Fin 1977, Agnès Leroux, héritière de la famille propriétaire du “Palais de la Méditerranée”, un célèbre casino niçois, disparaît mystérieusement. Si l’hypothèse d’un suicide n’est pas exclue par les enquêteurs, ceux-ci envisagent également l’hypothèse d’un meurtre. Les soupçons se portent assez naturellement sur Maurice Agnelet, un avocat niçois qui avait assez de mobiles pour commettre soit un crime passionnel, soit un crime crapuleux.
Maurice Agnelet a travaillé pour la mère d’Agnès, Renée Leroux. Puis il a brusquement claqué la porte pour se mettre au service de son principal concurrent, Jean-Dominique Fratoni, qui voulait mettre la main sur le Palais de la Méditerranée. Dans le même temps, il a entamé une liaison avec Agnès Leroux, et l’a incitée à réclamer ses parts du casino pour pouvoir les céder à Fratoni. Peu avant la disparition d’Agnès, il a transféré une partie du compte de la jeune femme sur son propre compte bancaire, avant de filer rejoindre une autre de ses nombreuses maîtresses.
C’est justement cette dernière qui lui fournit son alibi, si bien qu’il réussit initialement à être relaxé. De toute façon, la preuve de la mort d’Agnès n’avait pu être faite, puisque le corps n’a jamais été retrouvé, pas plus que le véhicule qu’elle conduisait…
Cette affaire a défrayé la chronique pendant plus de trente ans et n’est toujours pas bouclée. Elle a encore fait la une des journaux au printemps dernier, avec la condamnation de Maurice Agnelet à vingt ans de réclusion criminelle, jugement dont il a fait appel.
André Téchiné s’en est emparée pour en faire le sujet de son nouveau long-métrage, L’Homme qu’on aimait trop. Certains seront probablement un peu réticents à l’idée d’aller voir un film traitant d’un feuilleton judiciaire qui a été largement commenté, analysé et décortiqué au cours des derniers mois. Il est vrai que le film n’apprendra rien de bien nouveau à ceux qui ont suivi les multiples rebondissements de l’instruction de l’affaire.
Mais ce n’est probablement pas tant le fait divers qui a intéressé André Téchiné que la relation amoureuse complexe et sulfureuse unissant Maurice Agnelet et Agnès Leroux.
On sent que ce qui l’a fasciné, dans cette histoire, c’est autant l’ambigüité d’Agnelet, son besoin constant de séduire et d’être reconnu, son attirance immodérée pour le luxe et l’argent, que la soumission d’Agnès, aveuglée par ses sentiments et manipulée par son amant.
Dans le rôle de cette dernière, Adèle Haenel livre une jolie performance d’actrice, donnant chair à cette jeune femme avide de liberté, mais évoluant constamment sous l’emprise d’une tierce personne – son précédent mari, sa mère trop protectrice et, bien sûr, Agnelet lui-même.
En revanche, malgré tout le respect que l’on peut avoir pour la performance de Guillaume Canet, le personnage qu’il incarne n’est pas à la hauteur du vrai Maurice Agnelet, que l’on a vu beaucoup plus froid, plus cynique et manipulateur lors des différents procès de l’affaire Leroux.
Leur duo fonctionne cependant à merveille, et est pour beaucoup dans la réussite du film.
André Téchiné, lui, a opté pour une mise en scène très sobre, très classique, qui convient bien pour ce genre de reconstitution historique et judiciaire. On aurait aimé, cependant, un peu plus d’audace, un peu plus de brutalité et de lyrisme de la part du réalisateur d’oeuvres comme Les Roseaux sauvages, J’embrasse pas ou Le lieu du crime…
L’Homme qu’on aimait trop est loin, très loin, de ses meilleurs films. Cela dit, il serait malaisé de faire la fine bouche alors que débarquent sur nos écrans des cohortes de nanars mal écrits, mal construits, filmés avec les pieds et/ou joués par des acteurs en pleine crise de cabotinage…
A vous de vous faire votre propre jugement. Hop! Affaire classée!
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L’Homme qu’on aimait trop L’Homme qu’on aimait trop Réalisateur : André Téchiné Avec : Guillaume Canet, Adèle Haenel, Catherine Deneuve, Jean Corso, Judith Chemla Genre : faites entrer l’accusé Durée : 1h56 Date de sortie France : 16/07/2014 Note : ●●●●○○ Contrepoint critique : La Voix du Nord |
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