Daniel (Kad Merad), un ex-flic dépressif reconverti dans le recouvrement de dettes, reprend du service à titre personnel, pour retrouver Laura (Lola Creton), une jeune femme qui a mystérieusement disparu. Les policiers pensent à une fugue, mais Daniel, qui est l’un des derniers à avoir vu l’adolescente vivante, sait qu’elle avait des habitudes dangereuses et pourrait très bien avoir fait une mauvaise rencontre. Très vite, son enquête tourne à l’obsession. Il délaisse son emploi et s’investit plus que de raison dans ses recherches, n’hésitant pas à recourir à des moyens illégaux pour les faire avancer…
Et un polar psychologique à la française de plus, un! Bon, pourquoi pas… Quand c’est réussi, cela peut donner d’excellents films. Mais pour cela, il faut captiver le spectateur avec une ambiance fiévreuse, des personnages complexes, un rythme nerveux et un récit émaillé de fausses pistes et de rebondissements. Des qualités que le nouveau long-métrage de Christophe Lamotte, peine à réunir, hélas. Disparue en hiver est mollasson, atone, dépourvu d’intensité. Ses personnages manquent de nuances et son récit est trop linéaire pour convaincre. Et pour couronner le tout, les rares soubresauts narratifs sont tellement peu crédibles qu’ils en deviennent risibles.
Il y avait mieux à faire avec une telle trame. Le cinéaste aurait pu, par exemple, mieux exploiter le personnage de Daniel, en laissant planer le doute quant à sa culpabilité dans la disparition de la jeune femme, et il aurait pu instiller davantage de noirceur au récit, comme avait su le faire Guillaume Nicloux dans Cette femme-là. Là, il se contente de suivre un chemin ultra-balisé, déjà vu cent fois ailleurs.
Sans doute conscient du manque d’originalité et d’intensité de son intrigue policière, Christophe Lamotte a cru bon de l’entrelacer avec un autre récit, plus mélodramatique, construit autour de la relation entre Daniel et son ex-femme, Christine (Géraldine Pailhas). A moins que ce ne soit l’inverse et que l’intrigue criminelle ne serve finalement qu’à dissimuler le sujet principal, le drame qui a frappé ces deux personnages. Peu importe… Quel que soit le bout par lequel on le prenne, le film ne parvient pas à faire coexister efficacement ces deux composantes. Chacune freine le rythme de l’autre et empêche le spectateur de trouver ses marques dans cette narration un brin confuse.
Là encore, il y avait mieux à faire…
Finalement, le seul intérêt de cette partie mélodramatique est de donner du temps de présence à l’écran à Géraldine Pailhas. Non que son rôle, qui manque cruellement de consistance, la mette particulièrement en valeur, mais au moins, son regard félin vient contrebalancer les yeux de cocker battu que Kad Merad traîne tout le long du film. C’est déjà ça…
Bref, Disparue en hiver n’est pas une franche réussite. Convenons-en, il y a bien pire dans le genre, mais au prix de la place de cinéma, le spectateur attend autre chose que ce mélange de drame psychologique formaté, remixé avec une intrigue policière au rythme plus plat qu’un épisode de Derrick. Si on compare le film avec Gone girl ou True Detective, pour ne parler que d’oeuvres récentes, on voit clairement la différence de niveau.
C’est d’autant plus frustrant que les précédents films de Christophe Lamotte, Un possible amour et Nord Paradis se distinguaient par un style singulier, une patte d’auteur atypique, qui ne transparaît pas vraiment dans cette oeuvre truffée de clichés. Soupir et grande tristesse – regard de cocker battu, école Kad Merad…
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Disparue en hiver
Disparue en hiver
Réalisateur : Christophe Lamotte
Avec : Kad Merad, Géraldine Pailhas, Lola Creton, Pierre Perrier, Francis Renaud, Jérôme Varafrain
Origine : France
Genre : polar mou et drame psychologique ennuyeux
Durée : 1h40
date de sortie France : 22/01/2015
Note : ●●○