furiosa affcannes[Hors Compétition]

De quoi ça parle?

De la jeunesse de Furiosa.
Qui ça ? Furiosa, la partenaire de Mad Max dans Mad Max : Fury Road, jouée, à l’époque, par Charlize Theron.
Si vous avez vu le film en question, vous n’aurez pas de mal à imaginer le contexte, un univers post-apocalyptique, et le décor, un désert où les rares traces de présence humaine se concentrent autour de places fortifiées, souvent tenues par des tyrans belliqueux comme le bad guy de Fury Road, Immortan Joe, et quelques autres types patibulaires, comme Dementus (Chris Hemsworth) qui fait ici office d’ennemi juré de l’héroïne, incarnée cette fois-ci par Anya Taylor-Joy.

Enfant, Furiosa appartient à une communauté vivant dans un espace relativement préservé par le conflit, une sorte d’Eden dont les habitants conservaient précieusement le secret. Mais tout bascule quand des maraudeurs la kidnappent et l’emmènent jusqu’au camp de Dementus. Celui-ci en fait sa nouvelle mascotte et la gamine, encore trop frêle pour tenir tête à tout un gang de brutes épaisses, n’a d’autre choix que de patienter avant de pouvoir espérer prendre son indépendance et se venger. L’occasion lui est donnée quand le belliqueux Dementus entreprend de conquérir les trois lieux essentiels à la domination de l’ensemble des terres dévastées : le stock d’essence, le dépôt de munitions et la citadelle d’Immortan Joe.
Furiosa va profiter des fluctuations des rapports de force entre les tyrans ennemis pour trouver sa place dans cet univers sauvage et désespéré, où les femmes sont le plus souvent cantonnées à des fonctions de génitrices ou d’esclaves, et planifier sa fuite.

Pourquoi on finit en panne sèche d’inspiration critique?

Honnêtement, on ne voit pas trop quoi dire sur ce long-métrage. Il n’y a aucune ambiguïté quant à son contenu. En entrant dans la salle, on sait exactement ce qui va nous être servi. Et on le reçoit.
Cinquième film situé dans l’univers post-apocalyptique inventé par George Miller en 1979 pour Mad Max, Furiosa s’adresse avant tout aux fans de la saga et aux amateurs d’action motorisée et de violence, tout en cherchant à développer un peu un personnage “furieusement cool” qui avait su gagner les faveurs du public dans Fury Road.

A l’écran, tout fonctionne très bien. Les scènes d’action sont spectaculaires et rondement menées, avec ce qu’il faut de sauvagerie pour satisfaire les amateurs, et quelques pointes d’humour noir, c’est-à-dire le cocktail qui porte la saga depuis ses origines. On y retrouve les mêmes personnages de brutes dégénérées, portant des tenues improbables et chevauchant des motos monstrueuses, que le héros, ou ici l’héroïne prendra un malin plaisir à dégommer. Et on retrouve aussi cette atmosphère singulière, ces décors à base de pneus, tôles froissées et piques acérées correspondant tout à fait à l’idée qu’on se fait d’un univers dévasté par une apocalypse nucléaire. Et reconnaissons à George Miller, 79 ans, une énergie dans la mise en scène aussi incroyable qu’à ses débuts.
Cependant, même si le cahier des charges est rempli, il faut bien reconnaître que le rythme est moins trépidant que celui de Fury Road, qui, il est vrai proposait de l’action quasiment non-stop, avec une frénésie assez incroyable. Ici, passée la première heure, on finit par s’ennuyer un peu devant ces courses-poursuites et ces combats entre sauvageons et souhaiter la pénurie d’essence généralisée pour pouvoir écourter les échauffourées. Il faut dire que l’effet de surprise ne joue plus vraiment, et que ce genre, assez révolutionnaire en son temps, est aujourd’hui devenu plus usuel pour le grand public, biberonné aux blockbusters.

Pour le reste, Chris Hesworth trouve un rôle qui lui permet de cabotiner sans vergogne, Tom Burke joue les simili-Max en mode mini et Anya Taylor-Joy n’a pas grand-chose à jouer, se contentant d’ouvrir grand les yeux et de serrer la mâchoire, pour contribuer un peu plus à forger à son personnage la réputation d’une dure-à-cuire stoïque et impitoyable.
Bref, Furiosa n’est certainement pas une oeuvre qui marquera l’histoire du Festival de Cannes. Ce n’est pas non plus le meilleur film de la saga Mad Max. C’est un film d’exploitation correct, mais sans plus. Les fans apprécieront probablement. Les non-initiés se laisseront peut-être embarquer. Pour les autres, Furiosa ne sera probablement pas indispensable…

Contrepoints critiques :

”De retour sur la Croisette neuf ans après Mad Max: Fury Road, George Miller livre un film surpuissant, effrayant et jouissif. Anya Taylor Joyce est aussi laconique que flamboyante.”
(Olivier Delcroix – Le Figaro)

”De la mythologie Mad Max, tout est dans Furiosa. Mais il manque pourtant quelque chose. Sublime spectacle d’action, le film porté par une formidable Anya Taylor-Joy tourne avec une furie très satisfaisante en rond. Ce qui aurait été parfait si dans le même temps il ne cherchait pas à élargir son univers, dans une intention qui n’apparaît pas qu’artistique.”
(Marc-Aurèle Garreau – Cinésérie)

Crédits photos : Copyright 2024 Warner Bros. Feature Productions Pty Limited and Domain Pictures, LLC. Images fournies par le Festival de Cannes

REVIEW OVERVIEW
Note :
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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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