Le festival Quai des Bulles fut une jolie occasion de se retrouver entre passionnés de bande dessinée, d’assister à de belles expositions autour du neuvième art, mais aussi de rencontrer des auteurs dans d’agréables conditions, et discuter tranquillement avec eux sur fond de mer et de ciel bleu…
…l’auteur du jour est Alfred, avec qui nous revenons sur l’ensemble de sa carrière, des poignants Pourquoi j’ai tué Pierre et Come Prima en passant par l’hilarant Atelier Mastodonte ou sa participation à l’épique fin du Donjon.
PaKa : Quelles sont tes premières lectures en bande dessinée ?
Alfred : Mes parents étaient des gros lecteurs de bande dessinée, alors quand j’étais petit, je lisais des choses qui étaient pas forcément destinées aux enfants, mais qui trainaient un peu partout à la maison et qui me tombaient donc régulièrement sous les yeux : des magazines comme Métal Hurlant, l’Echo des Savanes, Pilote…
Après, il y a aussi un univers auquel je suis pas sûr de tout comprendre au moment où je lis, mais qui va prendre petit à petit beaucoup de place, c’est celui du dessinateur Fred – avec entre autre Philemon, dont mon père est fan. Cet auteur a été une sorte de déclic inconscient pour moi. Ca fait partie des albums que je reprenais, reprenais, et reprenais dans la bibliothèque, et que j’ai toujours depuis cette époque-là.
Du coup, j’ai toujours baigné dans le dessin, et moi-même, j’ai toujours dessiné. C’est un truc qui depuis tout petit occupait déjà énormément de place et de temps dans mes journées, dans ma vie. J’étais un garçon relativement réservé et effacé, et du coup le dessin me permettait de raconter des choses que j’avais du mal à dire, et me permettait même d’en dire certaines à mes parents, en mettant des dessins sur les portes de chambres, tout ça… Le fait de raconter et de dire des choses avec des dessins, ça a toujours été très présent.
PaKa : Et aujourd’hui, tu lis encore de la BD ?
Alfred : Beaucoup, oui. Toujours.
Evidemment, mes lectures ont grandi en même temps que moi : il y a des choses que j’ai aimées lire quand j’avais 15 ans et qui ne me touchent plus du tout aujourd’hui. Pour citer quelques auteurs actuels que je suis, je dirais des gens comme Emmanuel Fior, Frederik Peeters, David Prudhomme, Rabaté… Ils sont quelques-uns, comme ça, dont le travail continue de me toucher depuis longtemps.
PaKa : Et qui sont de grands raconteurs d’histoires.
Alfred : Oui, c’est ça. Disons que la grande différence que je fais entre aujourd’hui et quand j’avais 15 ans, c’est qu’avant j’étais intéressé par les très bons dessinateurs quitte à ce que ce qu’ils racontent soit un peu secondaire, alors que maintenant, même si ce sont de très bons dessinateurs qui m’attirent, je suis plus touché par ce qu’ils ont à me raconter.
PaKa : Et toi, comment es-tu venu à la BD ? Tu avais une formation dans ce domaine ?
Alfred : Ah non, moi, je ne me suis jamais posé aucune question : j’ai toujours voulu faire de la BD. Comme je te disais : gamin, c’était déjà ça… et puis je me suis rendu compte qu’à l’âge de 12 ans je faisais déjà des fanzines, à 14 j’allais faire des festivals avec mes p’tits fanzine sous le bras, à 18 j’ai monté une mini structure de micro-édition, et puis à 20 je signais mon premier bouquin chez Delcourt ! C’est une espèce d’évidence.
Je saurais peut-être faire autre chose, j’en sais rien – j’ai du mal avec les gens qui disent : « je fais ça parce que je ne saurais pas quoi faire d’autre » – moi c’est juste que je ne me suis jamais posé aucune autre question que celle de raconter des histoires… et ça fait maintenant 20 ans que je raconte des histoires !
PaKa : Il y a pas mal d’années, j’ai eu l’occasion de découvrir ton boulot grâce à Abraxas. Charmé par le trait, je me dirige ensuite vers Pouquoi j’ai tué Pierre, sans connaitre le sujet, mais carrément attiré par cette couverture jaune pétard, ton trait rond, le gros bonhomme sympa… et en cours de lecture, bim : la claque ! Le décalage entre le dessin et le sujet était pensé dans le but de provoquer cette surprise ?
