Harry Deane (Colin Firth) un expert en art pictural, s’occupe de la collection privée d’oeuvres impressionnistes de Lionel Shabandar (Alan Rickman), un richissime homme d’affaires. Un travail que d’aucuns pourraient qualifier d’idéal si le pauvre Harry n’avait à subir au quotidien les humiliations et les brimades de son employeur tyrannique. Il décide de se venger en montant une ingénieuse arnaque…
Il est bien placé pour savoir que Shabandar a acquis, pour une forte somme, un tableau de Claude Monet, “Meules de foin à l’aube”, et qu’il recherche de manière obsessionnelle la seconde toile peinte par l’artiste sur le même thème, “Meules de foin au crépuscule”. Alors, il en fait réaliser une copie par son ami et complice, le “Major”, un escroc capable d’imiter à la perfection n’importe quelle toile de Maître, dans l’espoir de soutirer à son patron une forte somme d’argent.
Pour appâter Shabandar sans attirer les soupçons sur lui, Harry loue les services de P.J. Puznowski (Cameron Diaz), une texane championne de rodéo et petite-fille d’un soldat américain qui a participé à la traque d’Hermann Göring, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, et aurait pu mettre la main sur le tableau en question, que le dirigeant nazi avait dérobé. La jeune femme doit jouer la comédie le temps de négocier la vente du tableau au millionnaire anglais. La toile vendue, Deane sera chargé de l’expertiser et mentira évidemment sur son authenticité.
Un plan parfait, sans failles…
Sauf qu’évidemment, cela ne va pas tout à fait se passer comme cela…
Shabandar se montre plus méfiant que prévu. En essayant de le convaincre d’explorer cette piste, Deane perd le peu de crédit qu’il avait encore auprès de son patron, qui décide de le remplacer par un autre expert en art, Zaidenweber (Stanley Tucci). Aïe! Le bonhomme, spécialiste en impressionnisme, risque fort de s’apercevoir de la supercherie…
Harry doit aussi gérer les caprices de P.J., à qui Shabandar a décidé de faire une cour effrénée (on le comprend : Cameron Diaz est quand même plus sexy qu’une meule de foin…). Il doit donc accepter de louer à la demoiselle une chambre dans le plus coûteux des palaces londoniens en attendant la signature du deal avec Shabandar. Re-aïe! Sans la blonde cowgirl, tout le plan tombe à l’eau, mais avec elle, les frais s’accumulent (les coups sur le nez aussi)…
Harry Deane va-t-il vraiment pouvoir orchestrer son plan jusqu’au bout?
Bon soyons clairs, le scénario de Gambit, arnaque à l’anglaise n’a rien de transcendant… Ce genre d’arnaque semi-foireuse, mâtinée de comédie romantique, on a déjà vu ça des dizaines de fois, souvent en mieux. A commencer par le film dont il est le remake, Un hold-up extraordinaire, de Ronald Neame.
Car oui, il s’agit bien d’une copie – et pas d’une toile de Maître. Ce sont les frères Coen, que l’on sait à l’aise avec ce type d’exercice depuis Ladykillers et True grit, qui se sont chargés de dépoussiérer le scénario. Mais, sans doute conscients du manque de profondeur du sujet, ils n’ont pas souhaité mettre en scène le film, confié aux bons soins de Michael Hoffman.
Comme à son habitude, le réalisateur de Un beau jour se contente d’illustrer assez mollement le récit en s’appuyant sur les performances de ses acteurs. Eux semblent s’amuser. Colin Firth est à l’aise dans le registre du gentleman british pince-sans-rire, tout comme Cameron Diaz en blonde fofolle et sexy. Tom Courtenay, qui s’était fait discret au cinéma ces derniers temps, campe un truculent major et Stanley Tucci a une nouvelle fois l’occasion de cabotiner dans un rôle à accent en incarnant le pompeux expert Zaidenweber. Et puis surtout, il y a Alan Rickman, assez irrésistible en patron de presse charmeur, tyrannique et… naturiste.
Mais la plus grande force de cette petite comédie sans prétention, c’est l’hommage à peine voilé que les scénaristes semblent rendre à un des génies de la comédie américaine : Blake Edwards.
Cela commence avec le générique, en forme de film d’animation à l’ancienne, comme celui de La Panthère rose. Puis avec le script, qui, comme dans le film précité, repose sur les chassés-croisés de personnages gaffeurs autour d’un objet de convoitise. D’ailleurs, il convient de préciser que un hold-up extraodinaire, le film dont est tiré Gambit, est sorti en 1966, soit deux ans après Quand l’inspecteur s’emmêle et trois après La Panthère rose, et qu’il mettait en vedette Herbert Lom, inoubliable interprète du Commissaire Dreyfus dans les films d’Edwards.
Mais c’est surtout toute la partie vaudevillesque dans un grand hôtel londonien qui rappelle la mécanique burlesque du cinéaste. Drôle, inspirée, elle rappelle les mésaventures de l’inspecteur Clouseau, de Hrundi V. Bakshi (Peter Sellers) dans la Party ou de Walter Davis (Bruce Willis) dans Boires et déboires. Hélas, elle reste un peu trop courte et pas assez bien exploitée.
Bon, il n’y a pas de quoi fouetter un chat, fut-il un chat-lion, comme celui de Shabandar, et encore moins une panthère, mais Gambit, arnaque à l’anglaise est une petite comédie sans prétention, idéale pour un moment de détente. Reste à voir si vous accepterez de vous faire “arnaquer” de quelques euros pour aller voir le film en salle…
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Gambit, arnaque à l’anglaise Gambit Réalisateur : Michael Hoffman Avec : Colin Firth, Cameron Diaz, Alan Rickman, Tom Courtenay, Stanley Tucci Origine : Etats-Unis Genre : hommage à Blake Edwards Durée : 1h30 Date de sortie France : 06/02/2013 Note pour ce film : ●●●●○○ Contrepoint critique : Télérama |
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