[Hors Compétition, Film de Clôture]
De quoi ça parle ?
D’un vieux garçon napolitain (Silvio Orlando) , professeur de piano austère et solitaire, qui voit débarquer chez lui un adolescent en fuite (Giuseppe Pirozzi).
Il s’agit du fils d’un voisin, apparemment en lien avec la mafia napolitaine. Comprenant que le gamin est en danger, il accepte de le cacher chez lui, mais ce-faisant, il se met lui-même dans une posture inconfortable.
Pourquoi il bambino nascosto est tutti rikiki ?
Parce qu’il ne ressort pas grand chose, hélas, de ces presque deux heures de récit.
Avec une telle amorce, on pouvait imaginer une déclinaison de la trame de Gloria, Lion d’Or en 1980, où une femme protégeait un enfant ciblé par la mafia. On s’attendait à ce que Roberto Ando nous montre l’apprivoisement mutuel du jeune rebelle et du vieux professeur, leur rapprochement permettant à l’un de trouver une figure paternelle de substitution, capable de lui enseigner autre chose que la violence, et à l’autre de combler sa solitude en transmettant son savoir. Il y a bien l’ébauche de cela, mais c’est assez laborieux. Les deux personnages sont tellement dissemblables que l’on a du mal à croire à la naissance de liens affectifs en si peu de temps. L’alchimie ne fonctionne pas. Ni entre eux deux, ni avec le spectateur. Désolé, mais Silvio Orlando, même en étant très bien dans la peau de son personnage, n’a pas la prestance de Gena Rowlands, et son jeune partenaire est bien plus tête à claques que l’adorable gamin du film de Cassavetes…
Surtout, me film manque cruellement de tension. On pouvait s’attendre à un thriller faisant monter la tension crescendo, et à quelques éclats de violence, la camorra n’étant pas connue pour faire dans le sentiment… Ici, rien de tout cela ou si peu qu’on ne ressent aucune peur pour les personnages, aucun stress.
Même quand on pense que le scénario va se complexifier en jouant sur l’ambiguïté autour du personnage du vieux professeur, dont on peut s’interroger sur la nature de ses relations avec certains de ses élèves, l’auteur n’en tire absolument rien, retournant à un cheminement très linéaire et bien trop sage.
À l’arrivée, l’intrigue de Il Bambino nascosto ne procure que très peu d’émotions et manque trop d’enjeux pour convaincre. A sa décharge, c’était probablement aussi le cas du roman dont elle est tirée (1). Mais dans les deux cas, Roberto Ando est à blâmer puisqu’il est à la fois auteur du texte original et de cette adaptation cinématographique, trop sagement illustrative et dénuée de style. En un mot : ennuyeuse.
Contrepoints critiques
”Troppo lungo, a tratti smodato (il pranzo tar orlando e Imparato) e gratuito (l’omosessualità), nondimeno Il bambino nascosto sa parlare, ovvero scrivere e filmare, di responsabilità civile e libero arbitrio con elegante e pudico coraggio.”
(“Trop long, parfois gênant (le déjeuner entre Orlando et Imparato) et gratuit (l’homosexualité), Il Bambino nascosto sait néanmoins parler, ou plutôt écrire et filmer, de responsabilité civile et de libre arbitre avec un courage élégant et pudique”)
(Federico Pontiggia – Cinematografico.it)
”Volete imparare a scrivere i dialoghi? Guardate #IlBambinoNascosto e fate l’esatto contrario. Si riprende un pochino (ma poco) andando avanti, ma il film di #RobertoAndò è grossomodo un brutto sceneggiato.”
(“Vous voulez apprendre à écrire des dialogues? Regardez Il Bambino nascosto et faites le contraire. Il finit par se reprendre un peu (mais trop peu) et à aller de l’avant, mais le film de Roberto Ando est un mauvais scénario”)
(Marcello Bonini – @kinoljubov sur Twitter)
(1) ; “L’Enfant caché” de Roberto Ando – éd. Lina Levi
Crédits photos : Photo officielle fournie par La Biennale Cinema