Alfred : J’essaye de faire en sorte que les livres que je fais soient des photographies les plus fidèles possible de la personne que je suis au moment où je les fais. Au moment où je suis en train de faire Abraxas, je suis un jeune-homme de 20 ans, avec une esthétique en tête, une envie graphique particulière qui correspond tout à fait à l’histoire qu’on a envie de raconter. Dix ans plus tard, je suis train de faire Pourquoi j’ai tué Pierre, et ce qui m’intéresse c’est de savoir qui je suis en ce moment, pourquoi je vais faire ce livre-là, et quel sens il a dans ma vie aujourd’hui… et au final, comment je peux essayer d’être le plus juste possible avec mon dessin pour porter cette histoire. Du coup, c’est lié du mieux que je peux à être le plus cohérent possible, quitte à ce que ça change d’un bouquin à un autre. Ce qui donne parfois des grands écarts.
D’une certaine manière entre Pierre et Come Prima, il n’y a plus grand-chose à voir.
PaKa : Ou même avec Je mourrai pas gibier, pour lequel tu adoptes déjà un style plus agressif, incisif.
Alfred : Oui, c’est encore autre chose parce que le récit demandait ça, une sorte de tension. J’avais voulu une espèce de trait à la fois très fin et fragile au stylo Bic, et en même temps, l’utiliser comme si c’était une espèce de poignard ou de lame de rasoir.
En gros, j’essaye de faire en sorte que chaque livre soit si possible cohérent avec ce que je suis.
Je ne me suis jamais défini comme un dessinateur virtuose : j’ai conscience que je ne le suis pas et c’est pas mon ambition, non plus. Des dessinateurs virtuoses, il y en a – comme Peeters, qui en est un – et j’adore être spectateur de ça chez les autres, mais en ce qui me concerne, moi, ça m’intéresse pas. Ce qui m’intéresse, c’est faire de la bande dessinée, et donc de raconter des histoires avec des dessins, et pour ça, je veux que mon dessin soit le plus proche possible de l’histoire, quitte à ce qu’il ne soit pas exceptionnel, du moment qu’il est juste.
Ca a développé chez moi une capacité à bouger un peu, à ne pas m’arrêter sur un truc et creuser un seul sillon, à me remettre en question sur ce que j’ai fais la veille pour me réadapter aujourd’hui. C’est un des trucs qui m’excite le plus dans le dessin.
PaKa : Et c’est là une de tes grandes qualités. Une autre qualité que l’on t’a découvert plus tardivement, c’est celle de scénariste, avec Come Prima : ton premier bouquin en tant qu’auteur complet. Il te fallait le temps de le laisser murir ?
Alfred : Oui, le premier sur lequel je suis seul, et qui vient sur le tard, c’est vrai.
PaKa : Même si le mot est un peu vulgaire, j’ai envie de le décrire comme une sorte de « best of » de ce que tu as fait avant : on y retrouve tes différents styles graphiques, tes talents de narrateurs, ta capacité à gérer les silences…
Alfred : Ha ha, c’est intéressant, ce que tu dis-là !
En tout cas, je savais pas que je ferai ce livre là un jour. C’est pas un bouquin que j’avais en tête depuis 15 ans en me disant « un jour ». Je me suis toujours investi dans l’écriture des histoires – même dans les collaborations avec Peyraud, David Chauvel, ou Olivier Ka – j’avais envie d’y amener les choses que j’avais à dire moi aussi ; en revanche, c’est bizarre, pendant très longtemps, j’avais l’impression que c’était pas dans l’écriture que je devais mettre mon énergie, mais qu’il fallait que je la concentre dans le fait de bien raconter l’histoire que me proposait mon scénariste.
