Il y a quelques jours, nous vous invitions à aller au cinéma plutôt que de vous vautrer dans votre canapé pour regarder vingt-deux mecs en short courir après une baballe.
Mais, au vu de tout ce qui s’est passé ces derniers jours, il est fort probable que nous ayons eu tort. Cette coupe du Monde de football s’avère bien plus passionnante que prévue, du moins du côté de l’Equipe de France, qui, à défaut de briller sur le terrain, nous offre un véritable festival en dehors.
C’est bien simple, on tient là le meilleur scénario de l’année : Du mélodrame, de l’espionnage, du thriller, de l’action virile (seulement dans les vestiaires, mais bon…), et bien sur, du burlesque pur et dur… Plus fort que Les chèvres du Pentagone : les chèvres de l’hexagone…
Pour ceux qui auraient manqué un épisode, l’équipe de France de football a totalement raté son entrée dans cette Coupe du Monde sud-africaine – compétition pour laquelle ils se sont qualifiés de façon polémique et risible – après avoir fait match nul contre l’Uruguay (performance très terne, d’après les connaisseurs) et sombré face au Mexique et ses sombres héros (olé !).
Résultat des courses, il ne leur reste plus qu’une minuscule chance de se qualifier, en battant largement le pays organisateur, devant une horde de supporters vuvuzelés, et en espérant que, dans le même temps, les deux équipes sud-américaines ne fassent pas match nul…
Mais encore faudrait-il que cette troupe de guignols surpayés (et ici, aux frais du contribuable) réussisse à se ressouder et à travailler sérieusement pour atteindre leur but, si c’est encore possible…
Or, il n’y a pas un jour sans qu’une altercation n’éclate, entre joueurs, staff et journalistes, sans qu’un nouveau scandale ne vienne troubler une préparation déjà désastreuse et ternir encore un peu plus l’image d’une équipe jugée hautaine et irrespectueuse de ses supporters. Tout le monde s’en mêle et s’emmêle, y compris nos politiciens…
Dernier rebondissement en date, le refus des joueurs de taper dans le ballon à l’entraînement. Ils préfèrent chercher des taupes sur la pelouse…
– Ah! Ce n’est pas comme ça qu’ils vont gagner leur match de mardi, mon p’tit Jean-Michel…
– Oui, tout à fait Thierry… Cette fois, les carottes sont cuites. La situation semble vraiment désespérée… C’est mission imposs… Hé! Mais que…
”Tintinlinlin tin tin tin !!! L’agence tous risques, c’est vrai-ment, la dernière chance au dernier mo-ment! “
Heureusement pour Raymond-la-science et ses vingt-trois demi-Dieux (du sponsoring), l’Agence tous risques vient de débarquer sur nos écrans…
Oui, ils auraient bien besoin du soutien d’Hannibal – le tacticien, le stratège, le cerveau du groupe, qui aime que ses plans se déroulent sans accrocs – de Futé – le beau gosse, aussi charmeur que Gourcuff, mais plus viril – de Barracuda – le mastodonte black qu’il vaut mieux ne pas trop énerver – et de Looping – un fou furieux doublé d’un as du pilotage…
Ah ça, avec juste ces quatre-là sur le terrain, ils auraient moins fait les malins, les mexicains… D’ailleurs, c’est là que débute le film que Joe Carnahan, adaptation très fidèle à l’esprit de cette série-culte des années 1980, pleine d’humour et d’action spectaculaire…
Le prologue montre ”Hannibal” Smith dans une sale posture, captif des militaires mexicains corrompus qu’il souhaitait coincer. Mais évidemment, puisqu’il est plus rusé que la moyenne, il parvient à s’échapper et à libérer au passage son second, “Futé”, pile au moment où le chef des trafiquants s’apprêtait à le pendre et à le bûler vif (deux précautions valent mieux qu’une). Au passage, ils embarquent avec eux “Barracuda”, un ex-ranger et ex-gangster. Le bonhomme s’apprêtait juste à profiter de sa liberté retrouvée et à bichonner son “bébé” (comprenez le van noir de jais, celui de la série…). Raté… Il se retrouve enrôlé dans l’équipe et ce ne sera pas de tout repos, loin de là !
