Arctic affproIl y a des gens qui ont vraiment la poisse…
Certes, à première vue, on pourrait se dire que le personnage joué par Mads Mikkelsen a de la chance, puisqu’il est le seul survivant d’un crash aérien. Mais quand on voit l’endroit où il se retrouve piégé, au coeur du désert glacial de la région arctique, on comprend qu’il va en baver… Son seul abri est la carcasse de l’avion qui s’est échoué. Il n’a évidemment ni électricité, ni chauffage, ce qui s’avère embêtant pour supporter une température extérieure pouvant aller jusqu’à -70°C. Le voisinage n’est pas trop incommodant, hormis ces ours polaires affamés qui s’aventurent parfois un peu trop près de sa base, histoire de lui voler le fruit de sa pêche, sa seule nourriture… Quand on a faim, des sushis d’omble congelé, c’est mieux que rien…
Tous les jours, l’emploi du temps de ce rescapé est immuable : Il déblaie la neige pour former le mot “SOS” sur le sol, afin d’attirer l’attention de secours éventuels, part relever ses filets de pêche, cartographie les lieux et tente d’émettre un signal radio, toujours dans l’hypothèse où quelqu’un passerait par là.
Il croit bien être tiré d’affaire lorsqu’un hélicoptère survole la zone du crash. Hélas, celui-ci, pris dans une tempête, s’écrase à son tour. Quand on vous dit qu’il n’a pas de bol… Il se retrouve tout aussi coincé, mais avec en plus une blessée à soigner et à nourrir. Seul progrès notable, la découverte d’une carte de la zone, indiquant la présence d’une base-refuge à “seulement” quelques jours de marche de là.
Il décide donc de tenter le coup et de partir à pied, en traînant la blessée, les vivres et le matériel de survie élémentaire. Mais évidemment, la route est longue et semée d’embûches, surtout quand, comme cet homme, on n’a vraiment pas de chance…

A vrai dire, il est dommage que le scénario laisse le sort s’acharner à ce point sur le pauvre personnage, car cette accumulation de péripéties improbables s’oppose à la sobriété générale de l’oeuvre et nuit à sa crédibilité. Avec un peu plus de rigueur, Arctic aurait pu constituer la variante “grand nord” de All is lost, un modèle du genre. Hélas, on ne croit pas un instant au crash de l’hélicoptère, ni à tous les efforts consentis par le personnage pour sauver une inconnue très mal en point, avec laquelle il n’arrive jamais vraiment à communiquer.
On reste un peu sur notre faim, malgré les efforts de Mads Mikkelsen pour nous emporter dans son sillage, la beauté des plans et l’humanisme qui parcourt le récit.
Mais on ne va pas se plaindre… On préfère être sur le tapis rouge avec les pingouins cannois que coincés sur la banquise à manger des poissons glacés avec les ours polaires… Il y a des gens qui ont vraiment la poisse…

REVIEW OVERVIEW
Note :
SHARE
Previous article[Cannes 2018] “Cold War” de Pawel Pawlikowski
Next article[Cannes 2018] Jour 3 : Sexe, mensonges et vidéo (ou pas)
Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

LEAVE A REPLY