Le “Z” de World War Z, c’est pour “Zombies”.
Dans ce blockbuster estival réalisé par Marc Forster, ils ont une fois de plus décidé de s’attaquer aux humains. Mais pas pour leur bouffer la cervelle, car la grande majorité d’entre eux n’en a plus de nos jours, à commencer par les scénaristes hollywoodiens…
Non, ceux-là se contentent de mordre les gens pour propager le virus dévastateur qui les a transformés en morts-vivants. Et comme il ne suffit que de quelques secondes aux infectés pour se métamorphoser à leur tour, cela crée un certain bazar dans les rues de la plupart des villes de la planète.
Fort heureusement, pour sauver le monde, il y a Brad Pitt. Inévitable. N°5 du top des héros chevelus qui partent défendre le monde sans ruiner leur brushing.
Il incarne ici Gerry Lane, un ex-casque bleu de l’ONU qui, lassé des horreurs vues sur le terrain, a décidé de tout plaquer pour s’occuper de sa famille. Evidemment, cette invasion de morts-vivants va le contraindre à reprendre du service. Pour mettre les siens à l’abri sur le navire du commandement de l’ONU, loin des cohortes de zombies, il n’a d’autre choix que de partir pour une périlleuse mission : accompagner un épidémiologiste dans sa quête du foyer de l’épidémie, du patient zéro dont tout est parti, et ainsi mettre au point un vaccin pour protéger les survivants. Et quand, au premier arrêt de l’équipée, le chercheur trépasse prématurément, le bon Brad/Gerry comprend qu’il va devoir faire le job lui-même. Heureusement qu’il est aussi malin que beau gosse. Il a le sens de l’observation, de bons réflexes et sait compter jusqu’à huit – pile le temps, en secondes, de la transformation des humains en zombies.
Et surtout, il est au moins aussi inoxydable que son épouse Angelina Jolie dans le film Salt. Il peut survivre à tout et n’importe quoi. Essentiellement à n’importe quoi, d’ailleurs, parce le film accumule les séquences absurdes. On ne gobe pas un instant qu’un accident de voiture spectaculaire ne cause aucune égratignure, commotion ou ne serait-ce qu’un léger choc émotionnel. Et encore moins dans le cas d’un crash aérien…
Et pourtant, le Brad s’en tire avec trois fois rien. Un bout d’acier dans le bide, ce n’est rien, il courra comme un cabri deux séquences plus loin…
Bref, World War Z, c’est n’importe quoi, et plus le film avance, plus on se dit que le “Z” du titre est pour “Série Z”.
Pas au niveau du budget, d’accord, car 200 M$ c’est quand même une somme. L’argent a dû servir à payer la star du film, les seconds rôles prestigieux – Matthew Fox, dans un micro-rôle de 30 secondes – et les milliers de figurants qui courent partout tout le long du film, déguisés en zombies. Et aussi à retourner complètement la fin du film, l’ancienne ayant été jugée incohérente par les producteurs…
Qu’est-ce que cela devait être alors… Parce que niveau scénario, c’est pauvre, très pauvre. Et mal construit. On a l’impression qu’il manque des pans entiers de l’intrigue. Des personnages secondaires sont présentés puis abandonnés ou totalement sous-exploités. Le gamin adopté par la famille Lane, la jeune israélienne qui l’accompagne dans sa quête, les supérieurs de Lane, ses proches… Tous les enjeux annexes se dissolvent dans la crétinerie du fil conducteur principal. Les évènements s’y enchaînent de façon mécanique, sans logique. simples figures imposées devant apporter leur lot de frissons au spectateur. Sauf que là aussi c’est raté. Comme le seul enjeu réel est la survie ou non du héros monolithique, le suspense est loin d’être insoutenable…
On passera aussi sur les vieux clichés véhiculés par l’intrigue. Les Nord-Coréens s’en sortent parce qu’ils sont plus cruels que les autres et les Israéliens, parce qu’ils construisent un mur… Les Palestiniens apprécieront l’analogie… Ah! Et le foyer épidémique est forcément dans un pays émergent. Heureusement que les valeureux américains, qui ont le respect de la famille et de la patrie, sont là pour sauver le Monde…
On n’ira pas jusqu’à dire que le film est raciste, mais niveau finesse, on a connu mieux…
Si encore le film était réussi en termes d’actions et d’aventures, mais même pas. La mise en scène manque d’ampleur et de style. Apparemment, on a définitivement perdu le Marc Forster qui nous avait enchantés avec L’Incroyable destin de Harold Crick ou Les Cerfs-volants de Kaboul. Voire celui, déjà plus apathique et sans imagination, de Quantum of solace…
Pour finir, on dira que le “Z” de World War Z est pour “Zéro”. La note qu’on aurait pu lui attribuer si une ou deux scènes un peu plus réussies que les autres ne nous avaient incité à la clémence. Mais qu’on ne s’y trompe pas, ça reste un nanar boursoufflé et inutile, totalement dispensable…
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World War Z World War ZRéalisateur: Marc Forster Avec : Brad Pitt, Mireille Enos, Daniella Kertesz, Fana Mokoena, David Morse, Matthew Fox Origine : Etats-Unis Genre : série Z Durée : 1h56 Date de sortie France : 03/07/2013 Note pour ce film : ●○○○○○ Contrepoint critique : 365 jours de cinéma |
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