Pendant que des fous du volant essaient de relier le plus vite possible l’Argentine au Pérou, au péril de leur vie et en faisant voler la poussière un peu partout, Les Acacias, premier film du cinéaste Pablo Giorgelli, se propose également de vous emmener sur les routes d’Amérique du Sud à bord d’un camion, mais plus en douceur et en délicatesse, et en prenant son temps…
Le voyage doit relier Asuncion, au Paraguay, et Buenos Aires, en Argentine, à 1500 km de distance, et marque la rencontre de trois personnages. D’un côté, Ruben, un chauffeur de poids lourd solitaire et taciturne. De l’autre, Jacinta, une jeune indienne guarani et son bébé, Anahi, qu’il a accepté, bon gré mal gré, de véhiculer d’un point à l’autre.
Au début, la cohabitation est difficile. Le bonhomme est mutique et un brin hostile, un brin agacé par la présence incongrue de ce bébé braillard dans sa cabine. La jeune femme, de son côté, est assez timide et refroidie par l’attitude du conducteur…
Mais évidemment, au fil du temps, ces personnages aux caractères opposés vont apprendre à se parler, à s’apprécier…
Le vieux bougon s’adoucira et se montrera de plus en plus attentionné envers ses passagères, qui finalement, illumineront un peu sa morne solitude et (r)éveilleront en lui une tendresse inattendue. Avec à la clé, peut-être, une possible histoire d’amour et la construction d’une cellule familiale…
Difficile d’en dire plus. L’intrigue du film se résume en ces quelques lignes, ni plus ni moins. Il s’agit d’une histoire d’une simplicité et d’une pudeur exemplaires, ne reposant que sur l’évolution des relations entre les personnages, sans artifices et sans jamais céder à la tentation d’un esthétisme de pacotille se focalisant plus sur le paysage que sur l’essentiel.
A y regarder de plus près, l’essentiel du film se déroule dans l’exiguïté de l’habitacle du camion, et repose plus sur les regards que se lancent les personnages que sur de longs discours.
Ce dispositif minimaliste est à la fois la grande force et la principale faiblesse de l’oeuvre.
Faiblesse, car le manque de péripéties et le côté répétitif de la chose pendant près d’1h30 susciteront probablement un ennui poli chez certains spectateurs.
Force, car il fallait justement un talent fou pour pouvoir dynamiser la narration par le seul biais du montage – le cinéaste est un ancien monteur – et de la direction d’acteurs – tous parfaits, au demeurant.
Et parce que l’émotion finit par naître de cette belle rencontre, et que c’est bien là le principal…
Lors du dernier festival de Cannes, on a plus retenu la force du film que sa faiblesse, puisque Les Acacias a rencontré un beau succès public et a été récompensé de la Caméra d’Or.
Alors si vous avez envie d’un joli voyage cinématographique, apaisant et émouvant, vous pouvez tout à fait tenter de prendre la route avec Ruben, Jacinta et Anahi…
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Les Acacias
Las Acacias
Réalisateur : Pablo Giorgelli
Avec : Germán De Silva, Hebe Duarte, Nayra Calle Mamani
Origine : Argentine, Espagne
Genre : road movie pépère
Durée : 1h25
Date de sortie France : 04/01/2012
Note pour ce film : ●●●●●○○
contrepoint critique chez : Le Point
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