Quand il a été lancé dans l’ombre de son grand frère, le festival du film américain, on ne donnait pas cher de la peau du festival du film asiatique de Deauville. Le pari de mettre en avant les cinématographies d’Asie, en misant sur de jeunes auteurs et un cinéma art & essai exigeant, était risqué, car les films chinois, coréens, japonais,… n’attiraient alors qu’un public restreint. Et les vedettes asiatiques, ne bénéficiant pas de la même notoriété que les stars hollywoodiennes, ne déplaçaient pas vraiment les foules…
Et pourtant, le festival a tenu bon et a su séduire un public de plus en plus large avec sa programmation éclectique et ouverte sur le monde, devenant un des événements incontournables de la saison cinématographique.
La 13ème édition du festival s’est ouverte ce soir avec la cérémonie d’ouverture, au cours de laquelle ont été présentés les différents jurys.
Déjà, celui de la compétition officielle, présidé cette année par le cinéaste israélien Amos Gitaï (Kadosh) et comprenant dans ses rangs les cinéastes Jacques Fieschi, Mia Hansen-Love, Noémie Lvovsky, Pavel Lounguine, les acteurs Reda Kateb, Catherine Mouchet et l’écrivain Marc Weitzmann.
Une équipe plutôt orientée cinéma d’auteur exigeant pour départager des oeuvres plutôt catégorisées “art & essai”.
Ensuite, le jury “action asia”, chargé d’élire, comme son nom l’indique, le meilleur film d’une sélection dédiée à l’action pur et dure (films de sabre, de kung-fu, polars violents…). C’est Pierre Morel, un habitué du genre (Banlieue 13, From Paris with love) qui en a la charge, aidé dans sa tâche par Yannick Dahan, Lola Doillon, Yves Montmayeur, Jules Pélissier et l’actrice japonaise Lika Minamoto.
Le jury d’Amos Gitaï a pu tout de suite se mettre au travail avec la présentation du premier film en compétition, La Ballade de l’impossible.
Signé par le franco-vietnamien Tran Anh Hung (L’odeur de la papaye verte), ce film a pourtant été tourné au Japon avec des comédiens nippons, puisqu’il s’agit de l’adaptation sur grand écran du roman éponyme de l’écrivain Haruki Murakami (1). Un projet particulièrement risqué, tant les bouquins de cet auteur de génie sont denses, complexes, poétiques et très axés sur la psychologie des personnages. Des choses pas faciles à porter à l’écran…
Cela dit Tran ahn Hung a déjà prouvé qu’il était à l’aise avec la chronique intimiste et les films d’ambiances (A la verticale de l’été, Cyclo, Je viens avec la pluie)…
Alors, pari réussi?
Hélas, je ne peux pas (encore) vous répondre sur ce point, puisque… je n’ai pas vu le film… Je suis arrivé à Deauville trop tard pour pouvoir assister à la projection. Mais, en tant qu’admirateur de l’écrivain japonais et du style délicat de Tran Anh Hung, je peux difficilement rater cela et suis bien décidé à voir le film lors de la séance de rattrapage – enfin, sauf si les échos sont très mauvais…
Demain, jeudi, début des festivités et premiers choix à effectuer parmi une sélection de films aussi alléchants les uns que les autres, et à ne pas manquer, l’hommage au cinéaste coréen Hong Sang-Soo, qui viendra présenter son Hahaha. Non, je ne me moque pas de vous, chers lecteurs, c’est le titre du film, qui d’ailleurs ne doit pas vraiment être une comédie…
A demain, donc, pour de nouvelles chroniques asiatiques…
(1) : “La Ballade de l’impossible” d’Haruki Murakami – coll. Points – éd. Seuil
J’ai hâte de voir La Balade de l’impossible. Le roman de Murakami est magnifique, et Tran Ahn Hung est un cinéaste intéressant…