Halloween kills[Hors Compétition]

De quoi ça parle ?

De Michael Myers qui revient (encore et encore) passer Halloween à Haddonfield et embêter sa vieille copine Laurie Strode. Et là, il tue, encore et encore…

Pourquoi on milite pour la retraite à 30 ans ?

Parce qu’il y a un moment où il faut savoir s’arrêter de travailler, ranger les outils et finir ses jours bien tranquillement en maison de repos. C’est encore plus vrai pour les psycho-killers, les stakhanovistes du couteau, les forçats de la hache ou les tronçonneurs à la chaîne sots. Surtout pour ceux qui ont commencé jeunes.
Prenez Michael Myers. Le pauvre bougre à commencé son apprentissage à l’âge de six ans, en 1963, quand il a cherché à disséquer sa frangine, puis démarré véritablement sa carrière en 1978 en trucidant à tour de bras des baby-sitters sexy et des jeunes écervelés, la nuit de Halloween.
Un film plus loin, on avait déjà senti qu’il commençait à prendre son job moins au sérieux et à tomber dans la routine. Alors vous pensez bien qu’en 2021, après huit suites plus ou moins reliées à l’original – un vrai bordel à suivre – un remake, et une suite de remake, où il tue en série de manière assez mécanique, il a perdu depuis longtemps l’amour du travail bien fait.

Bon, il faut le comprendre, hein. On le considérait comme un expert dans son genre, et il a subi la concurrence d’un Jason Voorhees, d’un Freddy Krueger, d’un fou de Munch ou d’un Jigsaw qui ont apporté des méthodes de travail modernes, le rendant d’un coup assez ringard. C’est démotivant.
Et puis, bonjour les conditions de travail. Pensez que ce gars là porte le masque en permanence au boulot. Et pas des masques de chirurgien, hein. Des trucs bien couvrants qui empêchent de respirer, sans compter ses gants et sa sempiternelle combinaison dans laquelle il doit transpirer à mort.
Non, sérieusement, à plus de soixante-dix ans, même s’il est encore en forme, papy (il soulève des gros balèze de vingt ans comme un haltérophile turc les poids de 100 kg), il mérite d’aller faire un tour à l’EHPAD.

Au passage, on y enverrait bien aussi Jamie Lee Curtis. Elle a des problèmes de mémoire, mamie. Elle ne se rappelle pas des films où elle a propulsé son vieux copain par la fenêtre du 1er étage, l’a criblé de balles, décapité, cogné, brûlé, sans qu’il ressente la moindre douleur…
Pour lui rafraîchir la mémoire, le réalisateur empile les flashbacks, nous réexplique tout de A à Z (comme la série du même nom). Mais non, toujours rien… Sauf à la fin de cet opus, où elle finit par se demander, quarante ans après, si son ennemi préféré ne serait pas un peu surnaturel sur les bords. Sans déconner… Tout ça pour ça?

Quel intérêt de faire subir tout cela au spectateur ? David Gordon Green, réalisateur honorable, repéré dans de nombreux festivals, était supposé donner à la franchise un nouveau souffle, en laissant de côté la version de Rob Zombie et la plupart des suites réalisées dans les années 1980/1990. Mais qu’apporte-t-il exactement ? Quelle est sa plus value? Ses scénarii sont minables, sa mise en scène est d’une platitude affligeante. Même les morceaux de bravoure sont ratés. On n’a pas peur. On ne sursaute pas un instant. On se prend même à lutter contre l’envie d’un roupillon. Mourir d’ennui face à un tueur en série, un comble !

Le seul élément intéressant, ici, c’est la façon dont la folie s’empare des habitants de Haddonfield, décidés à faire régner l’ordre eux-mêmes et lyncher le psychopathe, sans doute pour critiquer l’Amérique de Trump, bête, violente et intolérante. Mais le propos n’est aucunement structuré. Il tourne au n’importe quoi filmé n’importe comment, aussi erratique que le comportement des différents personnages. N’en jetez plus!

Le pire, c’est qu’un autre épisode est déjà en chantier. Normal, hein… On nous a vendu une trilogie. Mais à quoi bon, avec des intrigues aussi médiocres? C’est de l’exploitation commerciale, de l’attrape-gogos. Mais le prochain sera le dernier… Juré, craché… Eh bien, on l’espère, sinon, on enverra à Myers la version zombifiée du Docteur Loomis pour qu’il l’entraîne en enfer…

Contrepoints critiques

“ Halloween Kills annonce un final explosif, mais en garde un peu trop sous la semelle pour totalement nous convaincre. Reste un Michael Myers ultra charismatique et terrifiant, que l’on a hâte de retrouver dans Halloween ends”
(Chloé Valmary – Cinésérie)

”Halloween Kills is a darker, meaner, more disturbing entry in the franchise. The kills are absolutely brutal and shocking in the best way. It was great seeing old characters again, and there is a flashback that blew my mind. Sadly, this is 100% half a film, and it ends abruptly”
(@Rafaelmotamayor, sur Twitter)

Crédits photos : Copyright Universal Studios. All Rights Reserved.

REVIEW OVERVIEW
Note :
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Rédacteur en chef de Angle[s] de vue, Boustoune est un cinéphile passionné qui fréquente assidument les salles obscures et les festivals depuis plus de vingt ans (rhôô, le vieux...) Il aime tous les genres cinématographiques, mais il a un faible pour le cinéma alternatif, riche et complexe. Autant dire que les oeuvres de David Lynch ou de Peter Greenaway le mettent littéralement en transe, ce qui le fait passer pour un doux dingue vaguement masochiste auprès des gens dit « normaux »… Ah, et il possède aussi un humour assez particulier, ironique et porté sur, aux choix, le calembour foireux ou le bon mot de génie…

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