De quoi ça parle?
Des dernières aventures d’Indiana Jones avant (peut-être) de prendre une retraite cinématographique bien méritée.
Dans ce cinquième épisode de la saga, qui se déroule en 1969, le Professeur Henry Jones Junior est justement envoyé à la retraite, poussé vers la sortie par son employeur. L’archéologie ne fait plus vraiment rêver les jeunes générations, qui sont fascinées par la conquête spatiale et les premiers pas de l’homme sur la Lune. De toute façon, le héros est fatigué. Il n’a plus goût à rien depuis que son fils Mutt (joué par Shia LaBeouf dans le quatrième épisode) est mort au Vietnam et que ce décès a eu raison du couple qu’il formait avec Marion (Karen Allen).
Il a à peine le temps de poser sa sacoche que sa filleule, Helena Shaw (Phoebe Waller-Bridge), vient lui rendre visite. La dernière fois qu’il l’a vue, elle n’était encore une enfant. Elle est désormais archéologue, comme lui, et recherche l’Antikythera (ou “machine d’Anticythère”), créé par Archimède à l’Antiquité. Son père Basil (Toby Jones) et Indy avaient subtilisé un des composants de l’objet à un groupe de nazis en 1945 (ce que relate la scène d’introduction du film, spectaculaire) et elle pense savoir où se trouve l’autre partie.
Mais ils ne sont pas les seuls à convoiter la précieuse relique.
Völler (Mads Milkkelsen), le scientifique nazi à qui ils avaient dérobé l’objet est toujours vivant et a même réussi à infiltrer la NASA, où il a contribué au programme spatial. Il est persuadé que la machine d’Anticythère, puissant calculateur de positions astronomiques peut permettre de voyager dans le temps. Une telle invention pourrait lui permettre de revenir au milieu du XXème siècle et de donner une autre issue à la seconde guerre mondiale.
“Nazis, I hate these guys…”.
Pourquoi on valide finalement le report de l’âge de la retraite ?
il y a quinze ans, Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal avait, malgré un gros score au box-office, déçu les fans de l’aventurier et de Steven Spielberg. La faute à un scénario un peu tiré par les cheveux, mélangeant film d’aventures classiques et science-fiction, le recours à des effets numériques pas toujours très inspirés et la volonté un peu trop manifeste d’imposer un fade Shia LaBeouf en héritier, et potentiel héros d’une nouvelle saga.
Depuis, LaBeouf a connu quelques déboires extraprofessionnels qui l’ont écarté des studios et, Harrison Ford commençant à prendre de l’âge, on pensait que le héros avait définitivement raccroché fouet et chapeau, du moins sur grand écran.
Mais ce cinquième épisode a été mis en chantier en 2016. Et si Steven Spielberg a finalement passé la main à James Mangold, un cinéaste un peu moins génial, mais ayant fait ses preuves dans différentes grosses productions, comme Logan ou Night and day, Harrison Ford a bien été confirmé dans le rôle-titre. On était assez curieux de voir comment l’acteur, presque octogénaire, allait pouvoir gérer les séquences d’action nécessaires à l’intrigue.
La scène introductive donne en partie la réponse. On découvre un Harrison Ford rajeuni à l’aide des technologie de motion capture, qui progressent de film en film. L’action se déroule en 1945, vers la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Hitler est enfermé dans son bunker. Les nazis sont en déroute, mais se livrent à un dernier raid, dérobant des oeuvres d’art et des objets archéologiques. Indiana Jones essaie de récupérer un artefact au péril de sa vie. Il échappe à une exécution, un bombardement et doit remonter un train rempli de soldats nazis pour accomplir sa mission.
Mais la suite du récit, elle, se déroule en 1969 et met en scène un héros octogénaire. A la première scène d’action, le confrontant aux agents de la CIA et aux hommes de mains de Völler, on a un peu peur que le film perde rapidement toute crédibilité. L’acteur, tout en ayant de beaux restes, est manifestement trop rouillé pour jouer des scènes de fusillades et des courses-poursuites à pied.
Cependant, l’enchaînement de péripéties ne laisse pas trop le temps de s’attarder à ce détail, et pour les séquences suivantes, les scénaristes ont pris soin de proposer des scènes d’action moins exigeantes en termes d’effort physique, mais tout aussi spectaculaires, comme une palpitante poursuite en Tuk-Tuk dans les ruelles de Tanger ou une plongée sous-marine dans les eaux de la Mer Egée. Par ailleurs, ils capitalisent sur d’autres aspects du film d’aventures, notamment la résolution d’énigmes, pour laquelle l’expérience d’Indy s’avère capitale, et jouent sur les relations souvent compliquées unissant Indiana, Helena et le jeune Teddy (Ethann Isidore) un adolescent marocain qui joue un rôle équivalent à celui de Demi-Lune dans le second volet de la saga.
Le thème du récit, la quête d’un objet permettant le voyage temporel, et les nombreux clins d’oeil aux précédents films de la saga et les figures imposées par l’univers d’Indy – le chapeau voyageur qui revient toujours à proximité du héros, la phobie des serpents, les répliques-cultes – apportent un petit parfum de nostalgie qui nous aide à apprécier ce film d’aventures à l’ancienne. Certes, Mangold n’est pas Spielberg et la magie d’antan s’est quelque peu dissipée. En même temps, les attentes sont peut-être aussi moins élevées que pour le quatrième opus. On voit surtout le film comme un dernier moment passé avec un héros attachant qui a bercé notre enfance et notre adolescence, et son interprète, Harrison Ford. Un baroud d’honneur qui se laisse voir avec plaisir.
Indy, I love this guy…
Reste maintenant à voir ce que Disney compte faire de la saga, car s’il s’agit bien de la der des der d’Harrison Ford, rien n’empêcherait techniquement les studios de faire revenir le personnage, sous les traits d’un autre acteur (cela semble impossible, mais après tout, James Bond a bien connu huit interprètes différents à date…), d’un alter-ego numérique, en utilisant les éléments de motion capture réalisés pour ce film ou d’un personnage de film d’animation. Il pourrait aussi y avoir la tentation de créer une nouvelle saga autour de Helena Shaw, même si elle ne possède pas exactement le même charisme. Cela dépendra sûrement du succès de ce cinquième opus au box-office.
Contrepoints critiques :
« Not only is Indiana Jones and the Dial of Destiny an almost complete waste of time, it’s also a belabored reminder that some relics are better left where and when they belong. If only any previous entries in this series had taken great pains to point that out. »
(David Ehrlich – Indiewire)
”De courses-poursuites mémorables (…) en guest-stars d’hier ou d’aujourd’hui, c’est surtout notre enthousiasme de gamins qui remonte le temps. Harrison Ford porte toujours aussi bien le chapeau, et le mythe prend… un grand coup de fouet.”
(Cécile Mury – Télérama)
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