Et puis à un moment, il s’est passé un truc, bête, simple : il y a six ans, je suis reparti vivre en Italie – d’où je suis originaire – avec ma fille qui venait de naître pour lui transmettre quelque chose que j’étais en train de perdre… une sorte de culture, de lien avec mes origines. Et à ce moment-là, j’ai commencé à noter tout ce qui me rattachait, moi, à l’Italie. Mais c’était des notes personnelles, pas du tout destinées à devenir un livre : j’envisageais pas ça comme ça. Simplement un carnet de choses notées pour moi, pour pouvoir faire une espèce de bilan : pourquoi j’étais pas revenu dans ce pays depuis si longtemps, pourquoi j’y revenais aujourd’hui avec un enfant… des choses comme ça. Et puis je me suis rendu compte qu’au fur et à mesure que je notais ces souvenirs, ces rêves, ces choses qui me rattachaient à ce pays, une espèce d’histoire était en train de se dessiner sous mes yeux et que, presque malgré moi, sans m’en apercevoir, j’étais en train d’écrire un bouquin.
Donc, là, j’ai commencé à piocher des choses pour en parler à David Chauvel, qui est éditeur chez Delcourt, et puis lui me dit : « bah oui, je crois qu’en fait là, tu tiens les premiers points d’un récit… vas-y ! »
Ca c’est fait sans pression sur l’intention de départ, et j’en suis ravi parce que j’étais en train de dessiner le troisième tome du Désespoir du singe, que j’envisageais derrière un autre livre avec tel auteur, et qu’il n’y avait pas d’urgence à écrire. Sauf que ça s’est présenté, et que c’est devenu une évidence.
PaKa : C’est sans doute pour ça que ce livre parait si naturel, qu’il se lit comme ça, d’une traite.
Alfred : Ouais, par contre, je l’ai fait de manière un peu chaotique, ce livre, je l’ai improvisé en partie. Après avoir écrit toute une trame, je me suis rendu compte que c’était pas ce que je voulais dessiner, que j’avais pas envie de connaitre le récit avant de le dessiner. Alors, j’ai mis le scénario à la poubelle pour repartir à zéro. Je voulais le découvrir en même temps que mes personnages, leur faire se poser des questions, sans forcément en avoir moi-même les réponses. Donc, j’ai commencé à faire ce truc-là un peu comme ça. Parallèlement, au même moment, j’ai démarré une analyse, ce qui m’a permis d’aborder des choses dont je parlais dans le livre, parce qu’il y est question de mon frère, de l’Italie, de mon père, de mes racines, de ma familles… Même si c’est une fiction, je suis allé piocher dans énormément de souvenirs très personnels pour raconter des choses qu’on a pu me dire, que j’ai pu dire, ou même que je ne réussis pas à dire dans la vraie vie, pour les faire dire finalement aux personnages, les faire évoluer là-dedans. Mon analyse a vraiment été une espèce de contrepoids permanent : j’abordais des choses dans les séances dont j’essayais de trouver des réponses dans la BD, et du coup, la BD me mettait face à une autre problématique, alors je retournais voir mon psy, etc… Ça a été une démarche un peu étrange, donc : une espèce de va et vient.
PaKa : A côté de ces choses très personnelles, tu t’es également inspiré du cinéma italien de la grande époque, non ?
Alfred : Ah oui, carrément ! C’est une imagerie que j’adore, des références que j’adore… Ma mythologie italienne, elle vient de ces années-là, comme pour beaucoup de gens, mais en plus, je vois des photos de mes grands-pères qui sont de cette époque-là, je repense aux souvenirs familiaux qui me sont racontés et qui sont de cette époque-là… Donc après, tout ce cinéma-là, je le colle forcément à des choses dont j’ai entendu parler à un repas de famille, avec ces images de films où Mastroianni ou Vittorio Gassman vont faire ceci ou cela, et où je vais me dire « ah oui, putain, je vois mon grand oncle qui racontait ces trucs avec toute cette gestuelle »… et quand tu vois un film avec Gassman, dans les années 50, tu te dis que ça devait être exactement ça !
Donc, tout ça, c’est une espèce de mythologie un peu large qui m’a toujours accompagné et qui s’est présentée assez naturellement quand j’ai voulu raconter ce récit. Et si, très logiquement, j’ai fait ces références au cinéma italien des années 50 – 60, c’est parce que c’est une imagerie italienne qui me parle, qui m’a bercé gamin, mais aussi qui parle aux français.
