Thomas est un jeune homme qui a du mal à trouver sa place dans le monde. Livré à lui-même suite à la mort de ses parents, il s’est mis à dériver et est tombé dans la drogue. Après une overdose, il accepte d’intégrer une communauté religieuse isolée, au coeur du massif alpin, afin de tenter de reconstruire sa vie.
Les débuts sont forcément difficiles. Le jeune homme subit le manque de drogue, mais peine aussi à s’intégrer au groupe et à ses règles de vie drastiques. Il a également du mal à s’investir dans la prière quotidienne, lui qui n’a jamais cru en Dieu ou en quoi que ce soit. Au bout de seulement trois semaines, il claque déjà la porte de la communauté, mais sa rencontre avec Sybille, une jeune étudiante en archéologie qui vit dans le village le plus proche, va le pousser à s’accrocher. Au fil des mois, le garçon rebelle s’assagit, s’adoucit et peut envisager une tout autre vie, voire de toutes autres vies, selon les choix qui s’offrent à lui. Doit-il rester avec ses frères, dans ce havre de paix et de tranquillité, ou retrouver la vie citadine, avec son lot de frustrations, de tentations et le risque de replonger dans la drogue? Et s’il part, doit-il choisir la voie que lui dicte sa sagesse ou celle que lui dicte son coeur?
Avec La Prière, Cédric Kahn signe un film lumineux et empreint d’une grande douceur, dressant le portrait d’un jeune homme à un instant charnière de son existence, à l’heure de décider ce que va être sa vie, de choisir sa voie. Contrairement à ce que l’on aurait pu redouter, il ne s’agit pas d’une oeuvre austère versant dans le prosélytisme. Bien sûr, le film baigne dans la morale chrétienne et les chants religieux. Le cinéaste valorise la prière et le recueillement pour apaiser les âmes troublées, et la question de la foi est au centre des préoccupations du protagoniste. Mais c’est moins un film sur la spiritualité que sur les vertus humanistes et sociales de la religion. Le personnage principal ne peut pas savoir s’il a rencontré Dieu, mais ce qui est certain, c’est qu’il s’est trouvé une véritable famille au sein de cette communauté, auprès de ces personnes qui ont connu les mêmes galères que lui et qui cherchent à se reconstruire à leur propre rythme. Il a trouvé des pères et des mères de substitution, capables de le secouer quand il s’égare – La scène où la Mère supérieure, incarnée par la lumineuse Hannah Schygulla, le met face à ses mensonges et ses contradictions, est un beau moment de cinéma.
La religion est utile quand elle crée du lien et de la solidarité, qu’elle aide les individus à s’intégrer dans la société ou à surmonter les épreuves individuelles, à apporter de la lumière dans les ténèbres. Ici, elle permet au jeune protagoniste de trouver la paix intérieure et d’avoir foi, avant tout, en lui-même et en ses possibilités.
La Prière est l’un des très beaux films de la compétition berlinoise 2018 et on peut légitimement croire qu’il figurera au palmarès, ne serait-ce que par un prix d’interprétation pour le jeune acteur principal, Anthony Bajon, une révélation – une de plus – à mettre à l’actif de Cédric Kahn.