Ca y est, la fin du monde a bien eu lieu. L’auteur de ces lignes est arrivé en Enfer…
Sinon, comment expliquer qu’un nanar aussi cauchemardesque qu’Alex Cross puisse bénéficier d’une sortie en salle?
On comprend que des producteurs aient pu avoir envie de financer le projet, car les deux premières adaptations cinématographiques des romans de James Patterson, Le Collectionneur et Le Masque de l’araignée, avaient plutôt bien marché au box-office. Alors, hop, ils ont acheté les droits du roman “La lame du boucher” (1) et lancé la production.
Seulement voilà, dix ans ont passé depuis ces deux premiers épisodes et Morgan Freeman (75 ans) n’était plus vraiment apte à se relancer dans une chasse à l’homme…
Du coup, c’est à Tyler Perry qu’ils ont confié le rôle. Première grosse erreur…
Non seulement le bonhomme ne possède aucun charisme, mais en plus il joue comme un pied, alternant inexpressivité bovine et cabotinage grotesque. La première moitié du film, il affiche une sorte de sourire niais en toute circonstance. La seconde moitié, il n’est plus content et fronce les sourcils. Waouh! Oscar assuré…
Le reste du casting n’est pas vraiment mieux. On est atterrés de voir Edward Burns, jadis acteur et cinéaste prometteur, se fourvoyer dans cette série B de seconde zone, dans un rôle de faire-valoir totalement insipide. On est effarés de voir Jean Reno cachetonner dans la peau d’un personnage tellement caricatural que les “rebondissements” qui y sont associés deviennent hyper prévisibles et ôtent tout suspense.
John C. McGinley est moins à l’aise en chef de la police psychorigide qu’en médecin autoritaire dans la série “Scrubs”, mais il faut aussi reconnaître que son temps de présence à l’écran est des plus restreints. Idem pour Carmen Ejogo et Rachel Nichols, cantonnées à des rôles de potiches de service dont la disparition en cours de route n’émouvra personne.
Le seul qui tire son épingle du jeu, c’est Matthew Fox, en psychopathe sadique, bien loin du héros de la série “Lost”. Et encore… On ne peut pas dire que son jeu soit particulièrement nuancé…
Deuxième grosse erreur : s’être écarté de la trame du roman – déjà pas fameuse – dont le film s’inspire.
On ne va pas pinailler sur des détails comme le fait de situer l’action à Detroit plutôt qu’à Washington, la temporalité de l’action, ou les liens qui unissent les différents personnages, sensiblement revus et corrigés. En revanche, on n’est pas franchement emballés quand, bien plus que dans l’oeuvre originale, le moteur de l’intrigue devient la vengeance. Oeil pour oeil, dent pour dent… Les personnages principaux deviennent vite obsédés par l’idée de retrouver le meurtrier et de le tuer, et le film vire à la bête apologie de la justice expéditive et de la vengeance, sans qu’aucune nuance ne vienne contrebalancer cet aspect nauséabond (hormis une ridicule scène moralisatrice où la grand-mère de Cross essaie de le dissuader de se lancer dans son expédition punitive…).
Troisième grosse erreur : avoir confié la réalisation à Rob Cohen, tâcheron hollywoodien dont les qualités techniques semblent de moins en moins évidentes à mesure qu’avance sa filmographie. La mise en scène est confondante de médiocrité, les scènes d’action sont confuses et mal rythmées et l’esthétique globale est moins soignée que dans n’importe quel téléfilm policier diffusé sur la TNT. Pour parler franchement, il s’agit d’une vraie purge.
Bref, on ne va pas chercher plus longtemps des crosses à cet Alex Cross de bien piètre facture. Vous aurez compris que nous ne le recommandons pas, même à notre pire ennemi. Les Mayas se sont donc plantés dans leur prophétie apocalyptique, mais nous, on peut vous prédire quelque chose à coup sûr : si les producteurs entendent adapter les quinze autres bouquins de Patterson avec la même équipe (2), ce sera sans nous…
(1) : “La Lame du boucher” de James Patterson – éd. Livre de Poche Thrillers
(2) : L’adaptation de “Double Cross” est dores et déjà prévue…
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Alex Cross Alex Cross Réalisateur : Rob Cohen Avec : Tyler Perry, Matthew Fox, Edward Burns, Jean Reno, John C. McGinley, Carmen Ejogo, Rachel Nichols Origine : Etats-Unis Genre : Cross my heart, it’s a third-rate movie Durée : 1h41 Date de sortie France : 19/12/2012 Note pour ce film : ●○○○○○ Contrepoint critique : Le Blog de la peste |
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Je n’aurais pas dit mieux : très belle analyse de ce navet dont le meilleur est, comme souvent, la bande annonce.