Patty est une femme d’une cinquantaine d’années aux cheveux rouges flamboyants. Elle vit avec son mari Walter dans une caravane, à la périphérie de Rome. Ils sont saltimbanques et gagnent misérablement leur vie en exécutant des numéros de cirque, dès qu’ils en ont la possibilité. Un soir, alors qu’elle cherche un de ses chiens, parti se promener dans le petit parc jouxtant le camp de roulottes, elle découvre Asia, une petite fille de deux ans, complètement perdue. Sa mère l’a abandonnée là, avec une note indiquant qu’elle reviendra la chercher dès que possible, d’ici quelques jours.
Walter préférerait confier la gamine à la police, d’une part pour ne pas risquer d’éventuels problèmes avec les forces de l’ordre, et d’autre part pour s’éviter la contrainte d’une bouche de plus à nourrir. Mais Patty, elle, entend bien s’occuper de cette petite fille aux grands yeux apeurés, qui ne demande qu’à être aimée et consolée… Du moins jusqu’à l’hypothétique retour de la mère d’Asia…
Premier long-métrage de fiction du couple italo-autrichien Tizza Covi et Rainer Frimmel, La Pivellina est une histoire simple et lumineuse, qui s’articule uniquement autour de la relation qui se noue progressivement entre l’enfant et les saltimbanques – Patty, bien sûr, mais aussi Walter et Tairo, un jeune voisin.
Le film se contente de suivre les personnages au plus près, avec tendresse et compassion, mais sans aucun misérabilisme. Dans cette chronique intimiste, le contexte social n’est pas directement évoqué, mais il n’en est que plus prégnant.
Les saltimbanques ont de plus en plus de mal à s’en sortir financièrement. Vieillissants, ils craignent de ne bientôt plus pouvoir exercer leurs talents, mais continuent, malgré tout de dénicher des petits boulots. Autre crainte : se faire expulser du terrain où ils ont élu domicile et où ils vivent au jour le jour, entourés de leurs animaux.
Il y a aussi ce geste désespéré de parents, contraints d’abandonner leurs enfants – ne serait-ce que provisoirement – pour pouvoir survivre, gagner de quoi continuer à subsister dans un monde qui ne fait pas de cadeaux aux plus faibles. Comme la mère d’Asia ou celle de Tairo…
Des marginaux ? Non, des êtres humains comme les autres, qui aiment, rient, pleurent, font la fête ou s’engueulent… et qui sont juste plus exposés aux vicissitudes de l’existence.
La Pivellina renoue avec la grande tradition du néoréalisme italien, et les œuvres poignantes telles que Le voleur de bicyclette ou Umberto D. : Un cinéma dépeignant un contexte social assez sombre, dans lequel percent la générosité et l’humanisme.
Tout y est bouleversant et d’une grande justesse. Il faut dire que le film n’est pas loin du documentaire, genre dans lequel se sont distingués Covi et Frimmel. Les acteurs ne sont pas des professionnels. Patrizia Gerardi, Walter Saabel et Tairo Caroli, tout comme les seconds rôles, habitent réellement dans les roulottes montrées dans le film. Ce sont de vrais artistes de cirque qui exercent leur talent pour gagner leur vie (d’ailleurs, le précédent film des réalisateurs, Babooska, était un documentaire sur les forains et le travail des gens du cirque). La petite Asia est elle-aussi issue de ce milieu.
Ils jouent tous quasiment leur propre rôle, improvisant juste autour des situations imposées par le scénario.
La démarche était audacieuse. Elle s’avère payante.
La Pivellina est une œuvre d’une simplicité exemplaire, qui émeut, suscite la réflexion et redonne foi en l’humanité. Rien d’étonnant à ce que le film ait glané le prix Europa Cinéma lors de la dernière Quinzaine des réalisateurs, où il était présenté…
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Réalisateurs : Tizza Covi, Rainer Frimmel
Avec : Patrizia Gerardi, Walter Saabel, Asia Crippa, Tairo Caroli
Origine : Italie, Autriche
Genre : néoréaliste
Durée : 1h40
Date de sortie France : 17/02/2010
Note pour ce film : ●●●●○○
contrepoint critique chez : Le petit bulletin
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