Une fois n’est pas coutume, la Mostra de Venise a gâté les spectateurs en proposant un véritable petit bijou cinématographique en guise de film d’ouverture.
En effet, après s’être fait remarquer sur la Croisette pour son premier long-métrage, Whiplash, Damian Chazelle a enthousiasmé le Lido avec son La La Land, magnifique hommage aux comédies musicales de jadis, des ballets somptueux de Busby Berkeley aux films en-chantés de Jacques Demy, en passant par les numéros du duo Fred Astaire/Ginger Rogers et les chorégraphies bondissantes de Gene Kelly. Avec de sublimes mouvements de caméra, une mise en scène pleine d’inventivité, et une direction d’acteurs impeccable, le jeune cinéaste raconte une histoire d’amour en quatre saisons et prouve qu’il est encore possible de réaliser des films américains grand public de qualité (Lire notre critique).
Quand un festival commence avec des envies de danser et de chanter, on peut se dire que c’est plutôt bon signe pour la suite, non?
La projection du nouveau film de Kim Ki-duk, The Net, a également été mouvementée. Pas à cause de l’oeuvre en elle-même, plus sobre et moins sulfureuse que certains des précédents longs-métrages du cinéaste coréen, mais des conditions de projection, assez folkloriques. Cette séance correspondait à l’inauguration d’une nouvelle salle de projection dans les jardins entourant le palais du cinéma, et force est de constater que les lieux n’étaient pas encore tout à fait opérationnels. A mesure que les spectateurs s’installaient, plusieurs rangées de fauteuils ont commencé à bouger dangereusement, menaçant de s’effondrer. Une troupe de bricoleurs armés de visseuses a tenté tant bien que mal de consolider la structure avant que le film ne commence, mais dès qu’une rangée était “réparée”, d’autres voix s’élevaient pour réclamer de l’aide à d’autres endroits de la salle. Quand l’équipe du film a pu faire son entrée, on entendait encore, ça et là, des bruits de visseuses. Drôle de façon de fêter l’implantation d’un nouvel espace, qui devrait pourtant s’avérer bien pratique pour accueillir les nombreux festivaliers qui fréquentent la Mostra…
Le film, heureusement, s’est révélé plus solide. C’est une oeuvre subtile qui, à travers les mésaventures d’un humble pêcheur nord-coréen égaré dans les eaux territoriales de la Corée du Sud, traite du conflit entre les deux soeurs ennemies et, plus globalement, de l’aliénation des individus à des autorités morales, politiques, religieuses, idéologiques ou économiques (Lire notre critique).
Hormis ces petits problèmes de vis, la 73ème Mostra a commencé dans les meilleures conditions possibles. Le soleil est encore au rendez-vous, le Spritz coule à flots malgré les menaces de pénurie sur le Prosecco et les films sont de très bonne qualité. Que demander de plus?
A demain pour la suite de ces chroniques vénitiennes.