PaKa: Tous ces bouquins, aussi géniaux soient-ils, ne sont pas vraiment à classer au rayon « comédie », et pourtant, d’un coup, on te voit débarquer dans la bande de joyeux drilles de l’Atelier Mastodonte.
Alfred : Ha ha ! Oui ! Alors là, c’est un vrai contre-pied pour moi ! C’est arrivé d’une manière très simple : une invitation de Lewis. C’est lui qui a eu l’idée de cette série, de ce concept-là, même, et c’est lui qui un jour a envoyé un mail aux cinq autres premiers « fondateurs » en nous demandant si l’idée nous intéressait. Tout le monde à dit oui tout de suite, bien sûr, sauf moi qui hésitais vraiment : le jour où il m’a contacté, je lui ai dit que j’avais jamais fait de gag, ni même d’humour de ma vie, et il m’a répondu : « Bah essaye, et puis on verra bien ! »
C’est une des qualités énormes de Lewis, cette capacité de dire « je sais pas si t’en est capable, mais vas-y, essaye ». Alors, j’ai fait un premier strip qui était pas terrible, puis un deuxième où il m’a dit qu’ une mécanique se mettait en place, qu’il fallait que j’essaye de travailler là-dessus, et puis un troisième qui était mieux… et au quatrième, tout le monde a dit : « c’est bon, ça marche ! »
Et puis voilà, c’était parti, et maintenant j’en suis à 55 gags dans l’ensemble du projet !
J’en suis le premier surpris, et je m’amuse beaucoup : même si ça n’a rien à voir avec ce que j’ai l’habitude de faire, je prends un plaisir énorme. Et je remercierai jamais assez Lewis de m’avoir ouvert cette porte-là, parce que j’y serais jamais allé de moi-même.
PaKa : Mais vous vous connaissiez avant de lancer l’Atelier, non ? Parce que l’atelier n’existe pas, et pourtant vous arrivez à mettre en avant toutes les petites manies, tous les travers des uns des autres de manière assez extraordinaire !
Alfred : Oui, oui, on se connaissait déjà bien avant, et puis, d’une certaine manière, cet atelier il existe. En fait, on a un blog privé sur lequel on met nos planches en ligne pour que les autres puissent les lire et rebondir dessus, du coup virtuellement, il existe cet atelier. Tous les jours – plusieurs fois par jour, même – on s’envoie des messages, et donc, au final, on apprend à se connaitre encore plus, un peu comme si on était vraiment ensemble au quotidien.
Ce qui est intéressant, en plus, avec cet espèce de jeu d’autofiction, d’autobiographie caricaturée, c’est de voir ce que tu mets en avant de toi : parce que ça aussi ça se fait presque complétement à ton insu.
Alors, Lewis, lui ça va, il a son avatar depuis longtemps : en 25 ans, il a eu le temps de le roder, mais toi quand tu te crées un avatar, ce qui est intriguant, c’est de définir ce qui est censé être toi… Qu’est-ce que je mets en avant de moi, quel trait de caractère…?
Et puis ça se fait assez naturellement, et au bout de 5 ou 6 gags, tu t’aperçois qu’il y a une personnalité propre qui se dégage de ce personnage, et ça, ça m’a même troublé à un moment. D’ailleurs, dans les mois qui viennent, y a 2 ou 3 strips qui devraient passer dans Spirou où mon personnage regarde la planche qu’il vient de dessiner, et se dit : « Mais je suis qui, au fait ? »
C’est un truc assez étrange de voir ce que ce personnage est devenu au bout de 10 gags, de te dire que c’est toi, indéniablement, mais avec des traits grossis. Tu te dis : « j’suis un peu ça, et en même temps je ne suis pas que ça, alors pourquoi c’est ça que je mets en avant, pourquoi c’est cette place là que je prends dans l’atelier, dans le groupe… ? »
Ouais, c’est assez troublant, mais fascinant ! Et encore une fois, j’suis super heureux de faire ce truc-là, aux antipodes de ce que j’aurais imaginé faire.
PaKa : Et c’est grâce à l’Atelier Mastodonte que tu t’es retrouvé à dessiner un des deux ultimes Donjon ?
