Au Danemark, dans les années 1920, Einar Wegener est un artiste-peintre réputé. Ses paysages sont très prisés et sont très fréquemment achetés par les galeries d’art. Il est marié à une autre artiste-peintre, Gerda Wegener, et semble parfaitement heureux en ménage avec elle.
Mais un jour, pour aider son épouse à terminer un portrait de femme, Einar est amené à se travestir en femme. L’expérience provoque chez lui un trouble inédit. Par jeu, mais aussi pour comprendre un peu plus ce qui a provoqué cet émoi, il se déguise en femme le temps d’une soirée et se fait passer pour Lili, la cousine d’Einar. L’expérience l’affecte encore plus qu’il ne l’aurait pensé et l’amène à s’interroger sur son identité sexuelle. Au fond de lui, il est une femme. Il le sait depuis l’enfance, mais a réprimé cela pendant des années. Maintenant, il n’est plus question pour lui de faire semblant. Il veut être considéré comme une femme, devenir Lili Elbe à temps plein.
Le problème, c’est que dans le Danemark puritain des années 1920, le travestissement est, comme l’homosexualité, considéré comme un déviance sexuelle. Ses proches poussent Einar à consulter des médecins pour faire soigner cette maladie qui l’affecte. Or tous ceux qu’il consulte le traitent au mieux, comme une curiosité de laboratoire, au pire comme un schizophrène bon à interner.
Seul un chirurgien un peu plus ouvert d’esprit que les autres accepte de lui venir en aide. Il est capable d’effectuer une opération permettant à un homme de se transformer définitivement en femme. Pour Einar, c’est la seule possibilité de pouvoir enfin affirmer son identité sexuelle…
Présenté à la Mostra de Venise en 2015, The Danish girl raconte l’histoire vraie de la première personne à avoir expérimenté une chirurgie de réattribution sexuelle et malgré ce sujet délicat, le film de Tom Hooper constitue une agréable surprise.
Ce n’est pas tant le fait que le cinéma Hollywoodien traite de la question qui nous étonne – la transsexualité n’étant plus vraiment un tabou, même dans le très puritain pays de l’Oncle Sam – mais la façon dont le sujet est abordé. Alors qu’on aurait pu craindre un épouvantable mélodrame tire-larmes et/ou un de ces films à Oscars où les acteurs en font des tonnes pour glaner une statuette, le film est au contraire relativement sobre, épuré et porté par des performances d’acteurs d’une grande justesse.
Cela dit, The Danish Girl reste malgré tout un film hollywoodien, c’est-à-dire hyper formaté, formellement très classique pour ne pas dire très académique. On n’attendait pas de miracles de la part de Tom Hooper. L’homme n’est pas un grand cinéaste, juste un habile faiseur, à qui l’on doit des oeuvres sympathiques comme The Damned United ou Le Discours d’un roi, mais aussi le médiocre Les Misérables. Aucun de ces films ne brille par sa mise en scène, et The Danish girl n’échappe pas à la règle. Mais Hooper est un bon directeur d’acteurs. Il arrive à tirer le meilleur de ses comédiens, à les transcender en veillant à ce qu’ils ne sombrent pas dans le cabotinage éhonté. Et ce travail est payant, puisque Colin Firth puis Anne Hathaway ont tous deux remporté l’Oscar suite à leur collaboration avec Hooper. Ici, il permet à Eddie Redmayne de briller dans la peau de Einar Wegener/Lili Elbe, personnage tourmenté, tiraillé entre son couple et son besoin vital d’affirmer sa vraie nature. Mais il se fait presque voler la vedette par Alicia Vikander, très émouvante dans le rôle de l’épouse d’Einar, qui se sacrifie pour aider l’homme qu’elle aime à trouver le bonheur.
Le film bénéficie de ce duo d’acteurs épatant, mais aussi de ses décors, ses costumes, de son travail sur l’image, qui restituent à merveille l’ambiance de l’époque. C’est globalement du bon travail, très propre, très pro. Le seul problème est juste cette mise en scène trop académique. Mais à choisir, on préfère le classicisme de The Danish girl à l’approche plus expérimentale tentée par Xavier Dolan dans son Laurence anyways, sur un sujet voisin…
The Danish Girl
The Danish Girl
Réalisateur : Tom Hooper
Avec : Eddie Redmayne, Alicia Vikander, Mathias Schoenaerts, Ben Whishaw, Amber Heard, Sebastian Koch
Origine : Etats-Unis, Royaume-Uni, Allemagne
Genre : Histoire vraie
Durée : 2h00
date de sortie France : 20/01/2016
Contrepoint critique : A voir à lire