– Ouh la la Smithers, t’as mauvaise mine. C’est terrible!
– Euh, non chef, ça va très bien.
– Ah mais, je t’assure mon garçon. Tu as l’air totalement déprimé.
– Non, ça va, vraiment.
– Oh bah tiens, regarde sur l’affiche de Jamais le premier soir. C’est écrit “Attention, ce film rend heureux”. Tu sais quoi, la critique est pour toi. C’est cadeau.
– Hé mais,…
– Non, pas besoin de me remercier. Allez, j’attends ton texte.
Hum. J’ai la nette impression de m’être fait encore avoir sur ce coup là.
Alors, de quoi ça parle tout ça?
Julie (Alexandra Lamy) se fait plaquer par son mec avec un message porté par coursier à son travail. Elle se met à déprimer et même le soutien indéfectible de ses copines Louise (Mélanie Doutey) et Rose (Julie Ferrier) ne parvient pas à la réconforter. La seule chose qui réussit à lui donner le goût à la vie est l’achat de livres dédiés à l’épanouissement personnel, qu’elle achète dans une librairie de son quartier. Elle ne le sait pas encore, mais dans ce lieu, elle va faire des rencontres qui vont l’aider à remonter la pente, et même le grand Amour.
Mouais, OK. Je vois le genre : Film de filles + comédie romantique à la française. Bon, pourquoi pas, mais généralement, cela ne donne pas des chefs d’oeuvres. Mais si le film rend “heureux”, alors il faut tenter. De toute façon, je n’ai pas le choix…
(1h30 plus tard)
Il est où le numéro de la répression des fraudes? Parce que le slogan de l’affiche est totalement mensonger. Comment un navet pareil pourrait rendre qui que ce soit heureux? A la limite, il pourrait faire plaisir à une fille dépressive. Mais c’est risqué, car voir ce film pourrait tout aussi bien la plonger un peu plus dans le désespoir.
Bon, “navet”, le mot est sans doute un peu fort, mais c’est un raccourci aussi facile que le film lui-même. Il englobe bien l’ensemble des idées qui m’ont assaillies pendant la projection : scénario “totalement dépourvu d’imagination”, gags “foireux” et “pas très drôles”, rebondissements “facilement devinables”, réalisation “plate”, “terriblement médiocre”, numéro d’acteurs “fatigants”, assimilables à du “cabotinage”.
Pour ces derniers, il faut leur accorder des circonstances atténuantes. Les pauvres doivent se débrouiller avec des personnages caricaturaux, des dialogues bêtes à pleurer et un sérieux manque de profondeur psychologique. Alors, ils occupent l’espace comme ils peuvent.
Côté garçons, c’est assez pauvre. Le temps de présence à l’écran est réduit à peau de chagrin. Jean-Paul Rouve est le mieux loti, mais son personnage de libraire dragueur à la Jean-Claude Dusse manque singulièrement de finesse. Pour les autres, il n’y a pas beaucoup d’espace pour exister, alors, ça part vite en sucette. Parfois, certains nous arrachent un sourire, comme Julien Boisselier dans un beau numéro de pétage de plombs, mais le plus souvent, leur abattage fait peine à voir. Mais pourquoi, Pascal Demolon et Michel Vuillermoz, avoir accepté de jouer des rôles aussi mal écrits? Qu’êtes-vous allés faire dans cette galère?
Côté filles, le temps de présence à l’écran est déjà plus conséquent, mais cela ne leur rend pas service au vu du manque de profondeur du script. Elles n’ont rien d’intéressant à jouer, et meublent par des sourires (charmants, bien sûr, mais figés) des poses, des minaudages consternant. Dommage, car Alexandra Lamy, Mélanie Doutey et Julie Ferrier ont toutes trois du charme et du talent. Mais la cinéaste n’arrive à exploiter ni l’un ni l’autre.
Si, pardon : Julie Ferrier réussit presque à émouvoir, dans une scène où elle réalise, en public, que sa vie conjugale ne la satisfait plus, mais ce moment suspendu est immédiatement désamorcé par un énième virage narratif idiot, d’une grossièreté crasse.
Je n’ai pas la même indulgence envers Melissa Drigeard. C’est son premier film, c’est vrai, et il faudrait sûrement lui accorder le droit de faire des erreurs de jeunesse. J’aurais pu si seulement elle avait fait preuve d’un peu plus d’audace dans le choix du sujet, dans l’écriture, et pris davantage de risques au niveau de la mise en scène. Là, plutôt que le “Bridget Jones à la française” vanté par la campagne promotionnelle du film (encore mensongère), on a droit au repompage sans âme de comédies française déjà très médiocres. Beurk!
”Attention, ce film rend heureux”? Tu parles! “Nuit gravement au cinéma” serait plus adapté.
Le cinéma français n’a-t-il rien d’autre à proposer que ce genre de produits bas de gamme? Et mon rédac-chef n’a-t-il rien d’autre à me donner à critiquer que ce genre de m…?
– Ah, bah justement, Smithers, tu tombes bien. Il y a la critique de Paranormal activit… Hé mais reviens! Où tu vas?
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Jamais le premier soir Jamais le premier soirRéalisatrice : Melissa Drigeard Avec : Alexandra Lamy, Jean-Paul Rouve, Mélanie Doutey, Julie Ferrier, Julien Boisselier Origine : France Genre : publicité mensongère Durée : 1h30 Date de sortie France : 01/01/2014 Note pour ce film :●○○○○○ Contrepoint critique :Studio Ciné Live |
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