus de ciné

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