Alfred : Oui, dans la mesure où ça nous a rapproché avec Lewis, mais c’est quelque chose dont on avait parlé à l’époque où Donjon était encore publié très régulièrement. En fait, c’est moi qui étais venu lui dire que si un jour y avait une occasion, j’aimerais beaucoup faire un Donjon, et il m’avait répondu pourquoi pas, qu’il se le notait dans un coin de tête. Malheureusement, c’est tombé au moment où ils arrêtaient, ou Joann partait faire du cinéma, et où il y a eu cette longue pause de 4 ou 5 ans… Mais il s’en est souvenu quand-même, et au moment où ils ont décidé de relancer le truc, c’est lui qui m’a envoyé un mot en disant : « Ecoute, on relance Donjon, est-ce que t’es toujours partant ? Parce qu’on en a deux à faire, Mazan en dessine un, et si ça te dit, tu dessinerais l’autre ! »
PaKa : Encore une belle occasion !
Alfred : Oui, super ! Encore une fois ! En fait, j’ai énormément de chance, j’en suis conscient. Le truc, c’est que j’aime essayer d’être attentif aux imprévus et aux accidents, parce que c’est comme ça que j’aime imaginer mon métier et une partie de ma vie… de me dire que des choses qui étaient pas prévues la veille arrivent le lendemain, et viennent tout chambouler ! Et là, c’est le cas, avec Donjon, ça l’a été avec Mastodonte… et ça été le cas tous ces derniers temps ! Je pensais vraiment pas avoir quoique ce soit à faire sur un truc comme Mastodonte, et j’y prend un plaisir fou, et ça m’ouvre des choses dans la tête ; je pensais pas du tout prendre autant de plaisir à dessiner un Donjon, avec des dragons qui se combattent avec des armes et tout – même si j’en avais envie ! – et je me suis amusé comme un fou à faire ça ! Et du coup, j’ai limite plus envie, moi, maintenant, de partir sur des choses plus épiques, parce que y a des chouettes scènes de baston qui m’ont fait dire « Mais merde, moi, je pourrais partir sur ça ! », alors que j’aurais jamais pensé en être capable, ni même que ça m’intéresserait à ce point ! Alors oui, je suis extrêmement chanceux d’avoir ces occasions, et peut-être que c’est juste de savoir être disponible et attentifs aux accidents et aux imprévus, mais j’ai de la chance parce qu’ils sont chouettes mes imprévus !
PaKa : Et les prochains imprévus prévus ?
Alfred : Parmi les trucs sur lesquels je suis en ce moment et qui partent aussi de quelque chose d’improbable, ça fait deux ans que David Chauvel et moi on travaille avec Etienne Daho, sur un bouquin que le suit sur toute l’élaboration de son dernier disque, qui est sorti l’année dernière. On a commencé à le rencontrer alors qu’il écrivait encore les paroles des chansons, puis on l’a suivi sur la composition des morceaux, l’enregistrement en studio, la promo’, et maintenant la tournée. C’est de la bande dessinée, mais c’est surtout un livre un peu hybride, une sorte de carnet de voyage / making of / documentaire sur trois années de la vie d’un disque. Ça passe par le biais d’Etienne Daho, mais l’idée c’était vraiment de voir comment tu fais vivre un disque quand est une personne de ce niveau-là, le rapport à la création, au public…
Là, je pense avoir encore 6 mois de boulot dessus, parce qu’on continue de le suivre encore après la sortie du disque, pendant une grande partie de la tournée. Je suis le premier curieux de voir ce que va donner ce livre au final, mais encore une fois, c’est une super aventure.
PaKa : Et si tu avais une sorte de baguette magique qui te permettait de faire dire « oui » à n’importe quel éditeur, n’importe quelle collaboration, quel serait ton projet fou, le livre de tes rêves ?
Alfred : Si c’était une baguette magique ? On est d’accord, hein ? C’est-à-dire qu’on peut faire ce qu’on veut ? Ça serait un truc impossible, mais si vraiment je pouvais faire ce que je voulais avec ma baguette magique, j’aurais adoré que Fellini m’écrive un scénario ! Ou alors Hugo Pratt ! J’aurais adoré travailler avec une de ces deux personnes…!
PaKa : Eh bien, écoute, si je croise Fellini ou Hugo Pratt, je ne manquerai pas leur parler de toi !
Alfred : Ah oui, hein, t’hésite pas à leur dire !