– Plutôt mourir, de Eva Müller –

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Beaucoup d’enfants se posent des questions sur la mort, cela est normal. Ce qui l’est moins, c’est quand ces questions se transforment en véritable obsession. Pour la petite Eva, la mort est sa plus grande peur : peur de mourir dans un accident, peur de mourir dans un incendie, peur de mourir d’une maladie, peur de mourir dévorer par un monstre… et même peur de mourir de la faim dans le monde, elle qui vit pourtant bien à l’abri dans l’Allemagne des années 80. Pourtant, rationnelle ou non, cette angoisse reste bien réelle, une angoisse si profonde qui l’empêche de dormir et la pousse à passer ces nuits éveillée, enroulée dans sa couette ou parfois même calfeutrée dans son placard.

A son corps défendant, Eva n’est pas aidée : que ce soit via les infos à la télé reportant maintes guerres et famines, les contes pour enfants peuplés d’ogres aux dents acérées et de loups affamés, ou son éducation catholique où la mort et la souffrance restent des thèmes récurrents ; impossible pour elle d’apaiser ses pensées morbides !

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Grâce à des illustrations au crayon à papier – parfois juste additionnées de quelques traits bleus et rouges au crayon de couleur – comme griffonnés frénétiquement dans un carnet, emprunts d’intenses émotions et d’une forte symbolique, se rapprochant parfois de l’icône religieuse, du dessin d’enfant ou du schéma scientifique, Eva Müller nous ouvre son journal intime et expose son rapport à la mort. De sa petite enfance effrayée, nous verrons ses peurs devenir fureur lors de son adolescence rebelle, puis résignation à l’âge adulte, où Eva deviendra une femme taciturne, peu sociable et renfermée sur elle-même.

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Pourtant, Eva ne baissera pas les bras ni ne se laissera abattre par cette faucheuse regardant constamment au-dessus de son épaule : elle se renseignera sur la mort sous toutes ses formes, toutes ses approches – scientifique, médicale, religieuse, philosophique, culturelle – pour mieux l’apprivoiser, vivre avec et en faire son compagnon de route… jusqu’à systématiquement s’offrir une visite des cimetières lors de ses voyages à l’étranger !

Finalement, ce livre extrêmement personnel se présente comme une sorte d’exutoire, de thérapie afin de mieux affronter sa sempiternelle peur de la mort ; exutoire qu’elle nous partage avec sincérité et justesse, pour une lecture aussi touchante qu’intéressante.

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* Plutôt mourir, de Eva Müller (Ed. Même Pas Mal)

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