Le succès du Projet Blair Witch a ouvert la voie à plusieurs films d’horreur à petit budget reposant sur le principe du vrai/faux documentaire. Parfois pour le meilleur (District 9, [rec.],…), souvent pour le pire (le calamiteux Paranormal activity, Phénomènes paranormaux, [Rec. 2])…

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Le dernier exorcisme de Daniel Stamm, s’inscrit dans la même lignée. Il s’agit d’un faux-documentaire axé autour du Père Cotton Marcus, un pasteur spécialisé dans le hip-hop et la breakdance… Mais non, je plaisante! Comme le titre l’indique, le bonhomme est spécialisé dans les séances d’exorcisme…
Au début du film, on le voit raconter comment il en est venu à exercer cette profession – par tradition familiale et par don manifeste pour le prêche. On satan… pouf, pouf… On s’attend donc à le voir aller sur le terrain pour combattre le Malin et ses démons de l’enfer, purifier les corps et les âmes de fidèles en proie à la possession. Sauf que non, pas vraiment…

Comme on l’apprend dès les premières séquences, le bonhomme est un charlatan, un escroc, un bonimenteur. Il ne croit absolument pas aux démons, et tout juste croit-il encore en Dieu. Plutôt embêtant pour un pasteur! Mais il croit beaucoup à l’impact psychologique du cérémonial religieux sur ses ouailles. Un exorcisme bidon ne chasse pas forcément un esprit diabolique, mais peut quand même délivrer le sujet du mal dont il souffre, souvent de nature névrotique. Le problème, nous explique Marcus, c’est que l’utilisation de ce rituel est en constante augmentation, souvent  exécuté par des prêtres maladroits ou piètres psychologues, et qu’il conduit parfois au drame – la mort du sujet “possédé”… Alors, le prêtre a eu l’idée de réaliser ce documentaire, histoire de prouver une bonne fois pour toute que l’exorcisme s’apparente à de l’escroquerie pure et dure et que les “possédés” sont des cas du ressort de la psychiatrie.

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Il décide d’effectuer une dernière fois son grand numéro de chasseur de démons sur un cas sélectionné au hasard et de laisser son caméraman et sa perchiste filmer les coulisses du show, dévoilant tous ses trucs et astuces au public…
C’est sans compter sur la spécificité du cas à traiter : une adolescente au visage d’ange le jour, mais passablement agitée la nuit… Elle semble en effet déchaîner sa violence contre les animaux de la ferme dans laquelle elle vit…
Pour le pasteur, au départ, il s’agit d’un cas d’école : la jeune fille est élevée par un père alcoolique et dépressif depuis la mort de sa femme. Elle ne sort jamais de l’exploitation agricole, est éduquée directement par son père. Pas très fun… Et ce n’est pas son frangin, un jeune homme bizarre, apparemment caractériel, qui va lui remonter le moral… Bref : comportement schizophrène type avec tendances délirantes… L’exorcisme bidon semble fonctionner et tout le monde est content…

… jusqu’à ce que la jeune fille ait de nouvelles crises, encore plus fortes. Le cas est plus sévère que prévu. Il faudrait l’intervention d’un psychiatre… ou d’un véritable exorciste ! Pour le Père Marcus et l’équipe de tournage, c’est le début d’un méchant cauchemar. Et pour le spectateur aussi, hélas…

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On y croit pendant une heure, le cinéaste jouant habilement sur le doute entourant la possession de la jeune victime et s’ingéniant à désarçonner ce prêtre en pleine crise de foi. Et puis, patatras, Stamm se lance dans un mauvais remake de L’exorciste – la référence du genre – qui réduit sérieusement les possibilités d’interprétation. La jeune Nell se met à grimper au plafond – ou presque – semble mue par une force surhumaine et se désarticule comme Linda Blair dans le film de Friedkin – manque juste la rotation de la tête à 180°…

Bon, pourquoi pas… Mais à ce moment-là, l’argument rationnel commence à prendre du plomb dans l’aile. Le film, dans sa logique “Blair Witch” devrait changer de cap et passer définitivement au fantastique. Ce qu’il ne fait pas…
Stamm persévère dans sa volonté de laisser planer le doute autour du personnage, jusqu’à un final certes imprévisible mais aussi parfaitement ridicule, hommage raté à un autre grand film fantastique, daté de 1968  (mais chut, ne gâchons pas la surprise de ceux qui iront voir le film malgré tout…)
Ce qui est en revanche indéniablement paranormal, c’est le passage du document “authentique” – les images filmées par l’équipe de tournage, non-montées, brut de décoffrage – à une scène d’exorcisme réalisée avec les artifices de la fiction pure. De la musique (le prêtre a sûrement voulu travailler avec une musique de fond…), des effets sonores improbables, des angles de vue différents sans interruption de l’action (avec une seule caméra, c’est balèze…).

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Vous allez nous dire que l’on chipote, que de toute façon, personne n’est dupe quant à l’authenticité de ce documentaire et que ce qui est important, c’est de trouver les effets adéquats pour ficher la trouille aux spectateurs…
D’accord, mais de ce point de vue, Le dernier exorcisme n’est pas une franche réussite. Si le cinéaste crée une petite tension, instille une dose de malaise avec les personnages du père et du frère, silhouettes assez inquiétantes, il peine à nous faire ne serait-ce que sursauter, et  n’exploite pas assez les spécificités de son décor…
Et quitte à adopter le point de vue d’un cinéma-vérité, autant rester rigoureux jusqu’au bout, et donc ne pas user d’artifices de fiction, veiller à ce que l’ensemble soit crédible. Ou alors, il fallait assumer le basculement vers du cinéma horrifique plus classique de la dernière demie-heure, ce qui aurait pu nous éviter cette absurdité, commune aux Blair-Witch like, de voir le caméraman fuir en courant en s’encombrant de sa caméra…

Ô Dieu, donne-nous la force de pratiquer cet exorcisme critique et de libérer Daniel Stamm de Salnanar’, le démon du cinéma de seconde zone…
Pour résumer, Le Dernier exorcisme n’est abouti ni en tant que pseudo-documentaire,  ni en tant que film d’horreur. Seuls quelques touches d’humour pimentent un peu l’ensemble, comme cette femme avertissant l’équipe de tournage que Bush road est “les portes de l’enfer” (toute allusion à un ex-président des Etats-Unis est purement fortuite…).
Bon, soyons indulgent : Le film de Daniel Stamm est quand même beaucoup mieux que Paranormal activity. Bon OK, ce n’est pas bien difficile non plus, mais vu que cette bouse profondément ennuyeuse a eu du succès au box-office US, on aurait pu craindre l’apparition de succédanés tout aussi plats et inintéressants, et Le Dernier exorcisme a le bon goût de ne pas s’inscrire pas tout à fait dans la même veine. On se situe plus, ici, dans l’hommage référentiel aux grands classiques du genre. Mais, ce faisant, le film s’expose inévitablement à la comparaison, et il n’est hélas pas à la hauteur de ses glorieux aînés…

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Le Dernier exorcisme Le Dernier exorcisme
The last exorcism

Réalisateur : Daniel Stamm
Avec : Patrick Fabian, Ashley Bell, Iris Bahr, Louis Herthum, Caleb Landry-Jones
Origine : Etats-Unis
Genre : L’exorciste meets Le projet Blair Witch
Durée : 1h27
Date de sortie France : 15/09/2010
Note pour ce film :

contrepoint critique chez :  Excessif

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