D’autant que, pour fuir le Mexique, cette joyeuse troupe est obligée de passer par la voie aérienne et d’enrôler un pilote, “Looping”, un ex-ranger interné en hôpital psychiatrique. Complètement fou, donc, mais particulièrement habile aux manettes d’un hélicoptère – à condition de ne pas avoir le mal de l’air…
Quelques années et plusieurs dizaines de missions après, surtout en Irak ( les temps changent : dans la série, c’était au Vietnam…), le commando est chargé d’une ultime mission par un agent de la CIA: rapporter des plaques d’impression de faux billets de banque ayant appartenu aux hommes de Saddam Hussein.
L’opération est un succès, mais au dernier moment – BAM ! – le commandant de la base américaine est tué et les plaques sont dérobées par une unité rivale. Hannibal et ses hommes sont arrêtés pour vol et intrusion illégale à Bagdad, virés de l’armée et envoyés en prison pour une looongue peine…
Quelle ingratitude !
Mais on ne piège pas l’Agence tous risques impunément et les traîtres bandits l’apprendront à leurs dépens. Au trou, Hannibal fomente sa vengeance et mijote un de ces plans sans accrocs dont il a le secret… Ca va barder… Aller vous faire “bip” bande de sales fils de “bip”…
Euh… Finalement, ce n’est peut-être pas une bonne idée d’envoyer tout ce beau monde sur un terrain de foot… Pour eux, dynamiter les défenses et mitrailler le goal adverse, c’est au sens propre… Ca doit exploser, fusiller, démolir dans les grandes largeurs…
C’était déjà comme ça du temps de la série, ça l’est encore plus dans le film, superproduction hollywoodienne oblige. C’est même un peu too much d’ailleurs, comme dans bon nombre de blockbusters contemporains, autant le dire franchement. Surtout dans le final, un peu ridicule avec ce jeu de bonneteau géant qui tourne au spectacle pyrotechnique. On regrettera que Joe Carnahan, le très bon metteur en scène de Narc et de Mi$e à prix ne parvienne pas ici pleinement à imposer son style si particulier, explosif et jouissif. Cela dit, il parvient à donner suffisamment de rythme à ce film hollywoodien formaté qui, sous la direction de n’importe quel tâcheron de base, aurait pu n’être qu’un spectacle médiocre. Il réussit à rester fidèle à ce qui faisait le charme de la série, le côté spectaculaire ultra-speed, les scénarios invraisemblables, un peu neuneus et les joutes verbales entre les personnages.
Il faut dire qu’il peut s’appuyer sur son casting, globalement bien choisi. Mentions spéciales à Bradley Cooper et Sharlto Copley, qui se glissent avec aisance dans les rôles jadis tenus par Dirk Benedict et Dwight Schultz. (D’ailleurs, ces deux-là font des caméos dans le film, après le générique final). Le premier, charmeur et charismatique, le second, loufoque et hyperactif… Liam Neeson n’a pas la classe de George Peppard mais s’en tire avec les honneurs. En revanche, Quinton Jackson est bien loin d’impressionner autant que Mister T. Il est un peu le maillon faible du groupe, manquant de présence physique et de charisme… Dommage…
Au final – car il faut bien épiloguer. On ne va quand même pas faire une dissertation sur L’Agence tous risques. Pas plus que sur l’équipe de France de football – le film de Joe Carnahan est une série B honnête qui ne déplaira pas aux aficionados de la série (il y en a) ou aux amateurs de films d’action et d’aventures…
Evidemment, les partisans du cinéma d’art et d’essai pur et dur vont, eux, faire la grimace. Mais, oh, les gars, c’est L’agence tous risques, là… Vous vous attendiez à quoi ? Un film intellectuel ? Voyons !
Si vous avez envie d’un divertissement estival pas trop prise de tête, L’Agence tous risques vous conviendra probablement. Sinon, pour la franche rigolade, il vous reste les aventures de l’équipe de France (connue sous le nom d’Agence touristes). Profitez-en car malheureusement, avec ou sans l’aide d’Hannibal et sa bande, elle devraient se terminer dès demain…
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L’Agence tous risques
The A-Team
Réalisateur : Joe Carnahan
Avec : Liam Neeson, Bradley Cooper, Jessica Biel, Patrick Wilson, Quinton Jackson, Sharlto Copley
Origine : Etats-Unis
Genre : plan (série) B qui se déroule sans accroc
Durée : 1h54
Date de sortie France : 16/06/2010
Note pour ce film : ●●●○○○
contrepoint critique chez : Geek Culture
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