Elisabeth et Sigve forment un beau couple…
Elle, belle blonde à la féminité assumée, est une brillante avocate.
Lui est un quadra raffiné et sportif, joueur de guitare et chanteur à ses heures perdues.
Ils sont élégants, intelligents, cultivés. Et en plus de ça, ils s’aiment et sont les heureux parents – adoptifs – d’un petit garçon d’origine africaine, preuve de leur parfaite ouverture d’esprit…
On fait leur connaissance alors qu’ils sont sur le point d’emménager dans leur nouvelle résidence, au nord de la Norvège. Et on a à peine le temps de se demander ce qui a bien pu pousser ces citadins danois à venir s’enterrer dans un village enneigé au fin fond de la cambrousse norvégienne que l’on découvre leurs nouveaux voisins…
Kaia et Eirik forment un beau couple…
Elle, belle brune aux yeux pétillants, toujours souriante et affable, est une femme au foyer modèle, constamment aux petits soins pour son époux et son fils.
Lui est plus rugueux. Le mâle viking dans toute sa splendeur, qui s’acquitte des tâches physiques avec abnégation et part chasser au petit matin pour nourrir les siens.
Ils sont sympathiques et chaleureux – enfin… surtout elle. Et en plus de ça, ils s’aiment et participent activement à la vie de la communauté…
Afin d’apprendre à se connaître, les deux couplent s’invitent mutuellement à dîner. Au cours de ces deux soirées bien arrosées, les langues se délient et laissent entrevoir des problèmes conjugaux plus ou moins graves, de petits griefs et de profondes fêlures, écornant sérieusement ces images de couples modèles et heureux.
Puis, rapidement, les langues se lient cette fois, pour sceller la relation adultère de Sigve et Kaia…
Que feront Elisabeth et Eirik quand ils prendront connaissance de cette liaison? Se venger en couchant eux aussi l’un avec l’autre?
Houla houla houla… Ca sent le trip échangiste, tout ça…
Happy Happy serait-il le remake nordique de Happy Few, (médiocre) film d’Antony Cordier dans lequel Marina Foïs, Elodie Bouchez, Roschdy Zem et Nicolas Duvauchelle partouzaient joyeusement dans la farine et mettaient leurs couples dans le pétrin ? Non (et heureusement…). La cinéaste Anne Sewitsky joue bien sûr avec cette idée-là, mais complique un peu la donne en semant un peu la confusion et en envisageant d’autres options offertes par la situation. Par exemple, après avoir rendu visite à sa voisine, Elisabeth ne trouve rien de mieux à faire que de s’enfermer dans la salle de bains et se masturber. Quant à Eirik, il regarde souvent des matchs de lutte gréco-romaine à la télévision, l’air fasciné par ces hommes virils en tenue moulante… 2 garçons, 2 filles, des tas de possibilités…
Mais contrairement à ce que l’on aurait pu attendre, le film reste assez sage – et très pudique, niveau scènes de lit.
L’avantage, c’est que l’on évite ainsi de sombrer dans la vulgarité et l’humour graveleux, qui menacent toujours de plomber ce type d’intrigue et les films bousculant les tabous.
L’inconvénient, c’est que l’on perd un peu l’aspect sulfureux et cynique du sujet. Ce qui aurait pu donner un vaudeville moderne complètement déjanté se contente de n’être qu’une comédie légère dont le charme repose essentiellement sur les acteurs – Agnes Kittelsen, Maibritt Saerens, Joachim Rafaelsen, Henrik Rafaelsen.
C’est déjà bien, mais si on aime l’omelette norvégienne, c’est pour le contraste chaud/froid, le feu et la glace, la passion et le frisson… Et là, bof…
La seule chose vraiment dérangeante, dans le film, est la relation qui se noue entre les enfants des deux couples, sans que leurs parents n’y prêtent attention.
Avec un mélange de candeur et de cruauté enfantine, le blondinet, intrigué par ce petit garçon noir qui vient habiter en face de chez lui, décide de jouer à l’esclavagiste. S’appuyant sur un livre traitant de l’esclavage et de la ségrégation raciale, le gamin entraîne son jeune voisin à subir sans broncher sévices et brimades…
De quoi nous faire froid dans le dos, au vu du récent drame qui a frappé la Norvège… Peut-être Anders Behring Breivik, ce fanatique d’extrême droite ayant commis un carnage au nom de son idéologie, a-t-il, par le passé, été semblable à ce gamin, proférant des conneries racistes et homophobes et jouant “innocemment” au maître face à l’esclave?
En tout cas, on rit jaune face à cette évocation du racisme “ordinaire” et de la peur de l’autre, vue à hauteur d’enfant…
Mais bon, au final, la morale restera sauve… L’élection d’Obama redonnera le sourire au petit garçon Noir et les protagonistes sortiront de ces aventures extraconjugales plus heureux qu’avant… Comme on le disait plus haut, Happy Happy reste très soft et léger. Juste une petite comédie enneigée qui rafraîchit les idées et confirme que la saison cinématographique est aussi déréglée que le climat estival…
Vu le temps pourri, allez au cinéma…
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Happy Happy
Sykt lykkelig
Réalisatrice : Anne Sewitsky
Avec : Agnes Kittelsen, Maibritt Saerens, Joachim Rafaelsen, Henrik Rafaelsen
Origine : Norvège
Genre : scènes de la vie conjugale
Durée : 1h28
Date de sortie France : 27/07/2011
Note pour ce film : ●●●●○○
contrepoint critique chez : Le Nouvel Obs